Réponse aux artistes

Harper et la culture




Cette chronique fera certainement de moi une persona non grata sur le Plateau Mont-Royal, mais comment ne pas réagir aux déclarations outrancières et à l'argumentation fallacieuse qui a suivi l'annonce de coupes de 45 millions $ à la culture ?
Depuis trois semaines, les artistes déchirent leurs chemises et accusent le gouvernement Harper des pires abominations. Peutêtre devraient-ils se renseigner avant de lancer des accusations sans fondement qui les discréditent inutilement. Ils apprendraient alors que depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir, le budget du Conseil des arts a augmenté de 30 millions pour atteindre 180 millions, et que le tiers de cette coquette somme est destiné aux artistes québécois.
Ils réaliseraient aussi que le Fonds canadien de télévision a augmenté de 20%, tout comme l'aide au Musée des beaux-arts, que les subventions à la Société Radio-Canada sont en hausse de 13,6%, et que la contribution d'Ottawa au Centre national des arts a crû de 58%! Au total, le budget de Patrimoine Canada a augmenté de 24,2% depuis l'arrivée de Stephen Harper. Pour un gouvernement qu'on accuse de mépriser la culture et de vouloir assassiner l'art, voilà qui est plutôt généreux!
Et comme si leurs déclarations saugrenues ne suffisaient pas, les artistes ont renchéri en criant à la censure. Quel emploi frauduleux du terme! Quel sensationnalisme! Il est incontestable que les artistes sont en droit de s'adonner à leur passion, de véhiculer les messages de leur choix et de défendre les causes qui leur plaisent. Mais sont-ils en droit d'exiger que les contribuables financent leurs élans créateurs? Est-ce réellement aux travailleurs à débourser 147000 $ parce qu'un artiste a décider de faire voler une banane géante dans le ciel du Texas? Et à en juger par le projet «30 secondes contre Harper», leur liberté d'expression se porte manifestement très bien!
SUBVENTIONS INJUSTES
Et puis, un artiste tributaire de l'argent du gouvernement est-il réellement libre? On pourrait plutôt penser qu'il est soumis au diktat des bureaucrates qui exigent de lui qu'il respecte nombre de critères pour mériter l'aide gouvernementale. D'ailleurs, ne lui arrive-t-il jamais de s'autocensurer par crainte de déplaire au fonctionnaire chargé d'étudier son dossier?
Pour que les artistes soient véritablement libres, ils doivent être financièrement indépendants, et c'est à cette fin qu'ils devraient canaliser leurs énergies.
Mais surtout, contrairement aux apparences, les subventions à la culture sont fondamentalement injustes. Pour aider certains artistes, l'État est obligé de piger dans les poches des travailleurs. Et comme ces mêmes travailleurs voient leur pouvoir d'achat diminué, ils sont forcés d'acheter moins de CD, moins de billets de spectacles et moins d'oeuvres d'art. En somme, les subventions à la culture pénalisent les artistes les plus talentueux pour avantager les autres. N'est-ce pas le contraire qu'on devrait viser?
Évidemment, on nous sermonne que ces subventions sont indispensables, ne serait-ce qu'en raison des retombées économiques que la culture génère. L'étude du Conference Board à ce sujet a d'ailleurs été largement citée. Or, le calcul des retombées économiques est une arnaque intellectuelle, rien de plus qu'un concept canularesque. Les économistes ont depuis longtemps compris que la méthodologie employée est si tordue qu'il est mathématiquement impossible qu'un projet soit non rentable, quel que soit le projet à l'étude!
On peut comprendre le mécontentement des artistes. Mais ne nous laissons pas aveugler par des chiffres grotesques élevés au rang de faits incontestables! Surtout, gardons un esprit critique fasse à l'argumentation boiteuse qui circule.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé