Que restera-t-il de la Syrie?

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Le pays maudit






C’est devenu le pire pays au monde. Là où les pires atrocités sont commises; là où les assassins les plus sadiques se donnent rendez-vous; là où des millénaires de patrimoine mondial sont réduits en poussière. La Syrie est devenue un pays maudit et quatre années de guerre civile plus tard, impossible d’imaginer en tirer quoi que ce soit de bon.




Ce 15 mars marque, jour pour jour, le début de la descente aux enfers de la Syrie. Il y avait pourtant tellement d’espoir dans l’air, le 15 mars 2011, lorsqu’à Damas, à Alep et à Dara’a, dans le sud du pays, les protestataires sont descendus dans les rues.




Mobilisés par l’arrestation et la torture d’étudiants qui avaient tracé des graffitis antigouvernementaux, les manifestants rêvaient aussi d’un grand bouleversement pacifique à la tunisienne ou à l’égyptienne. Le fameux «Printemps arabe» donnait encore, à l’époque, le sentiment que des décennies d’immobilisme et d’oppression allaient s’évaporer sous les coups d’une jeunesse poussée à bout.




Adieu l’espoir !




On sait ce qu’il en est: la société syrien­ne se désintègre, le chômage explose, les enfants abandonnent les écoles et l’espérance de vie s’effondre. Le Centre syrien pour la recherche politique, un organisme soutenu par l’ONU, parle, dans un long rapport tout juste déposé, d’un «développement humain qui recule rapidement», un drame sans nom et un immense danger dans une région aussi explosive.








Le chômage concerne 57,7 % de la population, contre 15 % avant 2011








La désintégration de la Syrie, selon ce rapport, a conduit à une perte économique de 200 milliards de dollars. Le chômage concerne 57,7% de la population, contre 15% avant 2011. Quatre Syriens sur cinq vivent dans la pauvreté et, statistique bouleversante, l’espérance de vie à la naissance, qui atteignait presque 80 ans avant le conflit, n’est plus que de 55 ans.




Égorgeurs à l’œuvre




Et bien sûr, la Syrie est partagée entre une multitude de milices, dont les sauvages de l’État islamique, et les forces d’un dictateur, Bachar al-Assad, indifférent aux souffrances de son peuple. Pour preuve, avec un pays dans un tel état, il a récemment affirmé au magazine américain Foreign Affairs que «les Syriens le soutenaient toujours» et que la victoire n’était qu’«une question de temps».




Et comme si toute cette souffrance ne suffisait pas, la colossale tragédie humaine qu’incarne désormais la




Syrie se trouve au cœur d’une lutte immensément plus grande. La Russie continue de défendre le régime d’Assad aux Nations unies pendant que l’Iran l’alimente abondamment en argent, en moyens militaires et en combattants.




Un mal qui s’étend




L’Irak vacille sous les coups des djihadistes qui ont leurs bases en Syrie, pendant que la Jordanie, le Liban et la Turquie peinent à absorber les quatre millions de réfugiés qui ont fui les horreurs de la guerre. L’Arabie saoudite, se méfiant des islamistes et inquiète de voir l’Iran accroître son influence, s’arme aveuglément: avec 6,46 milliards $ d’achats en 2014, le royaume wahhabite trône au sommet des pays importateurs d’armes.




Quatre ans précisément après le début des troubles, il n’y a pas que la Syrie qui va mal. Et la question n’est peut-être pas uniquement de savoir ce qu’il en restera quand les atrocités prendront fin, mais dans quel état se trouvera le Moyen-Orient au grand complet quand les haines n’auront laissé personne là-bas sans cicatrice.


 





3,7 millions de réfugiés au total






 


Turquie →

1,6 million


Liban →

1,2 million 


Jordanie →

622 000 


Irak →

242 000 


Égypte →

137 000

 




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