Le retour du fantôme nucléaire

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Le retour du Dr Folamour





Barack Obama vient de se donner un nouveau secrétaire à la Défense. Ashton Carter arrive à la tête du plus imposant appareil militaire de l’histoire de l’humanité avec un profil singulier: un doctorat en physique nucléaire. Jamais, ceux-là, on ne les retrouve à un tel poste. Mais Carter s’est fait la main depuis 20 ans dans les couloirs du Pentagone et il a développé, avec le temps, une vision apocalyptique de ce que les ennemis des États-Unis peuvent leur faire subir. À donner le frisson.


Pas étonnant qu’Ashton Carter, comme le veut la Constitution américaine, ait été approuvé par le Sénat, et avec enthousiasme: 93 pour, 5 contre. Les adversaires républicains du président se montrent rarement aussi bienveillants à l’égard de ses candidats à un quelconque poste. C’est que Carter connaît bien son ministère, ayant déjà été sous-secrétaire et, à une autre époque, responsable de l’achat d’armements et de munitions.


Une imagination inquiétante


Ce qui est toutefois fascinant chez l’homme, comme le relevait le journal washingtonien Politico, c’est qu’il est un peu le Dr Doom – le «Monsieur Fin du monde» – du gouvernement Obama. Au milieu des années 2000, par exemple, il avait publié une analyse au titre terrifiant: «Le lendemain: actions à prendre à la suite d’une explosion nucléai­re dans une ville américaine.»


Il y proposait, par exemple, de fermer les autoroutes aux survivants paniqués pour faciliter la circulation des véhicules d’urgence. Il envisageait l’évacuation massive de grandes villes, s’attendant à ce que d’autres explosions surviennent si la première avait réussi. Et il considérait l’éventualité crève-cœur de faire des concessions aux terroristes pour mettre fin aux champignons atomiques sur le territoire américain.


Plus d'argent pour les pires bombes


C’est à se demander, ces temps-ci, si les scénarios dévastateurs de «destruction mutuelle» de la Guerre froide ne connaissent pas une nouvelle vie à Washington.


Walter Pincus, journaliste du Washington Post qui décortique les textes gouvernementaux les plus obscurs, a constaté que Barack Obama avait sollicité, pour 2015-2016, 8,8 milliards $ du Congrès pour l’armement nucléaire du pays: une hausse de plus de 10% par rapport à l’année dernière.


Loin de privilégier la non-prolifération nucléaire, Walter Pincus conclut que ces demandes budgétaires donnent le sentiment que le pays se prépare, en fait, à une guerre atomique. Pas exactement le message à envoyer à des pays comme l’Iran, que l’on essaie de peine et de misère de convaincre d’abandonner son programme nucléaire militaire.


Un mauvais exemple à donner


D’ailleurs, un échec de ces négociations avec Téhéran va immanquablement déclencher une série de sanctions, votées par les plus durs au sein du Congrès américain. Des sanctions auxquelles les plus durs au sein du régime iranien risquent de répondre en fonçant, les yeux fermés, vers la production de leurs propres bombes nucléai­res.


La réaction d’Israël sera immédiate et terrible, alors que, parallèlement, l’Arabie saoudite, l’Égypte et peut-être même la Turquie pourraient se laisser tenter à développer leur programme d’armements nucléaires. Vous pensez que ça va mal au Moyen-Orient? Parsemez-le de puissances nucléaires et vous m’en reparlerez!


 





 




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