Quelle trêve ? Quelles solutions à la crise étudiante ?

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012

Encore une fois, le gouvernement fait violence au vocabulaire et à la langue française : il n’y a pas de trêve ! En effet, si les associations étudiantes ont répondu à la demande du gouvernement de suspendre leurs actions, l’État sous l’autorité du PLQ continue ses interventions pour casser le mouvement étudiant, que ce soit à travers la multiplication des injonctions, les manœuvres de toutes sortes pour neutraliser la démocratie étudiante, la poursuite du harcèlement de la part de la police ou des agences de sécurité, ou la judiciarisation et la criminalisation d’actions pacifiques.
Une trêve implique la cessation des hostilités de la part des deux parties: le gouvernement se refuse à faire ce qu’il exige du mouvement étudiant ! De plus, il continue à jouer sur les mots d’une manière provocatrice en affirmant qu’il n’y a pas de “négociations”, mais seulement des “discussions”.
Le moins qu’on puisse dire est qu’un certain scepticisme est de mise quant à la volonté du gouvernement de résoudre d’une manière adéquate et responsable un conflit qui dure depuis plus de deux mois !
Offensive judirique gouvernementale
Le gouvernement a engagé un stratège qui agit en son nom pour diriger les “discussions” avec les associations étudiantes. Il s’agit de Me Pierre Pilote, un avocat, expert dans les négociations, qui travaille pour le cabinet Gowlings, au service des entreprises privées et des gouvernements :
« Me Pilote agit à titre de procureur patronal pour différentes sociétés qu’il conseille et représente, notamment en matière de relations de travail, de santé et sécurité au travail, de décrets de convention collective et de contrats individuels de travail. »
« Il a développé une expertise à titre de conseiller stratégique auprès des dirigeants d'entreprises privées et agit au même titre auprès des dirigeants d'organisations gouvernementales et para-gouvernementales. »
(source : http://www.gowlings.com/NosGens/pierre-pilote)
La firme Gowlings, se présente comme étant l’un des « plus importants cabinets en droit des affaires du Canada » (http://www.gowlings.com/Firm/)
Le choix de ce négociateur et de cette firme dans les “discussions” avec les associations étudiantes indique que le gouvernement prend les grands moyens, à même les ressources financières de l’État, pour contrer la mobilisation étudiante, et que ce n’est plus Madame Line Beauchamp qui est véritablement “en charge du dossier”. Il faut s’attendre à une stratégie juridique et politique très offensive de la part de ce négociateur, et cela ne correspond peut-être pas à l’esprit d’une “trêve” que le gouvernement prétend établir !
Quelles solutions ?
Bien que le contenu des pourparlers entre le gouvernement et les associations étudiantes soit tenu secret, le fait que la CLASSE et la FEUQ annoncent la tenue de manifestations, cela amène à douter qu’ait été présentée une offre gouvernementale suscepible de régler honnêtement et adéquatement le conflit, et de permettre un retour en classe attendu depuis des semaines ! Le mouvement étudiant n’a peut-être pas intérêt à se départir de son rapport de force sur le terrain de l’école… même si de fortes pressions sont probablement excercées à cet effet à la table de “discussions” !
La triste réalité, dans ce conflit, est que le gouvernement, sommé par ses maîtres économiques de faire obstacle à un “printemps” populaire, n’agit que d’une manière aléatoire et improvisée, selon sa perception des gains politiques qu’il pourrait faire au dépens du mouvement étudiant, et non pour préserver ce Bien commun qu’est l’école !
Dans une perspective de retour au calme, un gouvernement responsable aurait au moins décrété l’amnistie de tous les militants arrêtés et judiciarisés pour leur seule présence dans des manifestations, ainsi que la levée des injonctions qui n’ont d’autre but que d’abolir la légitimité du mouvement étudiant et de ses instances démocratiques.
Yves Claudé


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    26 avril 2012

    Ça n'a plus aucun bon sens. Le gouvernement avec tous ses moyens financiers : une armée d'avocats grassement payée, des fonctionnaires expérimentés, qui qui se mobilisent contre des étudiants, faisant un travail bénévole, sans expérience, mais avec un grande coeur.
    Et nos médias qui mettent les deux parties sur le même pied! C'est à mourrir de honte de voir Patrice Roy confronter les étudiants sur les ondes, alors que la ministre ne daigne même pas vouloir lui parler. Honte ! Honte ! Honte ! Sur notre gouvernement, et qu'on s'en débarrasse le plus vite possible.