Semaine de m...

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Couillard en a plein les bottes





Il aura beau être reposé et bien bronzé, le premier ministre ne sera pas content quand il fera sa revue de presse en revenant de vacances, lundi.


Je suis la politique depuis longtemps et je ne me souviens pas d’avoir vu un gouvernement jongler avec autant de patates chaudes pendant l’intersession.


Habituellement, la première semaine complète après les fêtes, ça tourne mollo dans les cabinets. On met de l’ordre dans nos affaires; un retour de téléphone qu’on avait négligé avant Noël se rappelle à nous; on se place une couple de dîners; on prend de l’avance dans nos choses en prévision de l’arrivée du boss: hi ha!


Retour brutal


Ça ne s’est pas passé comme ça, pour les libéraux, cette année.


La séquence est la suivante:

— Elle commence lundi, avec la CAQ qui houspille le gouvernement pour avoir fait deux gagnants à vie et le chef du PQ qui picosse sur Facebook à propos de l’embauche, par TransCanada, d’un militant libéral en vue.


— Ça se poursuit mercredi, alors qu’on apprend que 250 fermes laitières ont fermé leurs portes l’an dernier au Québec, que des fraudes sont survenues dans des garderies privées, enfant chéri du PLQ, puis que la fermeture d’une maison de désintoxication suivant des coupes à l’aide sociale fait la manchette. 


— Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, une rencontre restreinte avec des représentants de l’industrie minière place le ministre Pierre Arcand sur la sellette.


— Sur fond d’inquiétude dans la famille libérale quant à la tenue économique du gouvernement, on raconte également que, fait rare, il y a de la grogne dans le caucus à propos de la volte-face effectuée par Philippe Couillard dans le dossier d’Anticosti.


— On est toujours mercredi lorsqu’on constate que le registre québécois des armes à feu divise aussi la députation ministérielle.


— Puis, comme une semaine n’est jamais complète au gouvernement sans que David Heurtel attrape l’air fou, c’est la dilapidation des sommes de l’imposant Fonds vert qui le met dans l’embarras.


Tout ça en six jours... Woah! Y a quand même quelque chose de spectaculaire dans pareille séquence...

Ha, j’oubliais... Y a même des Anglos qui ont exigé la tête de François Blais. Quand on dit que le diable est aux vaches!

Mais bon, heureusement pour le PLQ, il y a encore des gens qui meurent...


Ça arrive comment?


«Comment vous avez fait pour l’échapper autant?» pourrait avoir envie de demander le premier ministre, à qui on répondra peut-être qu’il est l’avant-dernier, avec Robert Poëti, à rentrer de vacances.


Ça s’explique de plusieurs façons.


D’abord, la CAQ et le PQ étaient manifestement mieux préparés au retour.


Ensuite, c’est normal et on s’y attendait, les effets de l’austérité finissent par se faire sentir. La fermeture de Mélaric, c’en est un exemple.


Aussi, les journalistes, quand tu ne leur donnes pas de nouvelles, ils s’en trouvent, les sacripants, comme des nominations accordées avant les fêtes. Des histoires comme celle sur le Fond vert, c’est le fruit d’un authentique travail de recherche de mon collègue Charles Lecavalier. C’est dur de travailler sur ce genre de trucs lorsque le gouvernement t’occupe.


Finalement, on commence à percevoir les effets de l’étrange greffe de Philippe Couillard et de son entourage sur le Parti libéral, compliquée par leur manque d’intelligence émotionnelle. Les libéraux peuvent pardonner à quelqu’un de ne pas venir du sérail. Quand tu abîmes la marque économique avec des sorties sur Anticosti et que tu ne fais pas de catinage avec le caucus, ils sont moins indulgents.


Bref, le PLQ, fait rare, est mal bridé par son chef.


Au plus mauvais moment


Autre explication et éventuelle complication, un remaniement est attendu.


Mon collègue «spin doctors» Jonathan Trudeau vous a très bien expliqué ce que cela peut causer comme stress dans les officines.


Procéder à un remaniement, c’est toujours quelque chose de compliqué. Si ça survient en plus alors que le gouvernement se fait brasser – et que ça lui gargouille déjà dans l’estomac –, ça devient rapidement très pénible.


On s’attend à ce que Philippe Couillard bouge à son retour de Milan, le 26 janvier.


S’il peut faire autrement et agir avant son départ, le 20, il devrait y penser. Il sort de ce qu’on n’hésite pas à nommer «une semaine de marde» en politique et l’action n’a même pas tout à fait repris. Demeurer dans cet état de tension pour encore une douzaine de jours, ça s’appelle jouer avec le feu. Quelqu’un va finir par se blesser.


À moins que les stratèges libéraux ne se disent qu’après tout, ces crisettes, il n’en restera pas grand-chose rendus aux élections.

Ils n’auraient peut-être pas si tort que ça... 


**MISE À JOUR - VENDREDI 14 h **


La semaine difficile du PLQ ne semble pas terminée:


- Le conjoint de la ministre Stéphanie Vallée démissionne de son poste de régisseur à la Régie du logement, où le gouvernement l’avait nommé à l’automne.


- Un comptable s’est fait signifier 11 constats d’infraction par le DGEQ pour du financement destiné au PLQ.


Décidément... 



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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.





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