Référendum sur la souveraineté: Marois ne prend pas d'engagement

PQ - XVIe congrès avril 2011




Jean-Marc Salvet Le Soleil (Québec) Un prochain gouvernement du Parti québécois tiendra-t-il, oui ou non, un référendum sur la souveraineté dans un premier mandat? Nous ne le saurons pas.
La chef péquiste Pauline Marois éludera cette question chaque fois qu'elle lui sera posée, même pendant la prochaine campagne électorale.
«Je ne prendrai pas d'engagement de ne pas en tenir. Et je ne prendrai pas d'engagement d'en tenir, dit-elle. Je pendrai cette décision au moment jugé approprié.»
«Au moment jugé approprié.» C'est la formule que devraient adopter les militants du Parti québécois lors de leur grand congrès d'avril - celle proposée par la direction du parti.
En ne précisant rien, Pauline Marois ne demande-t-elle pas une carte blanche aux Québécois? «C'est une carte blanche qui n'est pas si blanche que ça parce que, avant de tenir un référendum, il y aura des débats à l'Assemblée nationale. Et ce n'est pas une carte blanche dans la mesure où les Québécois auront toujours le loisir de dire non, si l'on en tient un», répond la chef péquiste en entrevue au Soleil.
Les militants péquistes réclamant des éclaircissements à ce sujet ne les auront pas. Ceux qui espèrent la fixation d'un «moment de vérité» - l'assurance qu'il y aura bel et bien une consultation référendaire - seront déçus.
À la décharge de la chef péquiste, il faut dire que la très grande majorité des membres du parti appuient le libellé du nouvel article 1 tournant autour de ce fameux «moment approprié».
Que ses adversaires politiques dénoncent un «flou» pendant les 30 jours de la prochaine campagne électorale ne la trouble pas. Elle s'estime en terrain solide parmi les siens.
À la fin des années 90, «on croyait qu'il y aurait des éléments conjoncturels qui nous permettraient de ranimer le débat» sur la souveraineté, se souvient la chef.
Prendre l'initiative
Le Parti québécois «réagissait» aux événements. Avec son projet de «gouvernance souverainiste», il veut les initier.
«Fini d'attendre le grand soir! Il faut préparer le terrain.»
D'ici à la tenue d'un éventuel troisième référendum, un gouvernement péquiste exigera d'Ottawa le rapatriement d'espaces fiscaux, ainsi que le transfert de budgets dans des domaines comme la langue, l'environnement, la culture, le développement économique et l'immigration.
Ne dites pas à la chef qu'elle cherche à créer des querelles avec Ottawa. «Je trouve ça incroyable qu'on dise qu'on veut provoquer Ottawa, alors que c'est Ottawa qui nous provoque.» Il ne respecterait pas les champs de compétence du Québec.
«C'est quoi cette affaire-là? C'est eux qui décident d'investir dans des chaires universitaires; c'est eux qui décident de mettre des conditions aux transferts en santé, alors qu'ils n'ont rien à faire là, rien à voir là-dedans.»
Ranimer la flamme souverainiste passe par l'affirmation de questions touchant à l'identité, pense le Parti québécois. Il misera là-dessus.
Laïcité et loi 101
D'où le projet, plutôt consensuel, d'une Charte de la laïcité, mais aussi des propositions plus controversées, comme celle d'étendre l'application de la loi 101 au réseau d'enseignement collégial.
Pauline Marois peaufine son argumentaire : «Quand on vit à Montréal, la menace est énorme. Actuellement, on voit un mouvement d'anglicisation qui est reparti.»
Pour que davantage de jeunes francophones puissent véritablement apprendre l'anglais, elle souhaite instaurer des cours intensifs dans cette langue au secondaire.
Toujours sur le plan «identitaire», la chef péquiste a indiqué durant l'entrevue qu'il n'est pas question pour elle de jeter à la poubelle le projet de loi présenté par son parti en 2007 proposant de rendre inéligibles aux élections provinciales, municipales et scolaires les nouveaux arrivants qui n'auraient pas une connaissance «appropriée» du français au bout de trois ans.
Ils pourraient voter, mais pas se présenter aux élections.
Elle déteste que Jean Charest l'ait déjà accusée de vouloir créer «deux classes de citoyens» au Québec. Elle réplique par une question : «Est-ce qu'un État accepterait que quelqu'un veuille représenter des gens sans être capable de parler la langue de la majorité?»


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