SONDAGE

Racisme: des chiffres qui ne collent pas à la réalité

Tolérance des Québécois / Sondage sur le racisme des Québécois


par Malorie Beauchemin -

Les Québécois sont-ils aussi racistes que le prétendent les résultats de récents sondages dévoilés cette semaine ? La réponse, pour plusieurs spécialistes et même des membres des communautés culturelles, est un non catégorique !
« Soixante pour cent, ça ne colle à aucune expérience vécue, pas la mienne, ni celle même des plus critiques de la société québécoise, affirme Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal. Là-dessus, 44 % ont dit être faiblement racistes. Ça peut vouloir dire des dizaines de choses différentes. Le fait d’être un peu irrité ou inconfortable avec l’immigration ou d’être contre certains accommodements raisonnables, ça ne veut pas dire être raciste. »
Le président du Conseil musulman de Montréal, Salam Elminyawi, abonde dans son sens. « Ça fait 35 ans que je vis ici, j’ai visité presque toutes les grandes villes du monde, et il n’y a pas de meilleur endroit pour vivre, explique-t-il. Je ne donnerais pas trop d’importance à ces chiffres. Parmi ceux qui se disent légèrement racistes, certains se rendent simplement compte qu’ils pourraient faire un peu mieux. C’est encourageant. Ce qui est plus alarmant, c’est le faible pourcentage qui est vraiment raciste et qui s’immisce dans les médias et la politique. »
Pour Bergman Fleury, spécialiste des accommodements raisonnables, ce sondage alarmiste est « une campagne de marketing », destinée à « vendre un produit ». Il soutient que les chiffres avancés ne reflète pas la réalité.
« Ça vient proposer l’image du Québec comme d’une société où on vit des violences interethniques majeures, alors que ce n’est pas le cas, affirme M. Fleury. Ce type de manchettes ne favorise pas et n’aide pas à améliorer les relations interculturelles au Québec. Ce sondage a beaucoup de défauts. Les gens peuvent se dire racistes sans l’être vraiment. »
L’autre danger majeur de ce genre de sondage, pour M. Antonius, c’est le fait de banaliser le racisme.
« Le fait de dire que près de 60 % des Québécois sont racistes réconforte les 16 % qui le sont vraiment. Ça légitime le fait d’afficher plus ouvertement des attitudes agressives. En ce sens, le jeu de Mario Dumont (en rejetant les accommodements raisonnables) est très dangereux, ajoute le professeur Antonius. Il jette de l’huile sur le feu, encourage le sentiment d’hostilité. »
Évidemment, tous s’entendent pour dire que la situation n’est pas parfaite au Québec. Qu’il existe certaines formes de racisme, mais jamais dans ces proportions.
« Cette société est accueillante, conclut Julius Gray, avocat, spécialiste notamment du droit de l’immigration. Il serait injuste de penser le contraire. »
En octobre 2001, un sondage SOM-La Presse-Radio-Canada révélait qu’aux yeux de 83 % des immigrants, la société québécoise est tolérante.


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