Risques de déraillements

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Devant la surenchère fédéraliste de Couillard, Legault réplique : « Pour moi, c'est Québec d'abord. »

À Cap-Rouge jeudi matin, en pleine première conférence de presse de François Legault, un train passe sur le Tracel.


Du haut de l’imposante structure, le conducteur lance la main et actionne le klaxon de la locomotive, interrompant le chef caquiste, qui lance sur-le-champ : « C’est le train du changement qui arrive ! »


Train rouillé


J’en ai publié la vidéo sur Twitter. Réplique narquoise instantanée de lecteurs non caquistes : « Un vieux train rouillé incarnerait le changement ? [...], image fort révélatrice », écrit l’un d’entre eux.


Un détail semble avoir échappé à plusieurs : le train était du CN, « Canadien National ».


Permettez une autre métaphore facile ? Le rapport au « canadien » et au « national » seront pour M. Legault deux sujets « Voldemort », dont il refusera de parler. Et que ses adversaires feront tout pour les lui rappeler.


L’amour du Dominion


Philippe Couillard sortait à peine du bureau du lieutenant-gouverneur qu’il attaquait Legault sur ce front, soulignant que ce dernier « n’a jamais dit qu’il aime le pays. Il est juste “OK” avec le Canada... Ce n’est pas assez pour moi ».


Voilà une situation inédite : un chef libéral exige qu’un autre chef de parti clame son amour inconditionnel pour le Canada, en pleine élection québécoise !


Le chef caquiste ne semble pas jusqu’à maintenant vouloir relever le défi piégé lancé par Philippe Couillard.


L’aspirant premier ministre devra toutefois préciser quel est son rapport au Dominion.


Il n’a pour l’instant donné que des indices. Reprendrait-il la formule clé des Couillard et Fournier, « Québécois, notre façon d’être canadiens ».


À cette question, M. Legault a répondu : « Non. Pour moi, c’est le Québec d’abord. Mais c’est très clair, c’est un Québec qui reste dans le Canada [...]. On est un parti nationaliste, on veut aller chercher des pouvoirs à Ottawa en matière d’immigration et de langue. »


Double tranchant


Du reste, si le sujet est piégé pour M. Legault, il l’est aussi pour M. Couillard.


La CAQ ne compte pas que des anciens péquistes. Hier, j’ai croisé l’ancien député libéral de Vanier (1985-1994), Jean-Guy Lemieux : il est directeur de campagne de la candidate caquiste Svetlana Solomykina.


À ses dires, le PLQ de Philippe Couillard a abandonné le nationalisme québécois. S’ils étaient encore de ce monde, « les Robert Bourassa et Claude Ryan ne voteraient peut-être même plus pour le PLQ », a soutenu Lemieux.


Comme quoi, en tentant de faire dérailler la campagne de l’autre dans l’ouest de Montréal, le chef libéral risque peut-être aussi d’oublier qu’un train peut en cacher un autre.