Aide sociale ou abandon social?

Tribune libre

Les flèches arrivent de partout. La ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, a l’air d’un porc-et-pic tellement on ne s’est pas gêné! Les libéraux se réclament promoteurs du progrès social, André Frappier, coporte-parole de Québec Solidaire, accuse même le Parti Québécois d’associer le mouvement souverainiste aux « coupures » mesquines à l’aide sociale. C’est le capharnaüm! C’est l’apocalypse!
Le pire, c’est qu’on compare même les changements apportés à l’aide sociale par Québec à la réforme de l’assurance-emploi d’Ottawa. C’est plutôt gênant et insultant. Bien sûr, il n’y a pas que du bon dans la réforme du programme d’aide sociale de la ministre Maltais.
Entre autre, la modification du règlement en ce qui concerne les règles d’admissibilité pour les prestations concernant les services de désintoxication est très discutable. Encore faut-il qu’en tentant d’éviter les abus, on ne décourage pas les gens qui ont des problèmes de toxicomanie à aller se faire soigner, une démarche qui requiert déjà beaucoup de courage et qui génère déjà beaucoup de stress. Il faut faire attention à cela à mon avis.
Cependant, ne nous laissons pas avoir par les mots ou par les perceptions. Examinons quelques faits.
Premièrement, la réforme, après avoir suscité la grogne de plusieurs acteurs du milieu social et de la Protectrice du citoyen, a réussi à remettre à l’avant-scène la question du sort des plus démunis de notre société. Maintenant, on n’a pas le choix de se mettre sur leur cas. Même la ministre Maltais est tenue d’en tenir compte et ne peut pas en faire abstraction dans sa réforme.
Alors que ces quelques 85 000 personnes les plus pauvres du Québec sont traditionnellement les grands laissés pour compte de la plupart des projets sociaux, cette fois-ci, on n’aura pas le choix de les inclure. Ils sont sortis de l’ombre et on ne peut plus les ignorer. (Communiqué de presse du Cabinet de la ministre de l’Emploi et de la solidarité sociale, [2013-04-09], p. 3)
Deuxièmement, pour les 9 471 familles bénéficiaires de l’aide sociale composées de deux adultes qui seront touchées par la réforme, c’est une opportunité de troquer une prestation spéciale mensuelle de 129$ pour une de 195$, à condition de participer à un programme d’employabilité. (Communiqué de presse du Cabinet de la ministre de l’Emploi et de la solidarité sociale, [2013-04-09], p.2)
Troisièmement, pour les 1 900 personnes âgées entre 55 et 58 ans bénéficiant de l’aide sociale québécoise, les droits acquis concernant la prestation spéciale pour contrainte à l’emploi seront conservés.
De plus, leur situation sera évaluée au cas par cas. (Communiqué de presse du Cabinet de la ministre de l’Emploi et de la solidarité sociale, [2013-04-09], p.1) On est donc bien loin de leur couper ignoblement l’herbe sous le pied comme le font les conservateurs avec les travailleurs saisonniers des régions du Québec et des provinces maritimes.
À la lumière de ces faits, on peut dégager un objectif de cette réforme consistant à accompagner les personnes les plus vulnérables de notre société sur le chemin de l’emploi et de l’autonomie. Je crois sincèrement que c’est la vision de la ministre Agnès Maltais. Je la partage depuis longtemps.
Pour moi, l’aide sociale sert à prendre en charge des personnes en détresse qui, pour diverses raisons, ont besoin d’une aide particulière. Le but est de conserver leur dignité, leur humanité et de leur procurer un bien-être qu’ils ne sont pas en mesure de se procurer eux-mêmes. Le meilleur moyen d’aider ces gens-là, selon moi, se résume à ce proverbe :
Quelqu’un te quémande à manger, donne-lui du poisson et il te sera reconnaissant.
Montre-lui à pêcher et il te sera éternellement reconnaissant.
On ne sort pas des gens de la pauvreté à coups de suppléments de prestations d’aide sociale. On les sort de la pauvreté en les encadrant, en leur redonnant confiance en eux-mêmes, en faisant tout ce qui est possible pour conserver leur dignité humaine.
Les prestataires de l’aide sociale au Québec méritent cette aide. Ils n’ont pas à être condamnés à attendre un petit 50$ supplémentaire de l’État pour mettre du beurre sur leur tranche de pain.
Il faut absolument qu’au Québec, le programme d’aide sociale vise à aider ses bénéficiaires à reprendre leur vie en mains. Il faut absolument leur offrir cette aide réelle, pas une aide de surface servant davantage à camoufler leur descente aux oubliettes qu’à les sortir du pétrin.
Par exemple, dans la réforme apportée par la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, c’est ce qu’on cherche à faire avec les adultes responsables des ménages. En les amenant vers l’emploi, dans toutes les situations où c’est possible, ce sont des familles entières que l’on tente de sortir de la pauvreté.
La réforme tient compte des situations particulières, telles que les infirmités ou les besoins de soins d’un des adultes concernés.
C’est une vision avec laquelle on vient apporter une bouée de sauvetage aux gens dans le besoin plutôt que de construire autour d’eux une île artificielle qui deviendra déserte dans le temps de le dire.
Après tout, c’est de l’aide sociale, pas de la décharge de nos responsabilités sociales en abandonnant des Québécois(es) dans le besoin à un programme sans issue.
De plus, si nous nous donnions un pays, nous pourrions consacrer toutes ces ressources pour sortir les gens de la pauvreté plutôt que de ramasser à la petite cuillère les gens abandonnés à petits feux par les programmes fédéraux.


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    15 avril 2013

    @Le chevalier du Lys
    SVP m'expliquer en quoi le projet Maltais n'est pas correct.
    Est-ce monsieur Gagnon Lacroix qui a mal compris?
    S'il s'est trompé, dites-moi en quoi? Je ne suis pas un fanatique. Expliquez-moi, je suis ouvert.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 avril 2013

    On semble oubliez que les organismes qui défendent les gens sur l'aide sociale au quotidien sont tous unanime pour dire que cette réforme est de l'abandon social et non de l'aide social, même les fonctionnaires doute de cette réforme et certains sont même prêt à mordre la main qui les nourrit pour dire le contraire du gouvernement.
    Lorsque de simple militant du PQ cherche à se faire spécialiste de la question dans l'unique but de défendre le PQ, alors que les spécialistes sur le terrain au quotidien dont le métier n'est que de connaître la loi sur le bout des doigts sont tous d'un avis contraire et bien je commence à être perplexe vis-à-vis l'aveuglement volontaire de certains péquistes.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2013

    Merci de mettre les choses en perspectives. Je trouve que Maltais et le PQ auraient avantage à mieux expliquer ce projet.
    Comme je comprends le projet, je ne peux qu'être d'accord.
    On vise à améliorer le sort de certains bénéficiaires et non pas de les couper. En tout cas, si je me trompe, j'accepterai qu'on me corrige.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2013

    9 400 familles pour 85 000 personnes seules.. ça donne une idée de cette société de la sélection naturelle qu'est le Québec où c'est dans les couches les plus défavorisées de la société qu'il y a le plus de solitude et le moins d'enfants...
    Surtout que dans ce 85 000, les personnes de 25 ou 30 ans à l'aide sociale qui vivent chez leurs parents faute de moyens ne sont même pas comptabilisées...
    Ça fait-y assez dur?
    Je me souviens de deux grands Québécois, Guy Paiement et Jean-Paul Régimbal, aujourd'hui partis pour un monde qu'il est facile d'imaginer meilleur, qui disaient que ce genre de société finissait toujours mal.
    Car lorsqu'on détruit les autres, on se détruit soi-même à quelque part.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2013

    Il ne faut pas critiquer ce que fait le PQ, sinon on va vous traiter de traître à la nation. Je voulais seulement vous en avertir!