La réouverture de la loi 101 n’est plus exclue par le premier ministre François Legault qui vient de confier le dossier la langue française au ministre Simon Jolin-Barrette.
« On ne l’exclut pas à ce moment-ci, a répondu M. Legault en conférence de presse mercredi. Ça fera partie des réflexions de Simon. »
« On va examiner, mais la grande priorité au Québec, si on veut promouvoir et protéger le français, c’est la francisation des immigrants et c’est là-dessus qu’on va se concentrer d’abord », a-t-il ajouté.
Le ministre Simon Jolin-Barrette a hérité de nouvelles responsabilités en plus de conserver celles qu’il cumulait déjà. Celui qui dirige le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, en plus d’être le leader parlementaire du gouvernement, devient ministre responsable de la Langue française et ministre responsable de la Laïcité et de la Réforme parlementaire. Joueur important du gouvernement Legault, le jeune ministre a mené à terme deux projets de loi majeurs avant la relâche estivale, soit celui sur la laïcité de l’État et celui sur la réforme de l’immigration.
« En campagne électorale, la CAQ avait promis d’être un gouvernement nationaliste, a affirmé le premier ministre François Legault. Pour moi, être nationaliste, c’est d’abord fondé sur trois piliers: la langue française, la culture et la laïcité de l’État. »
La Loi sur la laïcité de l’État étant en vigueur depuis juin, M. Legault a dit vouloir s’attaquer aux deux autres piliers.
Le dossier de la langue française relevait de la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, qui a essuyé des critiques au cours des derniers mois. Il ne s’agit pas d’une rétrogradation, selon le premier ministre. « D’abord, c’était prévu comme ça, a soutenu M. Legault. Quand on a formé le gouvernement, on s’est posé la question “est-ce qu’on met ensemble tout de suite comme prévu l’immigration et la francisation?”. Il y aurait eu des ajustements importants à faire du côté des fonctionnaires. » Le gouvernement avait également choisi de prioriser le dossier de la laïcité.
« Deuxièmement, moi, j’ai l’intention d’en faire deux dossiers importants, a-t-il ajouté. Le gouvernement de la CAQ, c’est un gouvernement qui est nationaliste, et la culture et la langue française sont deux dossiers sur lesquels je souhaite qu’on pose des gestes forts. »
Les Québécois doivent s’attendre à « quelque chose d’ambitieux en culture », a-t-il fait valoir en citant la situation financière enviable du gouvernement. Il pourrait donc y avoir de nouveaux investissements dans des immobilisations.
Pourtant, M. Legault disait dans un entretien avec Le Devoir le 26 juin dernier que la ministre Nathalie Roy conserverait ses responsabilités dans la défense et la promotion de la langue française et qu’elle avait même « un rôle à jouer dans la partie francisation [des nouveaux arrivants] ». « Doit-on prévoir un transfert de dossier de Mme Roy à M. Jolin-Barrette? » lui avait alors demandé Le Devoir. « Non. Non. Non », avait répondu le premier ministre.
Le PQ veut davantage que le « service minimum »
Le transfert de la responsabilité de l’application de la Charte de la langue française de Nathalie Roy à Simon Jolin-Barrette est uniquement une opération « marketing », estime le chef parlementaire du Parti québécois (PQ), Pascal Bérubé. « Changer de titulaire, c’est surtout un aveu que ça ne fonctionnait pas », a-t-il fait valoir en marge du caucus présessionnel du PQ à Salaberry-de-Valleyfield, mercredi.
Depuis près d’un an, l’équipe de François Legault n’offre que le « service minimum » de ce qui est attendu d’un « gouvernement nationaliste », a déploré M. Bérubé. « [Les caquistes] veulent apparaître comme des nationalistes. »
Le chef du troisième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale presse le gouvernement caquiste à mettre en œuvre des « mesures musclées » afin de protéger et de promouvoir la langue française, notamment d’assujettir les entreprises de moins de 50 employés ou encore les entreprises dont les activités sont de compétence fédérale à la loi 101. « C’est les résultats qui comptent », a fait valoir M. Bérubé dans une mêlée de presse. « Est-ce qu’une loi sera déposée cet automne pour améliorer la loi 101? » a-t-il demandé par médias interposés. « Le vrai test, il est là. »
Par ailleurs, M. Bérubé trouve curieux d’entendre M. Legault mentionner que son gouvernement nationaliste s’appuie sur trois piliers: la culture, la langue et la laïcité. « La laïcité, ce n’est pas un enjeu identitaire, en tout cas pas pour nous », a lâché le chef parlementaire péquiste.