Que reste-t-il du Parti libéral du Québec ? Pour le moment, pas grand-chose de très impressionnant. À 152 ans d’existence, le PLQ est pourtant le parti qui, au Québec, a trôné au pouvoir le plus souvent et le plus longtemps. Sa recette originelle était en effet dure à battre.
Son extrême longévité résidait dans sa grande capacité à coaliser les plus privilégiés de la « province » : milieu des affaires, communauté anglo-québécoise et bourgeoisie canadienne-française. Après 1970, son combat acharné contre la « menace séparatiste » les conforterait d’autant plus.
Dans ses périodes plus progressistes – sous Jean Lesage et Robert Bourassa, deuxième mouture –, la résilience libérale s’est aussi nourrie de l’appui des travailleurs et des nationalistes grâce à des politiques ciblées s’adressant directement à eux.
Pas tuable, cette large coalition libérale a même survécu à l’ère Charest au point de retourner au pouvoir dès 2014, après 18 mois à peine dans l’opposition. Le tout, comme l’explique avec brio PLQ inc. – le livre fraîchement signé de notre Bureau d’enquête –, malgré le fort soupçon de corruption qui, bien au-delà des enquêtes bancales de l’UPAC, persiste autour de ce parti.
Piètre état
Depuis sa défaite cinglante du 1er octobre 2018, le voilà néanmoins en piètre état. Comme au Parti québécois, plus amoché encore, le PLQ est incapable d’attirer la moindre personnalité d’envergure pour sa chefferie. Cherchant à rescaper son château fort de Jean-Talon en élection partielle, il recycle même sa candidate Gertrude Bourdon, défaite l’an dernier dans Jean-Lesage.
Hormis son intense prémagasinage du côté de la CAQ, Mme Bourdon est surtout connue pour avoir lancé sans broncher que son arrivée en politique allait « marquer l’histoire ». Certaines réactions plus miséricordieuses à son relooking tout en humilité nouvelle la présentent comme une candidate méritant sa « deuxième chance ». On verra.
L’« autre » coalition
Or, quoi qu’il advienne dans Jean-Talon, cette fois-ci, le PLQ reste collé au plancher. L’austérité et l’antinationalisme virulents de Philippe Couillard l’ont coupé des francophones. Un méchant gros morceau à perdre.
De fait, si la CAQ a réussi à déloger le PLQ, c’est qu’elle a su le concurrencer sur son ancien terrain : celui d’une coalition suffisamment élargie, à l’exception de la minorité anglophone, pour attirer une bonne part de la majorité francophone.
Parce qu’elle est une coalition et que le PLQ ne l’est plus, la CAQ est aussi devenue un super aimant à transfuges péquistes et libéraux. Le Parti québécois étant déjà en chute libre depuis des années. Les libéraux espèrent toutefois qu’à l’instar de toute lune de miel, celle du premier ministre François Legault avec l’électorat francophone ne sera pas éternelle.
Il n’en reste pas moins que le PLQ a brutalement largué ses électeurs nationalistes et de nombreuses victimes de son austérité, incluant chez les plus vulnérables. Ce faisant, le PLQ s’est autoamputé des éléments cruciaux à sa propre survie.
Son vrai problème est que tout ce beau monde ou presque a déjà trouvé refuge dans les bras plus accueillants d’une « autre » coalition...