Quels rôles pour les sociétés d’État dans le tissu économique du Québec?

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Le régime libéral a saccagé Hydro-Québec

Le chef de la CAQ qui évoque de nouveaux barrages pour Hydro-Québec à condition de décrocher des contrats d’exportation supplémentaires, l’actuel ministre des Finances qui doit dévoiler sous peu un rapport sur les options stratégiques de la Société des alcools… À quelques semaines du scrutin, les deux sociétés d’État se retrouvent, à nouveau, sous les projecteurs du politique.


Commandé auprès de PricewaterhouseCoopers cet été, le rapport sur la SAQ et son modèle d’affaires devrait d’ailleurs être publié au début de la semaine, selon ce qu’a indiqué au Devoir le cabinet du ministre des Finances, Carlos Leitão. « On pense que c’est vraiment au bénéfice de tout le monde qu’il y ait un peu de concurrence », a affirmé le premier ministre Philippe Couillardvendredi sur les ondes de Radio Énergie.


Quelle est la probabilité qu’on ouvre un jour la concurrence face au monopole de la vente de vins et spiritueux ? « Je pense qu’on est très proches, pour de multiples raisons », dit Frédéric Laurin, professeur en économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, qui compte la SAQ parmi ses sujets d’expertise. Plus personne ne parle de privatiser la SAQ, dit-il, le discours portant davantage sur l’idée d’un « système mixte ». « La CAQ parle de ça, c’est ce à quoi le Parti libéral va en venir quand il va présenter son projet, l’Institut économique de Montréal l’évoque, et c’est ma position aussi », avance-t-il.


« Il y a un tel engouement pour les vins, pour les bons alcools et pour les produits québécois qu’on commence à atteindre les limites du système de la SAQ », dit M. Laurin. Sa proposition : créer un nouveau permis d’alcool pour les petits cavistes. Le réseau de la SAQ est présent sur tout le territoire, « donc aura encore une certaine puissance d’achat » et « le service de base est bon ». Mais l’émergence de cavistes permettrait une « approche clientèle très différente », selon lui, et d’avoir « des produits que la SAQ n’aime pas beaucoup offrir, comme des produits de spécialité et artisanaux, car elle a la même gestion de distribution que des grands distributeurs comme Metro ou Costco. »


1,1 milliards


C’est le dividende versé par la SAQ dans les coffres du gouvernement en 2017-2018, comparativement à 2,28 milliards pour Hydro-Québec et 1,27 milliard pour Loto-Québec.


La SAQ a versé en 2017-2018 un dividende de 1,1 milliard dans les coffres du gouvernement, comparativement à 1,27 milliard pour Loto-Québec et 2,28 milliards pour Hydro-Québec.


L’exportation d’Hydro-Québec


Le Plan stratégique 2016-2020 d’Hydro-Québec est clair : la société d’État espère augmenter son bénéfice net en doublant ses revenus d’ici 2030. Pour y arriver, Hydro, qui affiche des surplus énergétiques, mise notamment sur l’exportation et travaille d’arrache-pied pour décrocher des contrats aux États-Unis. La société y génère une partie importante de son bénéfice annuel et affirme, dans ses plus récents résultats semestriels, pouvoir offrir à ses clients du Nord-Est américain des « prix concurrentiels ». Au premier semestre de 2018, elle a exporté un volume en hausse de 7 % par rapport à l’an dernier (18,7 TWh), mais au prix légèrement inférieur de 4,5 ¢/KWh.


Les débouchés aux États-Unis ne sont pas simples, dit Jean-Thomas Bernard, professeur invité au Département des sciences économiques de l’Université d’Ottawa et expert en questions énergétiques. « Les prix à l’exportation sont généralement bas actuellement. Parmi les facteurs, il y a le prix du gaz naturel qui est bas, et la demande qui croît très lentement, même au Québec. »


L’enjeu des surplus a fait partie des éléments mentionnés par le p.-d.g. d’Hydro-Québec, Éric Martel, dans sa lettre envoyée aux chefs innus le mois dernier, lorsqu’il a fait part de ses doutes au sujet de certains aspects financiers du projet éolien Apuiat. Le premier ministre Couillard a par la suite affirmé publiquement que le projet devait aller de l’avant.


« On va commencer par signer des contrats de vente et ensuite on lancera des projets pour produire. Quand Philippe Couillard veut signer [le projet Apuiat sur la Côte-Nord] alors qu’on est en surplus et qu’il n’a rien vendu, c’est de la mauvaise gestion. Il fonctionne à l’envers », a lancé François Legault le 3 septembre.


> La suite sur Le Devoir.



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