Y a-t-il encore quelqu'un qui pense aux agriculteurs ?

"Labourage et Pâturage sont les deux mamelles de nos pays"

Tribune libre

"Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France"
Sully, ministre et ami du Roi Henri IV
C'est par cette phrase magnifique, éculée par quatre siècles de bons et loyaux services, que les petits écoliers français découvraient encore dans les années 1960 - 1970 leurs racines paysannes aujourd'hui reléguées aux oubliettes. Le double sens de cette expression donnait par là même du travail à tout un monde et donnait surtout à tout un pays l'assurance de sa subsistance.
A l'ère industrielle et même post-industrielle, que reste-t-il des bases agricoles sur lesquelles plusieurs pays se sont bâtis ? On Oublie facilement la contribution à la richesse collective de cette agriculture prospère, constamment innovante, tant par un travail de sélections des meilleures races, des semences les plus productives, ou dans l'utilisation de la génétique et des techniques de productions à la pointe. Les peuples se sont toujours essuyés dédaigneusement les pieds sur ceux qui les nourrissent.
De par le monde, les reproducteurs Charolais, Limousin ou Salers ont fait la preuve incontestable de leurs qualités de vitesse de croissance, rendement en viande et rusticité si bien définis dans ce critère des années soixante "leaner meat, faster gain". Les variétés de semences céréalières se sont améliorées là aussi au fil des siècles, fruit d'un travail d'observation et de besogneux qui pour ingrat qu'il était, ne fut jamais récompensé à sa juste valeur, alors que le "Club des cent quintaux à l'hectare" dépasse depuis longtemps ces rendements, et que le pain quotidien n'a de signification que pour les quelques survivants des turpitudes de l'époque 1940/45 où se sustenter était un "sport national" dont l'enjeu était les fameux tickets de rationnement.
En France, si se nourrir est devenu un droit à part entière, tout comme les allocations familiales ou la sécurité sociale, les politiques qui ont eu en charge les rênes de ce pays se sont mobilisés pour la norme des 35 heures de travail/semaine, des congés payés, et principalement et surtout des droits pour tous les immigrés, en oubliant jusqu'à l'existence même de ceux qui les maintenaient en vie, à savoir les paysans.
On a fait tout un plat d'une trentaine de suicides à la société de téléphonie Orange - France - Telecom, pour monter en épingle l'esclavage moderne de ces travailleurs hier encore bardés d'une sécurité mur à mur, et passé sous silence le suicide de 850 agriculteurs, je dis bien plus de 850 exploitants agricoles, qui durant l'année 2009 se sont supprimés après avoir atteint le bout du rouleau, victimes de conditions hyper stressantes, d'un système qui ne profite qu'aux grandes surfaces qui vivent sur leur fond de roulement à flux tendu, et qui paient à 80, voire à 120 jours ces adorables "cul terreux", et livré à un système bancaire dont les pratiques dévoyées précipitent le monde à la rue. Et la même chose se répète dans les campagnes québécoises.
Les agriculteurs ne sont que des "vide seaux" qui font fausse note dans le décor, on veut bien les voir une fois par an, au Salon de l'Agriculture à Paris ou au Calgary Stampede pour le divertissement des rodéos et autres "chuck wagon races" pourvu qu'ils travaillent au minimum 80 heures par semaine. Le message qu'on leur adresse est " t"es rien qu'un plouc, tu pues la bouse, et fais de l'air" pour ne pas dire autre chose, tout en permettant qu'une bande d'ignares, des écolos "baba cool" viennent leur donner des leçons sur ce qu'est le respect de la nature. Pourtant, qui nourrit qui ? C'est la misère qui se fout de la charité !
En cette période troublée, émaillée par des scandales à répétitions et la corruption de nos élites dirigeantes, il serait temps, si l'on veut encore demain manger à notre faim, de se souvenir de la "sagesse paysanne", et que "Labourage et pâturage demeurent les deux mamelles de nos pays", il serait grand temps de prendre en considération les souffrances et la détresse d'un monde agricole qui comme les oiseaux, se cachent pour mourir dans un silence sidéral aux conséquences irréversibles et incalculables. Où se trouve donc la véritable loyauté de nos dirigeants, qu'il s'agisse tout aussi bien de John James CHAREST ou de Nicolas SARKÖZY de NAGY-BOSCA ?
Christian SÉBENNE


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2 commentaires

  • Christian Sébenne Répondre

    28 août 2010

    Réponse à l'engagé,
    L'agriculture est un domaine dans lequel on ne peut forcer les gens à être "au cul des vaches" (excusez du peu), si M. le Président CHIRAC savait flatter le galbe de leur appendice, je n'ose imaginer que Mme MAROIS daigne montrer quelque attirance pour l'odeur des porcheries n'est ce pas, elle lui préfère les charmes des démêlés de la basse-cour syndicale, on ne peut chasser le naturel il revient au galop, je doute fort que dans cette ambiance délétère actuelle les problèmes d'intendance sur la provenance de la production des tomates soient à l'ordre du jour, on lui préfère les "accommodements raisonnables" du Nouvel Ordre Mondial qui nous jettera tous au tas de fumier.
    Christian SÉBENNE

  • L'engagé Répondre

    28 août 2010

    Marois, si elle voulait gagner des points devrait, faire une tournée des régions et, à l'instar de Chirac, montrer qu'elle se soucie de l'agriculture, on devrait la voir à l'oeuvre, pas juste pour la photo, mais pour qu'elle comprenne bien les dures réalité des petits et des gros producteurs, des industriels comme des bios et elle devrait terminer par la rédaction d'une politique (laquelle s'inscrirait dans une démarche d'indépendance) pour soutenir résolument la consommation locale (en trouvant des façons de contourner les contraintes de l'OMC).
    L'autre jour, au 4 frères, en PLEIN MOIS D'AOUT, sur 5 sortes de tomates, pas une n'était québécoise.
    INADMISSIBLE