Succès monstre d'une pétition anti-Charest

Les demandes de démission font vaciller le site Internet de l'Assemblée nationale

PLQ de JJC - Confiscation de l'État



Québec — Un raz de marée de clics suscité par une pétition réclamant la démission de Jean Charest a eu des effets sur le serveur informatique de l'Assemblée nationale hier en soirée. «Le serveur part, puis il revient. La pétition en est une des causes», a-t-on confirmé au Devoir hier à l'Assemblée nationale.
Lancée hier matin, la pétition reproche au premier ministre de refuser trois choses: d'abord «d'accéder à la demande populaire et des différents partis de l'opposition concernant la mise sur pied d'une commission d'enquête publique»; ensuite de proclamer un «moratoire sur les gaz de schiste» et enfin de négocier certaines «orientations» et mesures contenues dans le dernier budget. En conséquence, les signataires de la pétition «demandent la démission du député de Sherbrooke en tant que chef du gouvernement et premier ministre du Québec». Quelque 7000 noms étaient déjà inscrits en début d'après-midi; il y en avait plus de 32 000 vers 21h, un record depuis que l'Assemblée nationale propose ce moyen d'expression. Hier en soirée, les noms s'ajoutaient par milliers toutes les demi-heures.
En début d'année, une «pétition citoyenne» réclamant la tenue d'une commission d'enquête sur la construction et promue par le Parti québécois avait recueilli, en deux mois, 60 000 noms.
Celle qui réclame la démission de Jean Charest sera ouverte jusqu'au 15 février 2011. Elle a été lancée par un groupe se présentant comme le Mouvement citoyen national du Québec (MCNQ). Toute pétition électronique doit être parrainée par un élu; ici, c'est le député de Québec solidaire (QS), Amir Khadir, qui agit comme parrain. Le député qui joue ce rôle n'a pas à être d'accord avec la pétition ni l'appuyer, a-t-on précisé hier. Mais, dans le cas présent, l'entourage d'Amir Khadir a rappelé que l'unique député QS, dès le mois de mai, avait réclamé en chambre que Jean Charest «déclenche une commission ou qu'il donne sa démission». La pétition avait été envoyée à plusieurs députés et seul M. Khadir a accepté de l'appuyer.
«Les gens sont tannés»
Celui qui a eu l'idée de la pétition, Steve Brosseau, a attribué ce résultat au ras-le-bol de la population envers le bilan des derniers mois du gouvernement. Préposé aux bénéficiaires de 36 ans, il a déclaré, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne: «C'est clair que, dans mes livres à moi, je ne suis pas tout seul à avoir eu ce "feeling"-là et, comme je l'ai dit, les gens sont tannés de subir et ils veulent s'unir.»
M. Brosseau n'a pas fixé d'objectif, mais il a affirmé qu'il serait satisfait si la pétition atteint 50 000, 100 000 noms ou même davantage durant la période de trois mois où elle sera accessible en ligne.
«Plus on va avoir de membres [sic], plus ça va représenter la grogne populaire, plus ça va prouver qu'un simple citoyen peut changer la donne, peut changer les choses, a-t-il dit. C'est pas vrai que le Québécois est né pour subir les attaques répétées d'un gouvernement sans scrupules.»
Lendemain de conseil général
Paradoxe, la pétition fut lancée au lendemain d'un conseil général du PLQ à Lévis et où la formation politique avait refusé de débattre de l'opportunité de tenir une commission d'enquête. Un militant libéral de Groulx, Martin Drapeau, a proposé un débat sur la question, mais aucun coproposeur n'a daigné l'appuyer. En 2006, M. Drapeau avait appuyé une résolution controversée remettant en question le projet du gouvernement de privatisation du mont Orford, présentée par Jean-Guy Dépôt, un militant libéral de longue date. Joint hier par téléphone, M. Dépôt s'est dit «déçu, mais pas nécessairement surpris» par l'attitude des militants du PLQ à l'égard de M. Drapeau. «Je l'aurais secondé si j'avais été là», a-t-il confié, mais il soutient que, depuis ses combats contre le projet du Suroît et contre la privatisation du mont Orford, le PLQ le tient à l'écart «même si j'en suis toujours membre», a-t-il soutenu. M. Dépôt estime qu'il aurait été sain que le Parti discute publiquement de cette question même si, personnellement, il se dit opposé «pour l'instant» à la tenue d'une commission d'enquête. «Ce sont de gros spectacles. Et ce n'est peut-être pas la façon la plus productive d'emmener les gens devant les tribunaux.»
Mise en demeure
Par ailleurs, le premier ministre a annoncé hier qu'il avait fait parvenir une mise en demeure au chef de l'ADQ, Gérard Deltell. Le document enjoint à M. Deltell de se rétracter avant 17 heures aujourd'hui pour avoir qualifié Jean Charest de «parrain» du Parti libéral. Depuis dimanche, M. Charest souligne au caractère gras que le terme controversé se trouvait dans le texte écrit du discours prononcé par le chef adéquiste lors du IXe congrès de l'ADQ à Granby. Par conséquent, laisse-t-il entendre, l'insulte était préméditée. La mise en demeure est signée par l'avocat André Ryan, le même qui a représenté Jean Charest à la commission Bastarache et qui le défend contre l'ancien ministre de la Justice Marc Bellemare. Dimanche et hier, M. Deltell avait refusé de s'excuser pour ses propos et avait précisé qu'il parlait du parrain de la «famille libérale» et non du crime organisé.
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Avec La Presse canadienne


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