Réponse à monsieur Le Hir (2)

L'indépendance Express / La modestie de Gilbert Paquette

Tribune libre

Monsieur Le Hir
Vous écrivez :

« Il faudra prendre acte de la nouvelle réalité et réagir au plus vite, ou alors rester sur le quai et regarder passer le train. »

Je suis bien d’accord avec vous, nous devrons prendre acte de l’éventuel déclenchement d’élections anticipées.
Le 23 avril, vous écriviez dans :
POUR SORTIR DE L’ORNIÈRE (1) Indépendance : Parlons stratégie Et si nous avions fait fausse route ? Richard LE HIR Tribune libre de Vigile vendredi 23 avril 2010
« Alors que faire ? Poser la question, c’est y répondre. Il faut que les citoyens se réapproprient l’idée d’indépendance. Il faut qu’ils réalisent qu’elle ne se fera que s’ils s’en occupent. Il faut que, comme le disait Mao, « cent fleurs » s’épanouissent (me voilà en train d’évoquer les mânes de Mao ; décidément, je ne me reconnais plus). Il ne faut pas compter sur le gouvernement. Ce n’est pas sa vocation. Quant à un parti, le seul usage qu’il peut avoir, c’est de s’engager à tenir un référendum lorsque l’opinion publique sera prête, tout en étant consciente que, devant une volonté populaire clairement affirmée, même un gouvernement libéral devrait tenir un référendum, sauf à se faire rapidement éconduire en cas de refus de sa part.
« […] Nous avons un Conseil de la souveraineté, des Intellectuels pour la souveraineté, des Artistes pour la souveraineté, des Économistes pour la souveraineté… Le jour où nous aurons des Épiciers pour la souveraineté, elle ne sera plus loin derrière.
Acquise dans de telles conditions, la question de sa légitimité ne se posera même pas.
Alors, il faut se le répéter pour s’en convaincre, jamais les circonstances ne seront plus favorables. Prenez les dossiers un par un : économie, finances publiques, langue française, corruption, accommodements « déraisonnables », environnement, l’avenir d’Hydro-Québec, la représentation du Québec au parlement fédéral, et j’en passe.
Qu’est-ce qu’on attend pour passer à l’action ?
»

À cela j’ai répondu, en accord avec vous :
« Personne n’est au-dessus des citoyens parce que chacun de nous formons la nation. Nous nous sommes habitués à penser que les politiciens que nous élisons sauraient faire parce que sachant mieux que nous ce qui nous convenait. Or, ce qui convient, c’est ce que le peuple en tant qu’autorité démocratique suprême incarne et manifeste. En laissant tout pouvoir aux parlements, nous avons renoncé au nôtre. En nous laissant endormir par la partisanerie et les idées de gauche / droite / centre /centre-ci /centre-ça / rouges / bleus / vert / etc., nous avons oublié qui nous étions et abandonné nos droits aux mains d’individus qui, comme nous, ont perdu le sens de leur véritable identité.
L’heure est venue, j’en conviens tout à fait avec vous et avec tous ceux qui ont réalisés et compris que nous devions revenir à l’essentiel, c’est-à-dire la raison même de notre existence en tant que peuple et nation, de définir les bases de notre devenir en prenant conscience de ce que nous sommes et des droits que sont les nôtres. »

Inspiré par vos propos, j’ai ajouté que la conjoncture pouvait être encore meilleure si nous mettions fin à la division de nos forces indépendantistes. À cela vous avez répondu qu’union et concertation viendraient d’elles-mêmes, tout en vous disant douter de la possibilité de parvenir à une éventuelle union des forces indépendantistes avant des élections qui viendraient à leur terme normal, trop de méfiance et de ressentiment accumulés rendant la chose peu probable. Je respecte votre point de vue. Cependant, je crois que nous devons malgré tout y travailler. La prochaine élection ne doit pas être à nouveau le prétexte à la division électoraliste partisane. Pour y parvenir, il faut s’attaquer au problème, et surtout, ne pas l’évacuer sous prétexte qu’il pourrait y avoir ralliement à l’une des forces partisanes. Soyons réalistes, QS ne disparaîtra pas, le PI non plus, encore moins le PQ et rien dans leurs divisions n’incitera nos citoyens abstentionnistes et absentéistes à militer, puis à voter.
Pour qui voter et pourquoi voter si c’est pour élire un gouvernement livré à un État illégitime sur lequel nous n’aurons pas de prise.
Le 15 avril, dans :
Le moment est venu de frapper fort Le gouvernement de Charest n’a plus la légitimité requise pour gouverner Richard LE HIR Tribune libre de Vigile jeudi 15 avril 2010
vous avez fait la promotion d’élections précipitées en disant :
« […] L’opposition réunie, PQ, ADQ, et Québec solidaire, devrait convoquer la presse et annoncer qu’il ne lui est plus possible de cautionner par sa présence à l’Assemblée nationale la légitimité du gouvernement.
[…] À ce jeu, aucun des partis d’opposition ne peut perdre. Ils ont même tout à y gagner. Et par la même occasion, faire gagner la population du Québec qui leur sera durablement reconnaissante pour lui avoir redonné de quoi être fière, enfin. »

Puis, vous avez surenchéri en interpelant le PQ et plus particulièrement Pauline Marois :
C’est parti mon kiki ! Le reste est à portée de la main Richard LE HIR Tribune libre de Vigile vendredi 16 avril 2010
Aujourd’hui vous me répondez : « Dans une telle situation, l’opposition doit jouer son rôle d’opposition avec la plus grande énergie et mettre de côté ses préférences de calendrier, au risque de perdre sa propre légitimité. » Je me demande bien d’où vous tirez la vôtre pour dire dans votre texte :
« […] reconnaître au premier coup d’oeil ceux dont le propos détonne et avec lesquels toute amorce de dialogue constitue un piège par lequel nous nous trouvons à donner de la légitimité à des idées qui n’en ont aucune. » Personnellement, je n’ai fait que dénoncer comme vous une situation décourageante de division de nos forces qui encourage « Les sirènes de la démission ».

Si nous ne parvenons pas à afficher l’union de nos forces transpartisanes, pour faire pression sur les partis politiques afin qu’ils fassent l’union de leurs forces pour créer l’État, le parti qui remportera les prochaines élections ne pourra pas avoir durablement et efficacement prise sur ce qui domine le gouvernement ; à savoir l’État. Il se trouve que cet État est illégitime. Et c’est à cette fondamentale illégitimité que nous devons nous attaquer. Cela, seule une pluralité des voix et des sièges est en mesure de le faire.
Monsieur Facal a bien compris que dans la situation actuelle, si nous ne faisons rien, nous ne pourrons pas ensuite exercer quelque pression que ce soit sur l’État.
Joseph Facal - L’érosion - Journal de Montréal 2010 05 03
Voilà pourquoi je partage avec vous mes idées. Elles ne contredisent pas ce qui vous anime. Nous sommes motivés par le même désir de contribuer, chacun à notre façon, à l’affranchissement de notre peuple souverain sous tutelle. Pour y parvenir, nous devons, dans un contexte où la précipitation des élections menace un engourdissement que vous voulez de bon droit fouetter, trouver comment le faire ensemble plutôt que « chacun à notre façon ».
Ce qui n’est pas le cas actuellement. Nous devons donc y mettre de l’énergie et du temps, et éviter de faire l’autruche ou de sous-estimer le problème en plaquant pour l’évacuer, des solutions qui n’en sont pas. Davantage qu’un ralliement, c’est l’union dans la diversité des partis en présence autour d’un programme commun de gouvernement de souveraineté que nous devons réaliser.
Dans cette perspective, je parle en mon nom et je ne représente personne. D’autre part, je travaille avec d’autres Vigiles, sur un projet d’APPEL CITOYEN, toujours en cours de rédaction.
Pour éviter les quiproquos inhérents à un travail en élaboration, en l’affichant publiquement, nous échangeons pour le moment par courriel. J’aimerais beaucoup vous présenter ce projet pour le soumettre à votre intelligence. J’ai confiance en votre perspicacité, et je mise sur votre expérience du gouvernement ainsi que sur votre engagement citoyen. Nous apprécierions beaucoup recevoir votre avis, vos impressions et vos commentaires, ceux-ci pouvant éventuellement modifier le projet avant sa publication.
Cet « appel citoyen » mise sur l’union de nos forces transpartisanes citoyennes ; une force capable de faire pression sur les partis politiques pour que la prochaine élection ne se tienne pas dans le contexte de la dernière, en opposant des partisans qui pour des raisons électoralistes continueront, ici dans Vigile entre autres, à subordonner l’avènement d’un État valide et légitime à leurs querelles et maraudages respectifs qui découragent tant de souverainistes. Tout cela donnant lieu à une division déprimante qui ne manque pas de provoquer un absentéisme militant débilitant et un abstentionnisme électoral encore plus navrant.
Nous croyons que nous devons le faire d’autant plus rapidement que si l’actuel gouvernement tombe, nous serons privés du temps nécessaire pour parvenir à construire cette union, qui seule pourrait changer la donne électorale.
Ce que M. Barberis-Gervais a observé en citant un texte de Luc Archambault :
[
Qui a intérêt à provoquer des élections précipitées ?->http://www.vigile.net/Qui-a-interet-a-provoquer-des-élections]
Robert BARBERIS-GERVAIS Tribune libre de Vigile dimanche 18 avril 2010
Oui, il faut, comme vous l’écrivez dans votre texte d’aujourd’hui, se poser des questions, et l’une d’elles nous demande : « À qui profite le crime ? »
À qui profite le crime de précipitation ? Certainement à tous les pouvoirs affichés ou occultes qui ont intérêt à perpétuer la division de nos forces, à savoir bien sûr la minorité activiste affairiste qui de Bay Street contrôle le Parlement d’Ottawa qui lui contrôle la Couronne canado-britannique qui contrôle et limite le pouvoir du gouvernement du peuple souverain du Québec, ainsi que celui des partisans des divers partis politiques qui, pensant qu’ils disparaîtront s’ils ne peuvent blâmer leurs adversaires de n’être pas assez ceci ou cela, prétendent qu’ils pourraient faire mieux pour la cause qui est la nôtre. Tout cela en pure perte de temps partisane, émaillée des interventions d’ amateurs de sensations fortes pour qui la précipitation et les élections n’est qu’un divertissement de plus (ce que, j’en suis persuadé, vous ne voudriez pas vois devenir votre intervention dans l’actuel débat), sans parler de ceux et celles qui pensent que jamais rien ne pourra advenir de congruent de la part d’un peuple soi-disant aussi peureux, inconséquent, et qui prétendent parler en son nom mieux que lui. Bref, pas mal de monde.
Si j’ai pris la parole, ce n’était pas pour ajouter à notre division, mais pour encourager l’union qui seule pourra changer la donne lors des prochaines élections. Pour nous entendre sur ce qui permettra de la faire rapidement, nous devrons prendre le temps d’en discuter. C’est-à-dire, exposer chacun ce qui serait le mieux en mesure de la réaliser. Il n’est pas question ici de ralliement à telle ou telle obédience, mais d’union.
La question que chacun devrait se poser est : quels principes, quels moyens pour l’appliquer ne contredisent pas mes principes et ne contredisent les principes des forces en présence, qu’elles soient plus ou moins véhémentes ou tranquilles ?
Je n’en vois qu’un : « la primauté de l’effectivité de l’Autorité démocratique suprême du peuple souverain sur son territoire national du Québec. »
C’est ce que j’ai exposé et offert à votre curiosité dans ma Lettre à Monsieur Le Hir Tribune libre de Vigile 25 avril 2010
Je l’ai fait dans un esprit de concorde et d’union. Puisque nous sommes menacés de précipitation et d’élections anticipées, nous devons anticiper et précipiter l’avènement de l’union de nos forces. Vos exposés et votre défense de la précipitation m’en ont convaincu parce qu’ils le démontraient d’indéniable façon. Merci d’y avoir éveillé plusieurs. Le temps presse, il est compté.
Je suis désolé que vous ne le voyiez pas ainsi, car il semble que vous perceviez mon action comme allant contre la vôtre, pour le peuple. Ce n’est pas du tout le cas. Elle se veut au contraire en accord avec vous afin de faire de connivence, des prochaines élections à Québec et à Ottawa des élections décisives, contrairement aux dernières. Pour cela, je propose que nous devrions élire un « gouvernement de coalition de souveraineté du peuple et de l’État ». Et dans ce but, nous devons nous entendre en dehors des simples et trop souvent simplistes ralliements électoralistes.
Avant que de poursuivre publiquement une querelle qui n’a pas lieu d’être et que nous ne souhaitons pas, je vous offre de me contacter par courriel. J’ai demandé à Vigile d’ajouter la clé privée utile à cet effet afin que je puisse vous inviter à le faire via ce lien, mais sans succès jusqu’à présent. Je suppose qu’en contactant l’éditeur, vous pourriez obtenir mes coordonnées courriel. J’aimerais vous présenter le produit de notre travail citoyen pour recevoir vos commentaires et avis dans le but de participer utilement à l’union de nos forces citoyennes, pour qu’elles cessent de s’opposer pour devenir complémentaires.
Merci d’accéder à ma demande.
Citoyennement vôtre,
Claude G. Thompson


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mai 2010

    M. Le Hir,
    Vous écrivez :

    « Au stade où les choses en sont rendues, il devient très urgent de lancer une enquête publique, seul forum offrant les garanties nécessaires de rigueur et d’impartialité pour vider une question de l’ampleur de celle à laquelle nous sommes confrontés. Et s’il faut pour ce faire que les partis d’opposition agissent de façon concertée pour amener le gouvernement à démissionner et à déclencher des élections générales, qu’ils le fassent rapidement, dans l’intérêt supérieur du Québec… et parce que c’est le seul moyen qu’il leur reste désormais de garder la crédibilité nécessaire pour prétendre à gouverner. »
    J’en retiens plus particulièrement :

    « ... c’est le seul moyen qu’il [...] reste [ à l'opposition ] désormais de garder la crédibilité nécessaire pour prétendre à gouverner. »
    Je comprends votre point de vue, mais...
    Je vois un autre moyen d’être crédible, qui consiste à faire pression sur les partis souverainistes, dont fait parti l’opposition, pour qu'ils s'attellent à la tache essentielle qui consiste à entreprendre dès maintenant l’union de nos forces citoyennes et politiques, attendu que nous ne pouvons pas prévoir quand des élections pourraient être déclenchées.

    Ne vous semble-t-il pas que ce serait un bon moyen d’être davantage crédibles ?
    Ici, je m’exprime en fonction du projet « d’Appel citoyen » dont je vous ai parlé dans ma -Réponse à monsieur Le Hir (2)-
    Celui-ci consiste à faire l'union de nos forces citoyennes et politiques qui seule, nous semble en mesure d'élire un gouvernement d'État, sous coalition, capable de véritablement changer la donne.
    L'État actuel du Canada, qui gouverne notre gouvernement, est illégitime. Changer de gouvernement pour changer de gouvernement ne changera rien à cette illégitimité.
    Voilà pourquoi une force citoyenne transpartisane doit appeler à l'union de nos forces politiques avant les élections, afin de ne pas assister encore une fois à la division des votes souverainistes. À défaut de quoi, nous risquons d’élire un gouvernement faible et éventuellement minoritaire; déprimante perspective qui risque de démobiliser celles et ceux qui découragés, ne se déplacent déjà plus pour militer, ni même voter... comme l'analyse fort bien M. Facal.
    Joseph Facal - L'érosion - Journal de Montréal 2010 05 03
    Je réitère mon invitation formulée au titre -Réponse à monsieur Le Hir (2)-
    Nous voulons faire l'union de nos forces et dans ce but, un groupe de discussion courriel de Vigile a des propositions à vous soumettre. Tout cela ne saurait empêcher que votre scénario puisse s’avérer être la solution, cependant, compte tenu de votre aimable invitation à nous rencontrer, je souhaite pouvoir vous soumettre notre document avant publication.

    Merci pour votre réponse conciliante,
    Claude G. Thompson

  • @ Richard Le Hir Répondre

    7 mai 2010

    Réponse @ Claude G. Thompson
    M. Thompson,
    Vous m’excuserez d’avoir tardé à vous répondre, mais je tenais d’abord à voir le tour que prendraient les événements pour m’assurer qu’ils prendraient bien la direction que j’avais anticipée. En effet, la conjoncture contribue pour beaucoup à la réponse que je vous donne aujourd’hui.
    Il n’y a pas de doute que les événements se précipitent. À l’heure du midi aujourd’hui, le bulletin de nouvelles de Radio-Canada rapportait que le ministre de la sécurité publique Jacques Dupuis semblait être le prochain sur la liste. Vu l’importance des fonctions qu’il occupe, le simple fait qu’on puisse évoquer une possibilité de compromissions dans son cas vient encore miner la position du gouvernement Charest, et sa chute devient maintenant imminente.
    Vous comprendrez que dans un tel contexte, votre appel, tout bien intentionné soit-il, devient chaque jour un peu plus hors de propos. En effet, ni vous ni moi n’avons de mandat de qui que ce soit. Même avec la meilleure des bonnes volontés et en parvenant rapidement à une entente sur les enjeux, il nous faudrait ensuite des mois à sensibiliser une multitude d’intervenants qui ont, eux, une légitimité du fait d’un mandat électoral, et pour qui nous ne serions que des importuns de plus dans leur jeu de quilles.
    Je crois qu’une coalition est possible pour la prochaine élection, mais si elle survient, ce sera parce que les acteurs sur le terrain auront compris qu’elle est dans leur meilleur intérêt. Pour qu’elle survienne, il va falloir qu’au sein des partis d’opposition se lève un leader qui aura suffisamment de vision et d’ascendant pour s’imposer aux autres, et vous constatez ici que prends bien garde de ne pas mentionner ni le nom d’un parti, ni le nom d’une personne, tant la conjoncture actuelle se trouve à ouvrir le jeu.
    Pour qu’il soit bien clair que ma position ne procède d’aucune animosité à votre endroit, je suis prêt à accepter votre invitation à vous rencontrer pour discuter de votre approche à un moment qui nous conviendra mutuellement dans les semaines qui viennent. Vigile nous mettra en relation.