Rire des Québécois

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« Les tentatives de sauvetage ne pourront que retarder l’échéance où Bombardier sera avalé par Airbus avec une perte totale de contrôle des autorités québécoises ou canadiennes. »

Ce n’est pas sans rage que je prenais connaissance de la nouvelle annonçant que Bombardier aéronautique allait mettre à pied 5 000 employés dont près de la moitié œuvre au Québec. Après que le gouvernement du Québec ait grassement subventionné l’entreprise, laissé ses dirigeants s’en mettre plein les poches et vu la C Series céder à Airbus, le nouveau ministre de l’Économie et de l’innovation, Pierre Fitzgibbon, s’apprête à rencontrer la direction de l’entreprise dans l’espoir de limiter les dégâts. S’ajoutera-t-il au club des joyeux politiciens siphonnés par les multinationales?


Il fallait entendre l’ex-ministre Anglade la semaine dernière plaider pour que le gouvernement fédéral fasse sa part en injectant des fonds dans l’entreprise comme l’avait fait auparavant le gouvernement Couillard. Même rendue dans l’opposition, madame Anglade continue de défendre une des pires erreurs des libéraux qui ont littéralement balancé plus d’un milliard à Bombardier pour espérer préserver expertise et emplois au Québec avec les résultats que nous connaissons aujourd’hui. Suivant aveuglément la logique qui animait les gouvernements lors de la crise économique de 2008, en l’occurrence que certaines entreprises étaient trop grosses pour les mettre en faillite et qu’il fallait y injecter massivement des fonds publics, l’ex-ministre se fout bien de dilapider l’argent des Québécois dans un gouffre sans fond.


Le nouveau premier ministre avait le ton bien haut lorsqu’il était dans l’opposition face à la transaction du gouvernement Couillard avec Bombardier. Maintenant qu’il est au commande, saura-t-il redresser la barre par l’intermédiaire de son ministre ou s’avèrera-t-il comme ses prédécesseurs un pion des ploutocrates qui dominent le monde. L’expression de son impuissance face aux fermetures de magasins RONA porte à croire que son ministre risque de revenir plutôt bredouille de ses échanges avec les autorités de Bombardier. Encore une fois, le premier ministre nous servira le discours plat qu’il est trop tard pour réparer les gaffes des libéraux qui ne se sont pas donné les contrôles suffisants sur l’entreprise en y injectant les deniers publics.


Je suis convaincu que la CAQ ne reproduirait pas la même erreur si le gouvernement était amené à investir de nouveaux, mais dans l’état actuel de l’industrie aéronautique, le jeu n’en vaut probablement pas la chandelle. Dans la pure logique du capitalisme, l’industrie se concentre de plus en plus entre de gros joueurs, tels Boeing et Airbus, et Bombardier peut difficilement compétitionner ceux-ci. Les tentatives de sauvetage ne pourront que retarder l’échéance où Bombardier sera avalé par Airbus avec une perte totale de contrôle des autorités québécoises ou canadiennes. Les emplois se distribueront au bon vouloir de la multinationale en étant axés sur la profitabilité maximum sans grande considération pour l’utilité sociale.


Un âpre début pour le ministre Fitzgibbon avec cette mission impossible de raisonner la haute direction de Bombardier. Au mieux, il ne pourra que soutirer des grenailles qui s’évanouiront avec les prochains états financiers de la compagnie. Monsieur Legault réalisera très vite que les bonnes intentions provinciales font de moins en moins le poids devant des multinationales plus riches que le Québec.