Réplique à André Pratte

Tourner la page...

MEECH - 20 ans plus tard...


Tourner la page... mais de quelle page parlez-vous monsieur Pratte ? Votre page n'est pas la mienne. Nous ne lisons plus le même livre. Vous nous conviez à rien moins qu'une nouvelle page dans un chapitre interminable, sans autre fin prévisible que celle de notre insignifiance assurée, de notre dissolution probable. Vous savez bien que la seule page qui mérite d'être tournée est celle qui nous projettera vraiment vers l'avenir, la seule voie qui n'a pas encore ici été empruntée.
Des réflexes de boutiquier. Voilà ce qui vous agite alors même que le Québec souffre d'un implacable immobilisme, alors même qu'il étouffe, en panne d'air autant que d'inspiration. Que le Québec ait déjà, selon vous, tous les outils pour continuer de "progresser" ne peut en rien me rassurer. De quels "progrès" parlez-vous ? La normalisation du Québec est ce qui vous inspire. Avez-vous oublié que le Québec n'adhère pas à la loi fondamentale du pays que vous réclamez pour lui ? Petit détail. Comme si de rien n'était.
N'est-ce pas cynique au possible ? Faisons donc comme si. Faisons semblant. Faire semblant d'être de ce pays, n'est-ce pas un beau plan pour notre avenir ? Comment donc vous prendre au sérieux lorsque vous déplorez le cynisme de la population à l'encontre de la politique ? Comme si de rien n'était, c'est à une certaine dépolitisation que vous nous appelez. A un fédéralisme dépolitisé, un fédéralisme que rien n'agite. Il faudrait nous engager résolument sur l'autoroute canadienne, le magnifique statu quo comme paysage, et surtout ne pas utiliser notre rétroviseur.
Vous croyez que la population est en accord avec vous, qu'elle désire que l'on puisse passer aux choses sérieuses, aux vraies affaires ; que l'on s'occupe enfin des vrais problèmes, des enjeux réels. Je peux me tromper, mais savoir de quel pays nous sommes, savoir qui nous sommes, se définir selon notre volonté propre, ne m'apparaît pas exactement être une chose sans importance, ni un faux problème. Je dirais qu'il s'agit plutôt de l'enjeu le plus profond de notre histoire. Oui, profond. Mais ce mot a-t-il encore un sens ?
Vous dites que la "population est rendue ailleurs, plus loin". Je ne sais si vous avez raison mais si c'est le cas, vous aurez finalement accompli votre mission. Votre contribution à l'abrutissement général aura été somme toute peu banale. Vous pourrez alors dormir en paix, la satisfaction béate imprimée au visage, votre ronflement sourd s'accordant aux bêlements des moutons dont vous n'aurez enfin plus à faire le décompte.
Auteur : Sylvain Maréchal


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2010

    "Faisons donc comme si. Faisons semblant. Faire semblant d’être de ce pays, n’est-ce pas un beau plan pour notre avenir ?"
    Effectivement, non, ça je n'en pouvais plus. Comme le suggère Pratte, j'ai tourné la page, mais j'ai aussi cessé de lire le livre du statu quo. A quoi s'attend Pratte, que tous les souverainistes acceptent de laisser tomber l'idée du Québec un pays et acceptent de faire semblant?
    Il va falloir faire semblant d'aller lui rendre visite sur la rue Saint-Jacques et faire semblant de l'attendre en-bas avec un semblant de brique et un semblant de fanal pour lui montrer combien nous pouvons faire semblant!
    Je suis un citoyen canadien né dans le semblant de province de Québec non résident du Canada, je reviendrai vivre au Québec lorsque Pratte fera semblant d'être en vie et entièrement sénile. Enfin, je suis en visite au Québec pour l'été! Je vais même célébrer la Saint-Jean au Québec ce soir! Je vais faire semblant, faire comme si le Québec est une province entière dans le Canada, que le Québec est respecté... Peut-être que cet été je ferai aussi semblant d'aller sur la rue Saint-Jacques et dire à Pratte combien j'ai envie de faire semblant d'être Canadien, ce que je fais lorsque je voyage avec le seul passeport qui m'est possible d'avoir jusqu'à ce que j'obtienne un passeport "européen". Je vais lui dire que je préfère faire semblant d'être un Québécois en exil en Europe plutôt que de faire semblant que je suis un Québécois en exil dans ma propre province, dans le pays qui veut, finalement, que je fasse semblant, que je fasse semblant tout le temps. Puis, faire semblant tout le temps, un jour, c'est la psychose qui arrive, et le Québec aura certainement sa psychose collective. Et ce jour là, nous irons tous sur la rue Saint-Jacques pour dire à Pratte combien nous sommes fatigués de faire semblant, de se faire traiter comme des malades mentaux et des moins que rien. Le problème au Québec, il n'est pas à Ottawa. Il est au Québec. Ce sont tous les zombies pas de principes, les sous-fifs, les roitelets comme Pratte dont il faut faire semblant de...

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2010

    Pratte nous traite comme des moutons ?
    Curieusement, je n'entends de lui que les grognements d'un chien battu... que ses maîtres enverront chez le vétérinaire afin de le faire euthanasier. Ils n'auront plus besoin de lui.
    Au suivant...

  • Martin Lavoie Répondre

    22 juin 2010

    Suite d'un message à André Pratte:
    J'espère M. Pratte que vous vous débrouillez bien en Anglais, car pour acquérir une crédibilité dans un journal anglophone, suite à l'indépendance du Québec, cette langue vous sera nécessaire pour obtenir le fabuleux salaire offert par votre patron pour discréditer le discours des élites intellectuelles Québécoises, fier de l'être et tendu vers la réalisation du pays. Bonne chance,