(Québec) L'ex-ministre de la Santé, le Dr Réjean Hébert, soutient que le nouveau ministre Gaétan Barrette avait proposé «un marché de dupes» au gouvernement Marois pour étaler la hausse de la rémunération des médecins du temps où il était président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).
Selon le Dr Hébert, la FMSQ tenait pour acquises les hausses consenties et voulait que les prochaines augmentations soient calculées sur la base des tarifs majorés. «Nous avions eu des négociations avec les deux fédérations médicales. Le Dr Barrette voulait nous proposer un marché de dupes. Il voulait transformer le report de l'augmentation des médecins en base salariale pour la prochaine entente. On n'a pas mordu là-dessus», a-t-il affirmé, au cours d'un entretien téléphonique avec Le Soleil.
Proposition non acceptable
«Il n'était pas question pour nous d'engager le prochain gouvernement quel qu'il soit pour régler un problème budgétaire ponctuel et on l'aurait payé trois fois ce report d'augmentation. Ce n'était pas acceptable comme proposition et les négociations n'ont pas été plus loin à ce moment», a dit le médecin gériatre. Le Dr Hébert a tenu ces propos en marge du Congrès international francophone de gérontologie qui s'est tenu la semaine dernière à Liège en Belgique.
La semaine dernière, le ministre Barrette a soutenu qu'il a fait preuve de retenue cette semaine avec les médecins comparativement au gouvernement péquiste qui avait demandé l'étalement de la hausse de 500 millions $ avant l'élection. «Le gouvernement Marois, pour les stratégies qui avaient été mises de l'avant, dont j'ai pris connaissance, avait des stratégies qui étaient plus dans la catégorie dictatoriale. Nous, on est plus dans un mode de collaboration», a-t-il affirmé.
Après avoir rencontré mardi les dirigeants de la FMSQ et ceux de la Fédération des médecins omnipraticiens, le Dr Barrette a dit s'attendre à une réponse de leur part au courant de la semaine. «L'entente qui a été signée sera respectée à l'exception du délai. Donc, les sommes conclues seront versées sur un étalement», a-t-il indiqué.
Engagement non respecté
D'autre part, l'ex-ministre Hébert estime que les libéraux n'ont pas respecté leur engagement de ne pas remettre en question l'entente sur la rémunération avec les médecins. «Je vois que le parti libéral a changé d'idée. Philippe Couillard avait dit qu'il ne remettrait pas en question l'entente avec les médecins. Évidemment, ils en viennent à la même conclusion que nous. S'il n'y a pas renégociation de cette entente, ou un étalement des augmentations, on ne sera pas capable de maintenir les services de santé tels qu'ils sont actuellement», a-t-il affirmé.
Le Dr Hébert croit que le gouvernement libéral ne sera pas en mesure aussi de respecter d'autres engagements électoraux, dont l'ajout de budget pour les soins à domicile des personnes âgées. «Je suis très inquiet pour l'avenir, mais aussi pour le 100 millions $ de plus qu'on a mis l'an passé dans le maintien à domicile. Je ne suis pas sûr que les libéraux vont maintenir cette augmentation du budget des soins à domicile. Pour les garderies, ils se sont engagés à ne pas augmenter les tarifs. Ils vont être obligés de vivre avec cette promesse. Je ne sais comment ils vont être capables de la réaliser. On va voir.»
Durant la campagne électorale, les libéraux avaient prévu des dépenses supplémentaires de 300 millions $ cette année en santé par rapport au budget péquiste plus restreint. «On voit que les belles promesses de la campagne électorale ne s'actualisent pas. C'est la même chose pour le cadre financier du gouvernement libéral. On savait que leur cadre financier ne tenait pas la route», a conclu l'ex-ministre.
Le Dr Hébert n'écarte pas un retour en politique ni dans le domaine de la santé. «J'ai décidé de me donner quelques mois de réflexion avant de voir ce que j'allais faire au cours des prochaines années», a-t-il dit.
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