Référendum en Écosse : « Non, restez ! », supplie Londres

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Écosse : l’indépendance à gauche toute

L’indépendance de l’Écosse est-elle viable et envisageable?
À quoi ressemblerait le Royaume-Uni sans l’union de ces deux États sacrés l’Angleterre et l’Écosse qui ont vécu, pendant longtemps, des destins parallèles avant de s’unir une première fois en 1603 puis en 1707 pour donner naissance au Royaume-Uni et signer, par la même occasion, l’arrêt de mort du Parlement écossais avant qu’il ne soit rétabli de ses droits en 1998?
Séparée de Londres, l’Écosse, quatorzième puissance de la planète à l’aune du revenu par tête, verra-t-elle ses habitants devenir plus ou moins riches?
Quel lendemain pour un « Royaume-désuni », amputé de 12% de sa population et du quart de son territoire?
Pour Boris Johnson, le maire de Londres, partisan du non, figure de proue des unionistes de « Better Together », qui signe une chronique ce matin, dans The Daily Telegraph, dans laquelle il se prononce « contre la décapitation de la Grande-Bretagne », la situation est d’une extrême gravité.
« Nous sommes sur le point de bousiller notre renommée et notre marque mondiale dans un acte d’automutilation qui laissera nos concurrents internationaux abasourdis, joyeux et discrètement méprisants », prévient le maire de Londres, pour qui, en cas de victoire du oui, « nous ne serons plus que des zombies, des morts-vivants, car une partie fondamentale de notre identité aura été tuée ».
- Boris Johnson, maire de Londres, partisan du non.

La reine Elizabeth II horrifiée à l’idée de voir son Royaume éclaté s’intéresse de très près aux derniers développements alors que les grands partis britanniques, dont le parti conservateur du Premier ministre David Cameron, cogitent désormais sur un plan transférant davantage de pouvoirs à l’Écosse. Et ce, quelle que soit l’issue du référendum du 18 septembre. Mais rien n’est encore joué!

L’Indépendance aux portes de l’Écosse
C’est la publication d’un sondage dimanche qui donne les partisans de l’indépendance de l’Écosse en tête pour la première fois, à quelques jours du référendum qui enflamme les esprits. En effet, selon ce sondage YouGov/Sunday Times, le oui remporte 47 % (+5 points) d’opinions favorables contre 45 % (-3) pour les partisans du maintien de l’Écosse au sein du Royaume-Uni, 6 % restant encore indécis et 1 % annonçant ne pas vouloir voter.
Les jeunes, chauds partisans du OUI
Si l’enquête d’opinion YouGov/Sunday Times montre que le oui est majoritaire chez les 16-59 ans, ce sont les 16-24 ans qui sont le plus tentés par l’émancipation vis-à-vis de Westminster (56 %). Si ces résultats venaient à se concrétiser le 18 septembre, cela montrerait que les indépendantistes ont pris un pari gagnant en ouvrant le vote aux moins de 18 ans.
Sans surprise, les 60 ans et plus plébiscitent le maintien dans l’union avec Londres à 59 %. Les femmes restent toujours plus sceptiques que les hommes parmi les 1 048 personnes sondées, avec 47 % en faveur du maintien dans le Royaume-Uni contre 42 % séduites par l’indépendance.
Douche écossaise pour la classe politique britannique
C’est le branle-bas de combat à Westminster. Le scénario de l’indépendance a clairement été sous-estimé et ses conséquences jamais évaluées. Londres a proposé dès dimanche un plan alternatif en cas de victoire du non au référendum avec une plus grande autonomie fiscale et plus de pouvoirs en matière de santé. On peut s’attendre d’ores et déjà à un effritement de la domination de Londres que ce soit en Irlande du Nord, au Pays de Galles.

« Même si le non l’emporte, nous attendons des changements constitutionnels importants au Royaume-Uni, déclare Graham Walker, professeur de sciences politiques à l’université Queen’s de Belfast. Je pense que nous nous acheminons vers une union plus souple, peut-être une sorte d’union fédérale ».

Les marchés financiers réagissent mal
La hâte avec laquelle ont été annoncées ces mesures pour davantage d’autonomie, quelques heures seulement après la publication du sondage, a rendu les marchés financiers nerveux et la livre sterling a atteint ce matin [le 8 septembre] son plus bas niveau depuis dix mois.
L’indépendance : à gauche toute!
Whiskys, kilts, tartans, cornemuses, danses « highlandaises »… Les Écossais sont fiers des richesses de leur folklore et ne rate pas une seule occasion pour mettre à l’honneur leur histoire, leur culture ainsi que leur identité qui est multiple – à la fois écossaise, celte et britannique. Mais la cause indépendantiste ne s’appuie sur aucune querelle culturelle, linguistique ou identitaire.
Car Londres n’a jamais joué à ce jeu-là.
Par ailleurs, l’opposition se manifeste sur les plans politique et économique.
« Notre aspiration à l’autonomie est l’aboutissement de quarante années de divergences entre une Écosse sociale-démocrate, profondément attachée à l’État-providence, et un pouvoir britannique de plus en plus fasciné par le néolibéralisme, » explique Michael Keating, Professeur de sciences politiques à l’université d’Aberdeen.

Il faut savoir que sous l’époque de Margaret Thatcher, les Écossais (qui n’ont pas beaucoup d’estime pour elle) ont payé plus que leur part à la désindustrialisation.
Alors pourquoi l’indépendance?
« Parce qu’il est logique que le peuple écossais veuille les pouvoirs correspondant à ses préférences politiques », dit clairement Le Premier-ministre écossais, chef du Parti national écossais (PNS).

Le livre blanc multiplie les arguments : meilleure couverture sociale, meilleure éducation, meilleur niveau de vie.
Comment? Grâce au contrôle du pétrole de la mer du Nord – à 90% dans les eaux territoriales écossaises qui sera géré par un fonds à la norvégienne.
D’ici là, restons attentifs à la situation. Peut-être, pourrions-nous nous en inspirer?
Pensez-vous que l’issue du scrutin en Écosse aura des répercussions sur le Québec?


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