What does Alberta want?

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Kenney vise la chefferie du Parti conservateur canadien


What does Québec want? De la Révolution tranquille au référendum de 1995, cette question existentielle dominait la dynamique politique canadienne. Depuis, la « menace séparatiste » n’étant plus qu’un lointain souvenir, la question ne se pose même plus.


Depuis le scrutin fédéral du 21 octo­bre, une autre question déchirante l’a remplacée. De fait, elle revient hanter le pays : What does Alberta want? Le Bloc québécois et le premier ministre François Legault seraient sages d’en prendre bonne note.


Il n’y en a plus que pour les Albertains en colère. Leur économie en arrache. L’urgence est de pouvoir exporter leur pétrole. L’industrie pétrolière criant famine, le problème est de nature économique, mais il est aussi diablement politique. Non pas que le sentiment « séparatiste » albertain soit une réelle menace. Il est somme toute marginal.


Avertissement


Le vrai problème politique est celui de Justin Trudeau. Même s’ils ont récolté 13,7 % des voix en Alberta, les libéraux n’y ont pas le moindre élu. Les conservateurs, eux, en ont 33 sur 34. Pour le gouvernement libéral nouvellement minoritaire, l’avertissement n’est pas anodin. Alors, que faire pour l’Alberta ? Et par ricochet, pour Justin Trudeau d’ici les prochaines élections ?


Qui dit exploitation du pétrole dit exportation par pipeline. Pour Justin Trudeau, la commande politique est périlleuse. Le plus inquiétant est que même l’achat par son gouvernement du pipeline Trans Mountain ne satisfait pas les Albertains.


Le temps pressant, le risque de voir l’urgence climatique prendre le second rôle est donc réel. Il faudra bien pourtant réduire les gaz à effet de serre (GES) émis par le pétrole polluant issu des sables bitumineux. À eux seuls, le gaz et le pétrole produisent 28 % des GES au pays. C’est énorme.


Périlleuse


Or, l’industrie pétrolière est influente.


Idem pour le premier ministre de l’Alberta­­­, le très ambitieux Jason Kenney­­­. Lequel, qui sait, pourrait bientôt reluquer une éventuelle chefferie du Parti conservateur du Canada.


La semaine dernière, sur RDI, j’avançais quelques pistes possibles de solution. Dans son cabinet assermenté le 20 novembre, M. Trudeau pourrait nommer un ministre non élu venant de l’Alberta. Il pourrait aussi s’adjoindre un conseiller spécial chargé expressément de la filière albertaine.


Cela dit, l’ironie de la situation est spectaculaire. Avec 34 sièges seulement, l’Alberta sort la grande gagnante du scrutin fédéral. Chez les libéraux, le balayage conservateur de l’Alberta et de la Saskatchewan a fait mal.


En termes strictement politiques, l’or noir parlera dorénavant plus fort que Greta Thunberg. Sans oublier qu’au Canada, l’or noir et la péréquation sont aussi des partenaires indissociables. Ce qui nous ramène au Québec, le grand perdant de cette élection.


Déjà négligeable depuis des années, son rapport de forces face à Ottawa frôle maintenant l’inexistence. Le voilà aussi traité de haut par le même Jason Kenney pour qui la « Belle Province » n’est plus qu’une indécrottable quêteuse­­­.


Bref, prévue pour juillet 2020 et présidée comme par hasard par François Legault, la prochaine réunion du Conseil de la fédération s’annonce houleuse.




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