À la veille de la rentrée parlementaire à Québec, notre cher député de Beauce, Maxime Bernier, a crié haut et fort sur la place publique que le Québec devait cesser de «quêter de l’argent à Ottawa». Malgré tout le respect que j’ai pour M. Bernier et pour son implication très active dans la Beauce, je crois que ce n’est vraiment pas un de ses coups forts. Je n’ai rien contre le fait d’appeler les choses par leur nom ou de mettre de l’avant un problème afin de sonner l’alarme et dans le but de cheminer vers des solutions.
Cependant, je pense que M. Bernier fait fausse route lorsqu’il affirme que le Québec est financièrement dépendant du reste du Canada, voir qu’il « quémande » de l’argent au gouvernement fédéral. En fait, comme Beauceron et Québécois, je suis profondément choqué et indigné par cette déclaration de mon député fédéral. Je vous explique pourquoi.
D’abord, étant un député conservateur, M. Bernier pourrait difficilement être plus mal placé pour porter quelque jugement que ce soit sur la situation économique du Québec. Rappelons quelques décisions prises par son gouvernement et qu’il a appuyées tout bonnement (les libéraux et le NPD ont fait de même soit dit en passant) : le financement par le gouvernement fédéral du projet hydroélectrique du Bas-Churchill à Terre-Neuve qui fera une concurrence déloyale à Hydro-Québec qui elle, a été financée entièrement par le gouvernement québécois, sans l’aide du fédéral, le soutien disproportionné du fédéral accordé à l’industrie automobile ontarienne comparativement au soutien accordé à l’industrie du bois au Québec aux suites de la récession économique de 2008, les contrats d’une valeur qui s’approche des 33 milliards de dollars accordés par la Défense nationale à un chantier maritime de la Colombie-Britannique alors que le Chantier Davie au Québec n’a rien obtenu, même s’il possédait tout le savoir-faire requis, etc.
Avant de juger le gouvernement du Québec, M. Bernier pourrait commencer par faire son travail d’élu fédéral québécois et défendre les intérêts économiques du Québec au lieu d’appuyer les mauvaises décisions du gouvernement conservateur pour ensuite se retourner vers les Québécois et les traiter de pauvres petits quêteux! Je trouve cette façon d’agir inacceptable.
Ensuite, je suis un fier Québécois et aussi un contribuable canadien au même titre que n’importe quel Albertain ou n’importe quel Ontarien. Avec tous mes autres collègues québécois payeurs de taxes et d’impôts, je contribue à envoyer plus ou moins 45 milliards de dollars à Ottawa, selon les années. Ainsi, il est tout à fait normal que je veuille que ces sommes soient utilisées chez nous, pour répondre aux besoins du Québec et de ma circonscription. Cela ne fait pas de moi ni tous les Québécois des mendiants! Nous voulons seulement que le gouvernement fédéral que nous finançons grandement nous rende la pareille lorsqu’il est temps de dépenser et de répartir ces fonds. C’est ce qu’on appelle être à son affaire et non pas « quêter ».
C’est franchement insultant d’entendre le député de Beauce parler d’une dépendance financière du Québec face au Canada. Il nous parle seulement de l’argent que Québec reçoit d’Ottawa, mais quand vient le temps de parler de l’argent qu’Ottawa reçoit des poches des Québécois, il se fait plus discret. Que ce soit la péréquation ou n’importe quel autre transfert du fédéral au Québec, il faut rappeler que cet argent provient aussi des contribuables québécois qui représentent environ 22% de l’ensemble des contribuables canadiens. Est-ce que les Québécois profitent toujours de 22% des investissements et des dépenses du gouvernement fédéral? Pour moi, c’est clair que la réponse est non. Revenez simplement aux exemples mentionnés précédemment. Au lieu de défendre son peuple, Maxime Bernier lui crache dessus et le rabaisse.
Il y a toutefois un point sur lequel je suis d’accord avec M. Bernier. Le Québec doit effectivement régler ses propres problèmes dans sa propre cour. La raison est simple : nous ne sommes jamais mieux servis que par nous-mêmes. Oui, il y a certainement des décisions difficiles qui devront être prises par le gouvernement du Québec dans les prochaines années eu égard à son budget. Je crois que tout le monde va être d’accord là-dessus. Cependant, le plus fondamental, c’est que si nous voulons que le Québec puisse régler ses problèmes entièrement par lui-même, il faut qu’il soit en mesure de prendre toutes ses décisions lui-même.
Au lieu d’envoyer taxes et impôts à Ottawa et d’attendre que l’argent revienne ou d’avoir à se battre (ou quémander, selon M. Bernier) pour ce faire, je crois que le Québec serait gagnant à gérer par lui-même la totalité des taxes et impôts payés par les Québécois. C’est la meilleure façon de cesser de nous faire traiter de quêteux pour vouloir profiter de notre propre argent. C’est aussi la meilleure façon de devenir plus riches, en investissant les deniers publics dans nos propres projets. Là-dessus, vous savez ce que j’en pense, ça nous prend un pays à nous les Québécois, le pays du Québec.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
23 mai 2014Le gouvernement fédéral par l'entremise de son député conservateur anti québécois Maxime Bernier trouve que le Québec quête trop pour recevoir son dû d'Ottawa.
Le Québec coûte trop cher comme province au fédéral....
Je ne comprends pas pourquoi Monsieur Bernier et le gouvernement fédéral sont contre la séparation du Québec????Ces fédéralistes ont voté non au référendum pour la séparation du QUÉBEC voulant garder le Québec, qui coûte trop cher, dans le giron fédéraliste.
POURQUOI!!!!!
Quand le Québec sera indépendant et libre il ne quêtera plus rien à Ottawa.....Il sera libre de son destin de ses impôts et de ses décisions!!!!
Moi, lorsqu'un quêteux s'en va, je suis très contente de le voir partir et de ne plus avoir affaire à lui..
Pourquoi le Fédéral veut-il garder des «QUÊTEURS» je ne comprends pas???
La solution , Monsieur Bernier, c'est l'indépendance du Québec Ottawa n'aura plus de problème avec cette province qui sera dorénavant libre hors du CANADA.
Elle gardera son argent et ne vous quêtera plus jamais...
VIVE LE QUÉBEC LIBRE!!!
Jacques Bergeron Répondre
22 mai 2014Si mon gouvernement devait plus de 125 milliards «au Québec» ,conséquences de l'abandon d'une partie (5 milliards «$ /année depuis 94-95) de sa participation dans le projet d'assurance maladie dans lequel Ottawa s'était engagé lors de sa création, j'aurais honte de venir donner des leçons à mes concitoyens du pays du Québec où
j'habite. Bien sûr on connait votre gout pour la famille Couillard qui a pris la relève du Parti Québécois avec à peine 40,6% des voix exprimées. Dites-vous que vous êtres bien chanceux de vivre dabs un système anglo-saxon à un tour, car si vous aviez vécu dans un mode de « scrutin à deux tours» votre victoire aurait pu être une défaite avec les mêmes électeurs et électrices anglophones et Canadien-français assujettis à leurs maîtres fédéralistes.