Le gouvernement libéral de Jean Charest vieillit prématurément. Cela fait à peine 3 mois qu'il a été reporté au pouvoir, de façon majoritaire faut-il le rappeler, mais on le dirait déjà usé et sans ressort. Le premier ministre, et par le fait même son parti, avait connu un long passage à vide, entre 2007 et 2008, avant de coller plusieurs bonnes décisions et de reprendre le leadership politique. Cette poussée s'est produite quelques mois avant le déclenchement d'élections précipitées l'automne dernier.
Quelques petites mesures économiques, un tour de piste au Parlement et voilà qu'on aurait démontré qu'on a les mains sur le volant. Mais ce gouvernement s'est fait rattraper par les finances publiques, le retour au déficit, la hausse appréhendée des tarifs et la crise qui fait plier l'orgueilleuse Caisse de dépôt et placement. Surtout, ce gouvernement a bousillé en quelques semaines la crédibilité qu'il avait acquise en matière de gestion et miné la relation de confiance avec l'électorat.
Les Québécois peuvent comprendre qu'il y ait une crise mondiale et qu'elle traversera le Québec tôt ou tard. Ils ont plus de difficulté à admettre qu'on ne leur a pas dit la vérité sur l'état réel des finances du Québec durant la campagne électorale. La cassure n'a pu se faire en quelques semaines au début janvier. Le doute s'est installé sur la franchise, la transparence du cabinet Charest.
Le chiffre de 30 milliards $ de pertes à la Caisse circulait à l'automne, mais le premier ministre rétorquait à cette époque qu'on cherchait à faire peur aux gens. Au lieu de faire face depuis que les mauvaises nouvelles s'accumulent, le premier ministre s'est fait discret, tandis que sa ministre des Finances, Monique Jérome-Forget, réputée pour son style direct, donne l'impression d'être au supplice quand les journalistes l'abordent.
Entre-temps, il y a un flottement au plus haut niveau du pouvoir à Québec. Qui tient le volant? Le Conseil exécutif aurait pu demander au Vérificateur général d'examiner la Caisse et de nous expliquer pourquoi cette institution est celle qui a acheté le plus de papier commercial au Canada. On ignore pour le moment s'il y aura commission parlementaire et les questions en suspens se perdent dans le dédale procédurier.
FAIRE LES COMMISSIONS
Honnêtement, je ne suis pas convaincu qu'une commission parlementaire soit le meilleur instrument pour éclairer les électeurs, mais c'est préférable au silence. Ces commissions virent souvent en foire d'empoigne -ce fut le cas à Ottawa avec la comparution d'André Juneau -ou à l'eau de vaisselle. Des politiciens qui y vont pour placer leur «clip», des députés mal préparés qui affrontent de grosses machines (Hydro-Québec, la Caisse...) et une analyse superficielle. Généralement, beaucoup de tape-à-l'oeil et peu de substance.
Vous rappelez-vous que l'ex-grand patron de la Caisse, Henri-Paul Rousseau, a témoigné en novembre 2007 devant la Commission des finances publiques, pour s'expliquer sur la débâcle des PCAA? Il avait ensorcelé les élus sur place et s'en était sorti sans égratignure. La relecture des transcriptions démontre à quel point il était fier de la cote AAA attribuée à la Caisse. On dénote également ses contacts constants avec la ministre des Finances durant cette période perturbée.
On cherche encore ce que le gouvernement québécois pourra offrir au cours des prochaines semaines aux électeurs, et quel est son plan de match. À deux reprises au cours des dernières années, il s'est refusé à occuper le champ fiscal libéré par Ottawa, qui avait baissé la TPS de 2 %. Impopulaire, certes, cette mesure lui aurait donné une marge de manoeuvre financière et permis de financer les réseaux. On a nettement manqué de vision.
S'il n'y pas de reprise en main, les quatre prochaines années risquent d'être longues.
Qui tient le volant?
Le doute s'est installé sur la franchise, la transparence du cabinet Charest.
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