Rencontre pour Haïti: Québec joue les absents

Chronique d'André Savard

Jean Charest a demandé de participer au sommet sur Haïti. Il s’est fait répondre qu’il pouvait dépêcher un observateur, quelqu’un avec une épinglette sur le revers du veston qui pourra peut-être se rendre utile en indiquant où sont les toilettes. Loin de se sentir bafoué, Jean Charest en a profité pour redevenir conséquent avec lui-même. En effet, Jean Charest prétend depuis des lunes qu’un palier gouvernemental est plus efficace qu’un pays pour faire peser son influence.
Comme presque tous les fédéralistes, il a répété que le truchement du Canada permettait au Québec d’avoir un impact dont une petite république ne pourra jamais rêver. Avant-hier encore, lors de sa rencontre en Bavière, il rappelait l’importance des paliers gouvernementaux d’importance intermédiaire. Il allait prouver que ce type de paliers n’agit pas que comme un rouage interne dans les pays. Charest se fit répondre en Bavière que les délibérations internationales ne sont pas du ressort des régions.
Cette fois, Charest espérait, espérait encore parce qu’Haïti est un pays de la francophonie. Le Québec abrite la deuxième plus grosse communauté de la diaspora haïtienne après la Floride. En outre, comme Charest l’a si souvent répété quand il voulait déloger le gouvernement Landry, « il est plus facile de s’entendre entre fédéralistes ». Franchement, on voit que de grands dialogues règnent entre bons fédéralistes.
Ce sera par téléphone ou dans des rencontres entre fonctionnaires que le Québec pourra parler de l’expertise québécoise en Haïti. Le Québec pourra participer à un effort coordonné mais, comme dans à peu près tout ce que le Québec entreprend, il se découvrira un rôle à mesure que s’élaborera le plan d’ensemble entre gouvernements nationaux.
Il n’y a pas à se surprendre qu’il en aille ainsi quand il s’agit d’une reconstruction après un désastre en Haïti. Même dans les affaires internes au Québec, ce mode de gestion oblige. On devrait être habitué. En tout cas, le premier ministre du Québec nous convie à l’être.
Maintenant, qu’est-ce que Jean Charest peut faire? Eh bien, rien sinon recourir à son syndicat des provinces, le Conseil de la Fédération. Toutefois, dans ce forum on ne parle pas des droits exclusifs de la nation québécoise mais plutôt des droits participatifs des provinces. Tout ce que Charest pourra y faire c’est de parler du rôle des instances locales dans les prises de décision.
Et il se fera répondre que c’est l’union de nos capacités qui nous rend invincibles en autant, bien sûr, que personne n’outrepasse ses capacités. Être annexé au Canada, c’est ça.
André Savard


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