Sondage Léger: la place du français se dégrade, jugent les Québécois

2b3c6f813002e723d381e7c8dcf25ec1

Nous constatons tous le déclin du français


Plus de 40 ans après l’adoption de la loi 101, une majorité de Québécois francophones sont inquiets quant à l’avenir de leur langue et estiment que la place du français s’est détériorée au cours de la dernière décennie.     


Un sondage Léger mené pour le compte de la Fondation pour la langue française, et dont Le Journal a obtenu copie, révèle que six Québécois sur dix sont préoccupés par la place du français.     


Cette proportion grimpe à 70 % au sein de la majorité francophone.     


En 1977, le père de la loi 101, Camille Laurin, souhaitait que sa célèbre pièce législative «répare, redresse et redonne confiance» aux Québécois.     


Or, 42 ans plus tard, force est d’admettre que l’inquiétude des Québécois francophones demeure vive à l’égard de leur langue, constate le sondeur Jean-Marc Léger. «La situation du français se dégrade. C’est ce que les Québécois pensent», analyse-t-il.     





«Il faut faire la différence entre la perception et la réalité, explique M. Léger. Mais la perception, c’est que le français reste fragile.»     


Les Québécois sont par ailleurs convaincus que le déclin du français se poursuivra au cours de la prochaine décennie, selon les données du sondage.     


Écart générationnel     


Le coup de sonde révèle une disparité générationnelle importante à l’égard de la situation du français.     


Si la ferveur pour défendre la langue est bien présente chez les 55 ans et plus, elle s’amenuise chez les plus jeunes.     


«Les baby-boomers sont très préoccupés par la langue française, et ça va mal [selon eux], dit Jean-Marc Léger. Chez les jeunes, la préoccupation est là, mais pas au même niveau que les autres. Le clivage est important», note-t-il.     


L’affaire de tous     


Une part importante de Québécois estiment que la pérennité du français est l’«affaire de chaque citoyen».     


La moitié des répondants jugent que le fait d’exiger d’être servi en français dans un commerce constitue d’ailleurs une manière efficace de protéger la langue.


Même si le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, doit prochainement donner plus de mordant à la loi 101, seul un tiers des Québécois juge que l’amélioration de la situation passe d’abord par des actions gouvernementales.     


«Le citoyen dit “le gouvernement a fait son job, c’est à nous autres de faire la suite”», explique Jean-Marc Léger.     


Ce sondage a été effectué dans la foulée d’un événement organisé par la Fondation pour la langue française qui aura lieu ce soir, à Montréal, et qui sera présidé par l’ex-première ministre Pauline Marois.     


L’anglais gagne du terrain     




Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a récemment promis de nouvelles mesures pour protéger le français.

Photo JEAN-FRANCOIS DESGAGNES



Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a récemment promis de nouvelles mesures pour protéger le français.




Comparativement à il y a 10 ans, est-ce que vous vous faites aborder plus souvent, aussi souvent ou moins souvent en anglais ?  


Plus souvent | Aussi souvent | Moins souvent | NSP / Refus  


Dans les commerces    



  •  29 %  

  •  40 %  

  •  23 %    

  •  8 %   


  


Dans la vie de tous les jours    



  •  28 %  

  •  41 %  

  •  23 %    

  •  9 %   


  


Au travail    



  •  20 %  

  •  34 %  

  •  20 %    

  •  27 %   



Ça va de mal en pis     


Selon vous, est-ce que la situation du français au Québec est actuellement meilleure, pareille ou moins bonne qu’il y a dix ans ?   



  •  Est meilleure: 11 %  

  •  Est pareille: 29 %  

  •  Est moins bonne: 56 %      

  •  NSP / Refus: 4 %   


La situation du français est moins bonne qu’il y a dix ans juge 65 % des francophones  


Selon vous, est-ce que la situation du français au Québec sera, dans dix ans, meilleure, pareille ou moins bonne qu’actuellement ?   



  •  Est meilleure: 8 %  

  •  Est pareille: 29 %  

  •  Est moins bonne: 56 %      

  •  NSP / Refus: 7 %   


Chez les francophones, ils sont 64 % à penser que la situation du français sera moins bonne  


Vous sentez-vous très préoccupé, assez préoccupé, peu ou pas du tout préoccupé par l’usage du français dans l’espace public ?  


 Très préoccupé(e): 26 %  


 Assez préoccupé(e): 36 %   



  •  62 %   



 Peu préoccupé(e): 21 %     


 Pas du tout préoccupé(e): 15 %        



  •  36 %      



 NSP / Refus: 2 %  


La proportion de gens préoccupés par l’usage du français dans l’espace public grimpe à 70 % chez les francophones.  


  


Aux citoyens d’agir   


 C’est l’affaire de chaque citoyen: 58 %  


 La responsabilité du gouvernement: 32 %  


 NSP / Refus: 10 %  


  


 Quel(s) geste(s) ou action(s) seriez-vous prêt à poser pour assurer une meilleure protection et promotion du français ?   



  • Exiger, dans un commerce, d’être servi en français: 53 %      

  •  Boycotter une compagnie ou un commerce qui ne respecte pas la langue française: 37 %      

  •  Voter pour un parti politique qui fait de la protection et de la promotion de la langue française une de ses priorités: 37 %      

  •  Signer une pétition demandant une meilleure protection de la langue française: 31 %      

  •  Dénoncer, à l’Office québécois de la langue française, une situation où la langue française n’est pas respectée: 28 %      

  •  Dénoncer, sur les médias sociaux, une situation où la langue française n’est pas respectée: 22 %      

  •  Participer à une manifestation réclamant une meilleure protection de la langue française: 9 %      

  •  Aucun de ces gestes/actions: 30 %            



 Méthodologie  


♦ Un sondage web a été réalisé du 8 au 11 novembre 2019 auprès de 1008 Québécois(es), âgé(e)s de 18 ans ou plus et pouvant s’exprimer en français ou en anglais.    


♦ À l’aide des données de Statistique Canada, les résultats ont été pondérés selon le sexe, l’âge, la langue maternelle, la région, le niveau d’éducation ainsi que la présence d’enfants dans le ménage, afin de rendre l’échantillon représentatif de l’ensemble de la population à l’étude.    


♦ À titre comparatif, la marge d’erreur maximale pour un échantillon de 1008 répondants est de + ou - 3,1 %, et ce, 19 fois sur 20.