Désolés d'exister?

Tribune libre

À Montréal, environ 40% des entreprises de 10 à 50 employés exigeaient systématiquement une connaissance de l'anglais pour ses employés. J'ai bien dit systématiquement et cette situation date de 2008. Il faudrait être aveuglément optimiste pour croire que la situation s'est améliorée depuis.
On dit souvent que la valeur d’une nation dépend de la façon dont elle traite ses minorités. Si c’est le cas, le Québec doit être une des nations les plus valeureuses du monde! Cependant, le constat est moins glorieux en ce qui concerne la façon dont elle se traite elle-même… Les francophones du Québec sont maltraités par une minorité, c’est bien simple! Et je ne dis pas cela pour faire pitié ou pour en appeler à une révolte contre les anglophones.
De toute façon, j’en ai assez de la nouvelle mode en politique qui consiste à boycotter toute forme de relativisme. Je n’ai rien contre les Anglo-québécois et je n’oserais croire pendant une seule seconde qu’ils sont les uniques responsables de ce qui se passe au Québec depuis des décennies avec la langue française.
C’est tout à fait scandaleux que des employeurs puissent, en toute légalité, discriminer à ce point les francophones dans l’embauche.
Certains postes nécessitent une connaissance de plusieurs langues ou de l’anglais ou du français spécifiquement. Cela se justifie. Cependant, lorsque de telles exigences linguistiques se posent systématiquement dans une proportion aussi importante d’employeurs, il y a certainement de celles-ci qui sont injustifiées, injustifiables et lorsque c’est le cas, c’est de la discrimination pure et simple.
Allons-nous accepter cela indéfiniment? Allons-nous, un jour, comme Québécois(es), oser nous regarder en face et prendre nos responsabilités de sorte que nous nous traitions convenablement, dignement, respectueusement, sans être navrés d’exister, sans avoir peur de vivre tel que nous sommes?
Au Québec, tout le monde a le droit de travailler en français. C’est la règle. Les exigences linguistiques, dont l’exigence de connaître l’anglais pour obtenir un emploi, ce n’est rien d’autre qu’une exception qui doit se justifier en fonction des besoins particuliers de l’emploi.
Mais pourquoi au Québec faut-il toujours imposer des règles linguistiques? On écoeure le monde, on prive des communautés de leurs droits et on nuit à l’économie! Les maudits péquisss pis les séparatisssssss sont encore virés sur le top!
C’est toujours ben pas la faute des péquisss pis des séparatisss si le Québec est un lac rempli de « frogs » au beau milieu d’une terre de la Couronne!
Je n’ai pas le goût de vivre dans une société composée de communautés distinctes qui se côtoient et qui se tolèrent sans se regarder ni même se comprendre et pour éviter cela, avoir une langue commune est la moindre des choses.
Certaines sociétés peuvent se permettre peut-être d’avoir deux ou plusieurs langues communes, mais pas nous. Le contexte géographique, politique et démographique ne nous le permet pas sans mettre en péril la langue française.
Ainsi, imposer la langue française comme langue commune de la nation québécoise, ce n’est pas faire perdre des droits aux différentes communautés qui habitent le Québec, c’est nous donner le droit à nous-mêmes d’exister aujourd’hui et demain, c’est nous donner les moyens de vivre plutôt que de survivre et surtout, c’est donner les moyens à tous les Québécois(es) de toutes les origines de s’intégrer à cette nation.
La langue commune doit s'appliquer aussi au marché du travail. La connaissance d'autres langues est certes un atout, mais doit demeurer un atout et non une nécessité.
Cessons de nous excuser et d’être désolés. Nous sommes une nation comme les autres, pas meilleure, pas inférieure, juste comme les autres et nous avons le droit d’exister comme les autres. Si ça écoeure le monde, peut-être qu’il existe une forme de racisme anti-québécois très subtile ou un profond mépris de soi collectif…
Quant à l’économie, parlons-en! Si on veut que la force économique des francophones s’améliore, ceux-ci doivent pouvoir travailler en français. C’est la fondation sur laquelle toute la croissance économique des francophones repose. Ils doivent jouir de grandes possibilités de contribuer au développement économique du Québec dans leur langue.
L’exigence de la connaissance d’autres langues au travail ne doit pas leur mettre des bâtons dans les roues, restreignant leur place dans la sphère économique du Québec et même à l’échelle internationale.
Il est temps de faire du droit de travailler en français au Québec un droit fondamental. C’est la moindre des choses à offrir aux Québécois(es) qui ont mené le combat de leur existence avec succès pendant plus de 4 siècles! Et si nous nous donnions un pays, tout cela irait de soi…


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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    17 mars 2013

    Oui, n'avoir rien contre les anglos, ça peut aller de soi, rester magnanime dans l'adversité... Ce serait justifié si nous vivions dans une société normale, aux chances égales!
    Mais il y a des relents de l'Empire: des West-Islanders qui écrivent des journaux comme le Suburban, qui produisent des déséquilibrés assassins de 4 septembre, envoyés de Dieu pour éliminer les francos, les séparatisss! Des journaux, des stations de radios occupés à calomnier les parlant français en entretenant la rumeur qu'ils enlèvent des droits à cette "minorité" montréalaise en réclamant l'affichage en français. Pourtant ils se vantent d'être plus bilingues que nous!
    Ce ne serait donc pas priver quiconque que d'occuper notre espace vital. Ils ont bâti Montréal? Mais en nous utilisant comme bras à bon marché, après la conquête. Le peu de rattrapage que nous avons arraché en éducation pour nous imposer au delà des professions libérales, dans les affaires aussi, ne représente pas la moitié du retard que nous souffrons toujours dans les études supérieures à comparer avec ceux qui eurent McGill quand nous avions les écoles de rangs! Pour nous faciliter l'accès au savoir, nous réclamons la gratuité universelle mais non, même l'actuel gouvernement en sursis considère ça comme une exagération. Les garderies, les maternelles, l'école, le collège, l'université, ça passe après les "droits aux mines de polluer en toute quiétude".
    Comment alors le peuple ne se convaincrait pas qu'il ne mérite que des jobines alternées avec le chômage, étirées dans l'aide sociale, puis terminées dans la rue par la police fédérale qui fouine dans vos garde robes?
    La grenouille s'est habituée à l'eau réchauffante dans la marmite jusqu'à se laisser ébouillanter! La grenouille se retrouve en attroupements d'"aînés" nostalgiques d'une tranquille révolution, au cours de beaux rassemblements pour rajeunir la loi 101... mais la population préfère des shows anglicisés, pour se mettre à la mode. (les vieilles querelles anglais-français, dira Trudeau)
    Désolés d'exister? Non, la nation québécoise n'existe déjà plus. Voilà pourquoi elle ne sait pas voter.