Signes religieux: douloureuse remise en question au PLQ

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Le PLQ parviendra-t-il à redevenir un parti minimalement canadien-français ?

(Québec) Le Parti libéral du Québec (PLQ) remet en question sa position sur la laïcité, ce qui provoque des déchirements internes.


Bien que les élus de Québec solidaire se disent tous à l'aise de défendre la recommandation phare de la commission Bouchard-Taylor sur l'interdiction... »


Le projet de loi qui interdira le port de signes religieux aux employés de l'État en position d'autorité, ce qui inclut les enseignants, « ne passera... »



Alors que le parti s'y est farouchement opposé pendant 10 ans, l'idée d'interdire le port de signes religieux chez les policiers, les gardiens de prison, les procureurs de la Couronne et les juges, comme le recommande le rapport Bouchard-Taylor, fait son chemin, soutiennent des députés.



Demain, lors de la réunion du caucus du PLQ pour préparer le retour en Chambre le 5 février, la députée Hélène David, porte-parole en matière de laïcité, présentera différents scénarios sur la position à adopter concernant le port de signes religieux. La recommandation de la commission Bouchard-Taylor en fera partie et a la faveur de nombreux députés, témoignent des élus sous le couvert de l'anonymat. Le sujet fera l'objet d'un débat de deux heures, selon l'ordre du jour.


 



Deux camps s'affrontent. L'un milite pour prendre les moyens de se rapprocher de l'électorat francophone. Adopter la recommandation de Bouchard-Taylor, qui cible strictement les agents de l'État ayant un pouvoir de coercition, serait susceptible d'atteindre cet objectif, selon lui.



Ce serait également une position raisonnable, un signal d'ouverture au compromis prouvant que le parti tire des leçons de la défaite, plaide-t-on.



L'autre camp réclame le maintien du statu quo. Il accuse ses opposants de renier une valeur libérale fondamentale, à savoir la protection des libertés individuelles. Selon lui, le parti doit s'en tenir à la loi qu'il a fait adopter en 2017 et selon laquelle les services publics doivent être donnés et reçus à « visage découvert ». Rappelons que cette disposition est contestée devant les tribunaux.



Consultations



Hélène David a mené des consultations au cours des dernières semaines au sein du PLQ. Le président de la commission des communautés culturelles, Mohammed Barhone, a participé à l'une des rencontres. S'il est lui-même opposé à la recommandation du rapport Bouchard-Taylor, il dit constater qu'un « consensus » paraît possible au parti autour de cette idée. Il serait prêt à se rallier pourvu que ce repositionnement soit accompagné de positions plus fortes pour améliorer l'intégration en emploi des nouveaux arrivants. Selon lui, il serait temps de mettre au pas les ordres professionnels pour qu'ils reconnaissent davantage les acquis et les diplômes des travailleurs venus de l'étranger.



Candidat dans Taillon aux dernières élections, Mohammed Barhone avait dû s'excuser durant la campagne pour avoir accusé la Coalition avenir Québec de vouloir faire le « nettoyage de l'immigration ».



Le chef intérimaire du PLQ, Pierre Arcand, se contente de confirmer que l'enjeu de la laïcité fera l'objet d'un débat à la réunion du caucus. « La position traditionnelle que nous avions depuis toujours, c'est qu'on était allé le plus loin qu'on pouvait aller légalement » avec la loi adoptée en 2017, souligne-t-il.



Il est possible selon lui que les députés ne tranchent pas la question à l'occasion du caucus. Une position pourrait n'être officiellement adoptée qu'au moment du dépôt du projet de loi du gouvernement Legault. Ce dernier veut interdire le port de signes religieux non seulement aux agents coercitifs de l'État, mais aussi aux enseignants.




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