Sans un néo « baby-boom », le projet d'un Québec souverain est-il mort-né ?

Québec français


*Pour comprendre ce débat, il est suggéré de visiter www.vigile.net du samedi 26 août 2006

Au cours de la campagne référendaire de 1995, Lucien Bouchard, alors chef du Bloc québécois et tête d'affiche du clan souverainiste, avait affirmé à ses risques et périls que le peuple québécois de souche francophone ne se reproduit pas en nombre suffisant pour assurer sa survie à long terme.

Il s'en est fallu de peu à l'époque pour faire dérailler la campagne du camp du Oui : une levée de boucliers impressionnante, surtout de groupes féministes, n'allait surtout pas se faire dicter la morale par Lucien Bouchard. Depuis le sujet de la décroissance démographique revêt quasiment un caractère tabou au Québec.
Si Lucien Bouchard a présenté maladroitement cette idée dans la forme, en substance il avait touché une vérité; il avait fondamentalement raison.
Posons-nous la question franchement, honnêtement et sans faux-fuyant, en ayant en perspective le Québec de 2076* : le Québec, une nation francophone et souveraine pour qui au juste ? Ce n'est pas la première fois que j'évoque la question. Le dramaturge, essayiste et poète Jacques Godbout publiait récemment dans la revue L'Actualité*, une réflexion qui fait couler beaucoup d'encre ces jours-ci. Comme quoi la sensibilité de certaines et certains à propos de la question démographique est à fleur de peau. Mais tant s'en faut, le problème, lui, est réel et si personne n'a le courage de l'affronter, alors les prophéties de malheurs annoncées par Jacques Godbout risquent d'avoir un fondement incontestable.
Les Jean-François Nadeau, Claude Jasmin, Carl Bergeron, Michel Venne, dont les réactions furent publiées sur Vigile.net, font partie de ce groupe de résistants face à la réalité qui crève l'œil de tout observateur lucide et clairvoyant. Tous, sans exception, s'en prennent au fatalisme de l'analyse de Godbout sans pour autant vouloir regarder des faits qui parlent d'eux-mêmes : le taux de naissance depuis une bonne vingtaine d'années au Québec en regard du taux de mortalité est insuffisant pour assurer la survivance du fait français face à la mer anglophone qui nous entoure en Amérique du Nord. Autre réalité : une bonne partie de l'immigration au Québec n'est pas de souche francophone, et la plupart de ces ressortissants allophones ne manifestent pas le désir réel de faire du français leur langue usuelle tant à l'école, au travail qu'à la maison.
J'ignore où les détracteurs de Godbout ont appris leur mathématique, mais que l'on le veuille ou non, l'équation à long terme montre assez significativement une disparition graduelle et quasi complète du fait français dans les grands centres urbains québécois, surtout à Montréal. Une simple ballade à pieds dans les rues du centre-ville montréalais en pleine heure d'affluence est suffisante pour s'en convaincre.
[Claude Jasmin->1671] affirme que :
« Godbout annonce donc la fin (solution finale) de la québécoiserie et donne même une date précise : 2076 ! Seigneur ! Nous sommes du même âge, Jacques et moi, mais voyant tous ces jeunes adhérer à l'indépendantisme avec le jeune chef André Boisclair, voyant aussi - un exemple entre plusieurs autres - la nouvelle fougue patriotique des jeunes rédacteurs du mensuel Le Québécois, son verdict de mort annoncé, comme dirait l'humoriste, « c'est nettement exagéré ». J'ai grande confiance dans les jeunes générations pour poursuivre l'essentiel combat d'un coin d'Amérique du Nord tout en français. Quelle mouche l'a piqué ? » - Le Devoir, 23 août 2006.
Cette mouche, monsieur Jasmin, est celle du réalisme. Les jeunes auront beau adhérer au projet souverainiste de la manière la plus intense et convaincue qui puisse être, il n'en reste pas moins que les lois mathématiques que j'évoquais plus haut ne mentent point.
Parlant du PQ et de son chef André Boisclair, puisque le projet souverainiste est actuellement promu et alimenté par cette formation politique, il faudra bien un jour où l'autre que la direction de ce parti se penche sur cette réalité de manière un tant soit peu sérieuse.
Même si Lucien Bouchard et Bernard Landry ont convenu à leur époque respective que la démographie québécoise est déficiente, aucune mesure véritablement incitative à un « baby-boom » phase II ne fut proposée sous l'un ou l'autre des gouvernements qu'ils ont dirigés. Pourtant, le projet souverainiste, lui, n'a jamais cessé d'exister, bien au contraire !
Alors que cette question fait à nouveau couler de l'encre depuis la parution de la réflexion de Jacques Godbout et des réactions que celle-ci provoque, il est temps à mon avis que le PQ regarde cette problématique en face. Devant un problème réel vaut mieux prendre le taureau par les cornes.
Le manifeste pour un « Québec Lucide » tient son fondement essentiel dans le déclin démographique, pour ensuite proposer des mesures économiques draconiennes, que j'ai déjà qualifiées dans le passé « d'acide », tant il est clair que ma génération post « baby-boom » va se faire laver et vider les poches dans le but de payer la dette laissée par la première génération des « baby-boomers ».
Un véritable néo « baby-boom » au Québec assurera non seulement le fait français au Québec, mais solutionnera également au plan économique, dans vingt à trente ans, grâce à des payeurs d'impôts en nombre suffisant et actifs sur le marché du travail, le problème de la dette évoqué dans le document des « lucides », sans que la génération actuelle ne soit littéralement égorgée par un pouvoir d'achat déjà bien mince par les temps qui courent.
Une élection générale s'annonce dans la prochaine année, à peu près tous les observateurs politiques s'entendent sur cela. Pour convaincre les esprits clairvoyants du sérieux du projet souverainiste, la plate-forme électorale du PQ devra comporter des mesures incitatives visant à provoquer un nouveau « baby-boom » durable au Québec. Et s'il venait à prendre le pouvoir subséquemment aux prochaines élections, les premières mesures d'un nouveau gouvernement péquiste, s'il veut démontrer son sérieux face au projet de pays du Québec, devront être l'application des mesures annoncées dans cette plate-forme électorale.
Une croissance démographique exponentielle québécoise est désormais une condition sine qua non du projet souverainiste.
Et il faut y voir avant que la tendance actuelle ne devienne irréversible.
Normand Perry
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Philosophe et
_ chroniqueur à [www.quebec-politique.com->www.quebec-politique.com]

Les Coteaux, Qc

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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projets plein la tête et des rêves à réaliser.

Après avoir obtenu un premier diplôme universitaire en philosophie au milieu des années ’90, Normand Perry débute sa vie publique comme pamphlétaire, exprimant ses opinions librement, ces dernières étant publiées régulièrement dans les journaux régionaux, les quotidiens et divers sites Web.

Depuis avril 2004, il travaille chez [Soleil communication de marque->http://www.soleilcom.com/], agence de publicité montréalaise, où il est au développement des affaires, en veille stratégique et aux relations publiques.

Depuis juillet 2010, il s’est vu confié un projet radiophonique à [l’antenne de Radio Ville-Marie->http://www.radiovm.com/index.aspx] où il conçoit, réalise, anime et supervise le montage d’une émission portant sur l’orthodoxie chrétienne au Québec : [Voix Orthodoxes->http://www.voixorthodoxes.org/].

Sa plume va le conduire en politique active.

Après s’être fait connaître comme pamphlétaire à partir du début des années 2000 dans sa région du Suroît, il se fait remarquer, et on lui propose la présidence de circonscription au Parti Québecois dans Soulanges au début 2005. Suite à la démission inattendue de Bernard Landry en juin 2005 comme chef de cette formation politique, Normand Perry appuie d’emblée la candidature de Louis Bernard tout en s’opposant farouchement à l’élection d’André Boisclair. Lorsque ce dernier remporte la chefferie du PQ en novembre 2005, Normand Perry démissionne de sa présidence et quitte le PQ sur-le-champ.

A l’automne de la même année il se fait élire au conseil municipal à Les Coteaux dans la circonscription de Soulanges au Québec. Il se voit confier notamment les responsabilités du comité des loisirs, où conçoit et implante un programme de subvention à l’activité sportive pour les jeunes; il occupe la vice-présidence du HLM, il aussi responsable de la sécurité publique et participe activement à la fondation de la Régie inter municipale des Pompiers du Lac-St-François (fusion des services des incendies de Les Coteaux et St-Zotique).

Lors de la création du nouveau parti politique Québec solidaire en février 2006, il en devient membre et participe au congrès de fondation à Montréal. Il se porte candidat aux élections provinciales de mars 2007 pour cette formation politique dans la circonscription de Beauharnois.

Après ces quelques années en politique active, il poursuit son œuvre de réflexion pamphlétaire, notamment sur le [Blogue de Normand Perry->http://normandperry.blogspot.com/] tout comme sur Vigile et bien d’autres médias québécois





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