Rapport Durham version 2013

Tribune libre

[1] Le peuple québécois, un peuple sans fierté
Soins de santé gratuits, niveau de vie élevé, libertés individuelles très développées, éducation de qualité et de renommée, langue française qui a survécu à plus de 400 ans d’histoires et à mon dernier rapport d’il y a déjà 174 ans, maîtrise des techniques et savoir-faire reconnu mondialement dans plusieurs domaines dont l’hydroélectricité, terre d’accueil de choix pour des milliers de personnes annuellement, taux de criminalité bas, politiques sociales développées au soutien des familles, mais pas de quoi faire bomber le torse des Québécois!
Malgré leurs plus grandes réussites, ce peuple réussit à se sentir comme de la vermine. Ils préfèrent décrier leurs échecs et leur dette publique à croissance exponentielle (au même niveau que la plupart des États du monde) que de célébrer, la tête haute, leurs plus grands exploits. Je dirais même plus. Leurs plus grands exploits sont petits à leurs yeux. La petitesse a profondément marqué leur vocabulaire…
Il y a un prix à payer pour chaque réussite, bien les Québécois mettent davantage l’accent sur le prix que sur la réussite. C’est un peuple complexé qu’il est préférable de garder la tête baissée pour mieux contrôler.
[2] Les Québécois, d’infatigables chialeux
C’est un peuple de pleurnichards. Ils se plaignent parce qu’il neige chez eux alors que des villes entières sont dévastées chaque année par des catastrophes naturelles bien plus lourdes de conséquences. Ils ont de la neige et c’est la fin du monde! Ils peuvent chialer pendant des années sans se fatiguer. Ils se sont plaints pendant près de dix ans du gouvernement libéral alors qu’ils pouvaient le remplacer aux quatre ans! Je n’ai jamais vu ça!
Ils ont de l’eau à profusion, une des plus grandes richesses qui soit, mais ils chialent parce qu’ils ont de la pluie. Face à leur État, les Québécois sont d’éternels insatisfaits, réclamant programmes sociaux et gratuités tout en pensant qu’ils se font avoir en payant taxes et impôts. Et ils ne manquent pas de s’en plaindre. Quels cons!
[3] Les trouillards d’Amérique
Ils ont peur que le pétrole détruise leur environnement, mais ils ont peur d’imposer trop de règles aux pétrolières parce qu’ils ont peur que celles-ci n’investissent plus au Québec, ce qui leur fait peur de nuire à l’économie.
Ils ont peur que les plus fortunés les quittent parce qu’ils auraient peur de payer plus d’impôts. Ils ont peur de disparaître, mais ils ont peur d’être et de ne pas être à la hauteur. Ils ont peur de la guerre, mais ils ont peur d’avoir plus peur s’ils prennent les moyens pour décider de ne plus y participer. Les Québécois ont bien du mal à assumer leurs choix. La peur les paralyse. C’est le temps de les mettre à notre main.
[4] Le petit peuple douillet
Ils sont bien chez eux dans le confort de leur foyer. Le peuple québécois est peu enclin aux grandes mobilisations sociales. Ils ont des tonnes de causes à cœur, mais ils préfèrent remettre entre les mains d’autrui le sort de ces causes.
Les mobilisations québécoises sont marquées par des mobilisations sectorielles de la société. Les catégories touchées se lèvent lorsque leurs intérêts sont en jeu, les autres restent, s’abstiennent et parfois même, fidèles à leurs habitudes, chialent.
Ils sont en général pour le progrès, mais davantage en chialant qu’en agissant massivement.
(Ne pas prendre cette section au pied de la lettre!)
***
Si je prends la peine d’écrire ces lignes pour traiter des défauts de mon peuple, ce n’est pas, rassurez-vous, pour nous faire sentir « cheap » face à nos voisins, ni pour détruire une estime de soi collective déjà fragile propice à l’assujettissement et à l’écrasement, ni pour démolir un modèle de société qui nous distingue et qui porte ses fruits.
Nos bons vieux médias traditionnels s’occupent déjà de véhiculer de tels discours et ils n’ont pas besoin de notre soutien.
En fait, il est important d’aborder le sujet pour deux raisons selon moi. D’une part, des défauts, ça fait partie de l’être, qu’ils soient à caractère individuel ou collectif. Tout le monde en a, tous les peuples en ont. C’est tout à fait normal. Ces défauts ne font pas de nous une nation qui ne mérite pas d’exister pleinement. Ils ne font pas de nous un peuple inférieur ou incapable.
Je crois que les Québécois doivent comprendre que leurs défauts collectifs forment une partie de leur caractère comme peuple et que ceux-ci ne peuvent pas servir de motif pour réduire leur peuple à l’insignifiance ou à l’incapacité de suivre son propre chemin.
D’autre part, des défauts, ça se travaille. Bien qu’ils existent dans les manières d’être et d’agir collectives d’une nation, ils peuvent évoluer et pour le mieux. Cela est possible. Déjà d’en prendre conscience, c’est un pas de fait.
L’amélioration de certaines de ces caractéristiques propres au peuple québécois (mais qui peuvent aussi caractériser d’autres peuples) est essentielle pour que la nation que forment les Québécois et Québécoises puisse prendre la pleine maîtrise de sa destinée.
Je partage avec vous quatre défauts marquants que j’ai pu observer chez les Québécoises et Québécois au plan collectif. Ils ne représentent pas les défauts de la somme des individus qui composent le Québec, mais vraiment des traits de caractère de la nation québécoise comme un tout. J’espère que d’autres sauront s’y reconnaître.


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3 commentaires

  • Jacques Dubreuil Répondre

    31 janvier 2013

    Je suis passablement d'accord avec vos idées. Mais je me demande s'il est important de toujours nous flageller en pointant seulement nos côtés négatifs. Pour savoir qui nous sommes, ne serait-il pas intéressant de miser sur nos forces?De montrer notre confiance optimiste, comme disait René Lévesque.
    D'autre part, votre ton plus-fin-que-les-autres (ce peuple, les Québécois...) crée une telle distance qu'il semble un refus de vous identifier vous-même. À cet effet, un nous conviendrait mieux pour motiver notre peuple qui comprendrait alors qu'une élite comme vous s'incorpore à la masse (=nous).

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2013

    Monsieur Gagnon Lacroix
    Si votre texte peut en réveiller une couple; ce sera déjà ça! La peur d'être soi-même, voilà la clef du problème. Nous sommes tellement mêlés avec ce multiculturalisme, ce bilinguisme "canadian", autrement dit, avec cette confusion identitaire collective qu'il n'est pas surprenant que nous ne sachions pas qui nous sommes. Un autre gros problème et non le moindre, c'est que nous sommes incapables d'intérioriser un pays autre que le Canada dans notre tête. La pédagogie du PQ pour l'indépendance du Québec a été une faillite, à cet effet. J'ai bien aimé votre texte!
    André Gignac

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2013

    vous êtes drôle ,de vouloir que les québécois se ventent de leurs exploits. On a pas le temps de se venter, y a encore trop d'ouvrage à abattre ;comme genre protéger nos arrières tout en regardant en avant pour continuer à avancer en restant nous même .