COLLOQUE IPSO/BLOC

Rester au Canada envers et contre nous, ou partir

Les Québécois n’ont rien à attendre, sinon une série de coups de pieds au cul

Chronique de Richard Le Hir

Le sondage rendu public lors du colloque IPSO-BLOC constitue la reconnaissance noir sur blanc de ce dont nous étions déjà tous intimement convaincus. Jamais l’écart entre le Québec et le ROC n’a été aussi grand. Là où ce sondage apporte un élément de nouveauté, c’est lorsqu’il nous fait prendre conscience de toute la mesure de la détermination du ROC à nous refuser quelque droit que ce soit à la spécificité. Nous devrons donc rester au Canada envers et contre nous, ou alors partir. C’est « Take it or leave it ! ». Le « Take it » est explicite, le « Leave it » est sous-entendu, mais tout aussi clair.
Il ne faudrait surtout pas faire l’erreur de croire que les Canadiens anglais ne sont pas conscients de la nouvelle donne créée par l’affaiblissement économique de l’Ontario et la montée en puissance de l’Alberta, avec ce que cela comporte comme risques de déstabilisation pour la fédération. La décision a toutefois été prise de forcer le jeu en espérant que ça passe. Le Canada sera à l’image qu’ils s’en font, ou il ne sera pas.
Dans cette partie, les Québécois n’ont rien à attendre, sinon une série de coups de pieds au cul d’autant plus féroces que l’enjeu est énorme et qu’il n’y aura pas de reprise. Jamais un adversaire n’est plus dangereux que lorsqu’il est acculé dans les cordes. Déjà se dessinent les lignes de bataille.
La décision fédérale de créer une commission nationale des valeurs mobilières constitue une intrusion frontale dans les champs de compétence provinciaux. La décision devrait être prise prochainement par Ottawa de court-circuiter les velléités provinciales en posant directement la question d’autorité à la Cour Suprême par voie de référé.
Viendra ensuite à l’automne, dans le cadre des consultations pré-budgétaires, l’annonce que le système de péréquation doit faire l’objet d’une remise en question en profondeur, et que la part dévolue au Québec diminuera de moitié dès l’année prochaine, les besoins de l’Ontario obligeant le fédéral à modifier ses paramètres de redistribution. Songez-y, un trou de 4 milliards $ pour le Québec dès l’an prochain. Il n’est guère surprenant que des prédateurs se pourlèchent dans l’ombre à la perspective de mettre la main sur Hydro-Québec et la CDP. À croire que quelqu’un leur a dressé la table !
À ces deux nouveaux éléments s’ajoutent les neuf identifiés dans le sondage : la primauté du français au Québec, l’existence d’une nation québécoise, la possibilité pour le Québec de désigner trois des neuf juges à la Cour suprême, la pleine juridiction du Québec sur l’immigration, des pouvoirs accrus en matière de langue et de culture, le pouvoir pour le Québec de négocier des ententes internationales dans ses sphères de compétence, un statut particulier avec des pouvoirs correspondants, l’à-propos d’une nouvelle ronde constitutionnelle, la possibilité de réformer le Canada à la satisfaction du Québec et du reste du Canada.
La question de l’indépendance ne se pose même plus, tellement la réponse est évidente. Les seules questions qui se posent encore sont « quand » et « comment ». Pour ce qui est du « quand », la réponse est « le plus tôt possible ». Toute personne qui a déjà vu un gros ressort se détendre d’un coup sait combien le danger est grand de se faire happer et blesser. C’est le risque que courent désormais les Québécois à trop s’éterniser autour de la machine fédérale.
Pour ce qui est du « comment », l’expérience des autres et les 50 ans de tergiversations où nous avons tous « attendu Godot » en vain devraient nous avoir enseigner que ce ne sont ni les gouvernements ni les partis qui font l’indépendance, ce sont les peuples.
À partir de la démonstration faite en fin de semaine par les Intellectuels pour la souveraineté et le Bloc Québécois, il faut lancer l’INDÉPENDANCE EXPRESS, et je continue de croire que cette responsabilité revient au Conseil de la souveraineté qui doit dès maintenant articuler son action autour des pôles suivants : organisation, financement, communication, mobilisation.


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10 commentaires

  • @ Richard Le Hir Répondre

    12 mai 2010

    2e réponse @ M. Bousquet,
    M. Bousquet,
    Je répète que vous agitez inutilement un « bonhomme 7 heures » avec cette histoire de sécession unilatérale. La plupart des gens ignorent les tenants et les aboutissants juridiques d’une déclaration d’indépendance, et miser sur la confusion qui peut exister dans certains esprits sur cette question pour agiter des épouvantails relève de la mauvaise foi.
    Comme je vous l’ai indiqué dans mon message précédent, la seule chose que nous aurons à négocier avec le gouvernement fédéral une fois que les Québécois se seront prononcés en faveur de l’indépendance lors d’un référendum, ce seront les modalités de séparation. Je profite de l’occasion que vous me donnez pour préciser que c’est le gouvernement fédéral qui aura intérêt à ce que ces négociations procèdent le plus rapidement possible et en douceur, car, dans une telle situation, ce sera le Canada qui supportera le fardeau de l’incertitude, et non le Québec. Le Québec devra seulement se préoccuper de l’incertitude s’il choisit d’adopter comme monnaie le dollar canadien. Et si ce n’est pas le cas, il n’aura à le faire qu’à compter du moment où il obtiendra la reconnaissance internationale.
    Pour ce qui est de négocier quoique ce soit avec le ROC avant le référendum, faites-en votre deuil. Le Roc n’a aucun intérêt à le faire. Au contraire la meilleure stratégie pour lui consiste à nous placer au pied du mur dans l’espoir que nous n’oserons pas aller si loin. Et à le voir agir, c’est exactement la stratégie qu’il privilégie. C’est la version politique du jeu de « chicken ». Il est donc tout à fait malhonnête de parler à l’avance d’une quelconque association. Si association il y a, elle surviendra parce que les deux parties, devant la nouvelle situation créée par un vote des Québécois en faveur de l’indépendance, trouveront qu’il est dans leur intérêt d’en conclure une sur un certain nombre de points limités. Et vous verrez alors que ce sera le gouvernement fédéral qui sera le plus disposé à rechercher les accommodements qu’il nous refuse systématiquement maintenant et depuis cinquante ans, parce que c’est le reste du Canada qui a le plus à perdre si le Québec devient indépendant, et non l’inverse. Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter.
    Richard Le Hir

  • @ Richard Le Hir Répondre

    12 mai 2010

    À propos de PARTIR
    L'interprétation littérale que certains ont fait du titre de mon article m'amène à préciser que le "partir" n'est qu'une figure de style. Ce n'est pas à prendre au pied de la lettre. Il est clair que nous restons ici. Partir, c'est comme ce qu'on fait quand, parvenu à l'âge adulte, on quitte ses parents... et on va habiter la rue d'à côté... ;-))
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2010

    Monsieur Le Hir
    Je suis entièrement d'accord avec vous lorsque vous affirmez dans votre texte:
    ("RESTER AU CANADA ENVERS ET CONTRE NOUS, OU PARTIR", la question de l'indépendance ne se pose même plus, tellement la réponse est évidente. Les seules questions qui se posent encore sont "QUAND?" et "COMMENT?") C'est pas des farces, 85% de la population québécoise est contre ce gouvernement pourri en place et il tient encore le fort, incroyable! L'appréciation de nous-mêmes n'est pas forte pour tolérer pareille chose, enfin! Monsieur Le Hir, je suis persuadé que 75% de la population ne comprend pas la vraie signification du mot "indépendance". Pas surprenant, pendant des années, elle s'est faite répéter le mot "souveraineté" par les perroquets du Bloc et du PQ sans aucune explication venant de leu part; ce mot "souveraineté" créant plus de confusion que de clarté dans la tête des gens. Si la direction de ces 2 partis avait été honnête envers la population en expliquant et en utilisant le mot "indépendance", nous ne serions pas dans le cul-de-sac auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Arrêtez-vous à calculer le nombre de fois que le mot "indépendance" est utilisé par les adeptes sur le site de Vigile, du journal Le Devoir ou sur le blog de Lisée, c'est très minime. Seul le mot INDÉPENDANCE devrait être utilisé dans notre quête du pays du Québec pour ne pas entretenir la confusion dans la tête des Québécois. Le temps est arrivé de passer à l'action et de se créer un pays qui nous appartienne et qui nous ressemble. Que ce soit par le Conseil de la Souveraineté ou par n'importe lequel mouvement, en autant qu'il soit crédible, je me fous du reste. Assez de bavardage, il faut bouger, se mobiliser avant que le rouleau compresseur fédéral ne se mette en marche. Et comme le dit si bien la personne qui a écrit le 5e commentaire: LA LIBERTÉ ÇA SE PREND, ÇA NE SE NÉGOCIE PAS! Il m'a fait plaisir.
    André Gignac le 12 mai 2010

  • Gilles Bousquet Répondre

    11 mai 2010

    M. Le Hir qui écrit : «Et personne ne parle de sécession unilatérale, alors pourquoi agitez-vous ce « bonhomme 7 heures » ? »
    Un grand nombre d’intervenants, ici sur Vigile, souhaitent une sécession unilatérale, principalement les pressés purs et durs. Une réaction à votre message de AM me semble aller dans ce sens : La liberté, ça se prend, ça ne se négocie pas !.
    L’obligation faite au ROC, par la Cour suprême, de négocier avec le Québec de ses désirs constitutionnels clairs et majoritaires me semble une bonne voie à suivre avant la sécession.
    C’est la majorité claire à une question claire qui semble faire problème pour l’instant. Si les Québécois ne veulent pas d’une simple séparation sans entente préalable, faut trouver ce qui serait acceptable à une solide majorité avant de tenir le référendum. Moi, je crois comme M. Lévesque et tous ses successeurs au PQ, que ça va prendre une forme d’association ou de partenariat avec le ROC, proche d’une vraie confédération d’États souverains, afin d’aller chercher un OUI assez solide.
    Dans le cas de Mme Marois, nous ne savons pas encore si elle envisage, pour un Québec souverain, ce genre d’association avec le ROC. J’imagine qu’elle prendra aussi le pouls des Québécois avant de nous embarquer dans un troisième référendum.

  • Raymond Gauthier Répondre

    11 mai 2010

    « …ce ne sont ni les gouvernements ni les partis qui font l’indépendance, ce sont les peuples. »
    Je suis parfaitement d’accord avec cet énoncé, monsieur Le Hir. Et ce sera le peuple du Québec qui la fera l’Indépendance. Mais il va falloir préalablement que les cérébraux et les pontifes qui s’illustrent sur ces pages cessent d’ergoter et de se tirailler dans les estrades.
    Quand nous descendrons main dans la main sur la piste avec le monde disparate et parfois confus qui s’y trouve, pour écouter, pour regarder, pour converser, pour essayer de comprendre et pour apprendre ...alors seulement les choses vont commencer à changer.
    Puisque nous avons besoin d’une bonne majorité des gens pour le faire ce Pays, il va bien falloir qu’on apprenne avec eux la cadence, le mouvement, le tempo pour danser sans se marcher sur les pieds. Se laisser entrainer et se déchaîner ensemble !
    Il n’y a pas de temps à perdre, mais il faut prendre le temps qu’il faut.
    Raymond Gauthier

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mai 2010

    Monsieur Le Hir,
    Je ne vote pas depuis quinze ans mais suis hautement politisé. Toute ma psyché se tourne vers le politique. Non vers cette fange médiatique véhiculée par les faiseurs d'image! Non plus vers cette élite de criminels qui embobinent les pensées des démunis (intellectuels comme physiques) pour les endormir au chloroforme de la domination!
    Non! Je pense à partir de mes chairs intellectuelles! Cela dit, je voterai de nouveau, un jour! Pour un peuple, non pour un parti! Mais comme il faut faire des compromis (lesquels, me direz-vous?), des alliances (avec la liberté de penser!), pour adopter une terre (non la Terre promise d'Israël, terre de sang!) d'accueil, une terre qui nous a vu naître, je voterai pour qui fera campagne pour le décret unilatéral de l'état Québécois. Le Kosovo a décidé de s'affranchir même s'il n'est pas universellement reconnu! Et qui peut décider de ma (de notre) propre liberté!
    La liberté, ça se prend, ça ne se négocie pas!
    Mais il est loin le jour où quelqu'un se lèvera debout, devant le feu nourri des abnégationistes, pour hurler à l'opposant (non l'ennemi), Vive le Québec libre! Vive la terre de toutes les libertés...
    On peut toujours rêver d'autre chose. Car cette chose pourrait bien être la réalité de demain...
    AM
    P.S. Partir? Non! Rester! Et débattre, en français!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mai 2010

    M. Le Hir, oui, il en revient au peuple de se prendre en mains. En cela, le Conseil de la Souveraineté ne représente en rien le peuple québécois dans son ensemble. Un organisme qui, ne nous le cachons pas, est une succursale du Parti québécois.
    Oui, l'indépendance le plus vite possible mais ce statut auquel le Québec se doit d'accéder ne peut se réaliser intelligemment sans une Constitution préalable, soit-elle provisoire.
    Sinon quel cadre législatif prévaudra entre le grand Soir et le lendemain et le surlendemain dans ce Québec indépendant ?
    Il en va de la politique comme de la nature, elle a horreur du vide.
    Danièle Fortin

  • @ Richard Le Hir Répondre

    11 mai 2010

    M. Bousquet,
    Les problèmes que vous soulevez sont loin d'être les plus difficiles à régler et ont déjà fait l'objet de nombreuses études et commentaires.
    Pour ce qui est de la monnaie, en 1995, M. Parizeau avait choisi de s'accrocher au dollar canadien uniquement par stratégie, pour effaroucher l'électorat le moins possible, une stratégie discutable à mon avis. La seule réponse valable à donner est que la question demeure prématurée tant que nous ne savons pas quelle sera la réaction du Canada. Si les choses se passent bien et qu'il est dans notre intérêt de le faire nous pourrons continuer à utiliser le dollar canadien. Si les choses ne se passent pas bien, rien ne nous empêchera d’utiliser le dollar américain, si c’est dans notre intérêt, ou même de créer notre propre monnaie si cela devait être plus avantageux. Il faut se souvenir que c’est sous le même Jean Chrétien qui se moquait d’un dollar québécois à « 62 cennes » que le dollar canadien a justement atteint ce niveau par rapport au dollar américain. Et personne n’en est mort, sauf de rire devant une telle ironie.
    Pour ce qui est des frontières, leur tracé existe déjà. La seule pomme de discorde, c’est le Labrador, et des négociations devront avoir lieu à ce sujet. La langue anglaise continuera d’être ce qu’elle est, et je continuerai à rappeler à mes enfants toute l’importance qu’il y a pour eux de bien la maîtriser. Cependant, la langue commune au Québec sera le français. Quant aux droits historiques de la minorité anglophone au Québec sur leurs institutions d’enseignement et de santé, ils demeureront ce qu’ils sont. Westmount ne glissera pas sur la carte en banlieue d’Ottawa, même si certains de ses habitants préfèrent s’en aller que de rester. Mais il est clair que dans une conjoncture où les perspectives économiques de nos voisins ne promettent pas d’être meilleures que les nôtres, et pourraient même être pires comme l’indiquent déjà les statistiques sur le chômage, les départs seront peu nombreux.
    Quant au vote nécessaire pour faire l’indépendance, si c’est dans le cadre d’un référendum, la règle est de 50 % + 1. Pour le reste, le résultat d’un tel référendum importe surtout pour l’obtention de la reconnaissance internationale. Il est donc clair que plus le résultat sera juste, et moins cette reconnaissance aura un caractère automatique. Le fardeau appartient à ceux qui veulent faire l’indépendance que le résultat est probant et légitime.
    L’obligation de négocier énoncée par la Cour suprême porte sur les conditions de la séparation, et rien d’autre. Et cette obligation ne vise que le gouvernement fédéral, au nom de toutes les autres provinces. Et personne ne parle de sécession unilatérale, alors pourquoi agitez-vous ce « bonhomme 7 heures » ?
    Richard Le Hir

  • Gilles Bousquet Répondre

    11 mai 2010

    Messieurs Le Hir et Tellier sont pour les solutions claires et extrêmes : Le fédéralisme actuel ou la séparation du Québec d’avec le ROC sans négociation, le peuple québécois déclare l’indépendance du Québec…point.
    Ça semble clair mais, c’est quoi qui arrive avec la monnaie québécoise, les frontières, les douanes, la langue anglaise, McGill, les annonces en anglais, Westmount, dans un Québec séparé ? Des écoles anglaises contre des écoles françaises pour les Acadiens ? On se sépare et après on verra ? Est-ce qu’on se sépare avec 50,5 % de OUI ou un parti politique souverainiste majoritaire qui a gagné le pouvoir avec 45 % des votes ?
    M. Lévesque s’en était douté, les Québécois, avec notre fédération mal nommée confédération, ont encore de la difficulté à faire la différence entre une fédération de provinces dépendantes et une confédération d’États souverains en charge d’un organisme central.
    En plus, notre Cour suprême a déclaré en 1998 : Une majorité claire votant sur une question claire sur la sécession du Québec entraînerait une obligation constitutionnelle de négocier des autres acteurs de la fédération canadienne. De plus, selon le droit international, le Québec n'a pas de droit unilatéral à la sécession.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mai 2010

    [« Une majorité de Québécois croit qu’on peut encore réformer le Canada alors qu’une majorité de Canadiens ne souhaite pas que la constitution soit amendée pour accommoder le Québec.
    On ne peut pas à la fois dire que l’indépendance est la solution à tous nos maux et prétendre en même temps qu’on peut aller chercher plus de pouvoirs à Ottawa en attendant l’arrivée du grand soir,« Le Québec souverain …dans le Canada ».
    Le message suggère que le Canada peut encore être réformé.
    Une majorité de Québécois croit que le Canada peut être réformé parce que le Parti Québécois porte ce message [confédéraliste] ambigu depuis des années, ayant été officialisé depuis l’arrivée de Pauline Marois à la tête du PQ .
    Si Pauline Marois, comme chef du parti québécois, ne veut pas assumer le leadership du projet indépendantiste, … »] billet de Louis Lapointe, Vigile,10 mai 2010
    Si on ne peut plus réparer la voiture,
    il en faudra une autre.