La presse européenne s'interroge sur le sens de la fête de la nativité dans une Europe multiculturelle. Faut-il gommer toute référence au Christ pour ne pas risquer de heurter les sensibilités religieuses ? Noël n'est-il plus qu'une fête commerciale ?
The Independent (Royaume-Uni)
"En cette fin 2006, une année au terme de laquelle l'athéisme riposte enfin contre la résurgence de la religion, nous devrions accueillir avec joie et sans culpabilité un Noël purement matérialiste", écrit le chroniqueur Johann Hari. "Il y avait des fêtes hivernales avec arbres et cadeaux bien avant qu'une non-vierge ne donne la vie dans une étable de Bethléem, et il y en aura d'autres quand le dieu judéo-chrétien aura rejoint Zeus, Baal et Odin au cimetière des divinités oubliées. (...) La presse de droite a essayé cette année d'importer la risible crise d'hystérie de la chaîne Fox News, selon laquelle 'la gauche est en guerre contre Noël', comme si n'étions que des grincheux prêts à arracher les guirlandes. Ce n'est pas vrai. (...) Nous n'allons pas renommer Noël en 'fête de l'hiver', mais seulement encourager les gens de faire comme bon leur semble, d'ignorer les églises et de les remplacer par les centre commerciaux et (surtout) par les bras de ceux qu'ils aiment."
La Vanguardia (Espagne)
"Dans notre société du troisième millénaire, il faut s'habituer à vivre entouré d'une multitude de slogans publicitaires, qui célèbrent les fêtes religieuses avec l'objectif de vendre le plus d'objets possibles", regrette le théologien Josep Maria Puigjaner. "Mais nous devrions apprendre à ne pas perdre le nord, c'est-à-dire à ne pas vider de leur contenu les célébrations de la nativité. Plus une société est laïcisée, plus il devient difficile de retrouver le sens de la fête, de le sauver de l'oubli et de revenir aux émotions et aux sentiments qui bouleversèrent les chrétiens qu'étaient nos aïeux. (...) Noël est le moment où s'exprime le profond désir d'une paix étendue à toute la Terre, d'une paix qui embrasse tous les hommes, sans distinction de race, de religion, de fortune, de culture ou de langue."
Die Zeit (Allemagne)
Pour l'écrivain allemand Andreas Meier, Noël est une fête que l'on rate presque complètement chaque année. "Aujourd'hui, je pense qu'il faudrait rétablir le sens chrétien de Noël en lui accordant un peu moins d'importance. Il faudrait conserver une certaine distance avec l'aspect religieux, comme nous le faisons le reste de l'année. Or, nous persistons à faire de Noël une fête familiale en invitant chez nous la Sainte Famille. Il faut dire que celle-ci est la plus agréable des convives : elle n'ouvre pas la bouche et ne nous met pas de pression, contrairement aux autres invités, pour lesquels Noël est censé être 'le plus beau jour de l'année' et qui partiront généralement déçus. Nul besoin de vous faire un dessin, chacun connaît cette ambiance. Le climat de paix et d'harmonie tant désiré fait toujours défaut."
The Malta Star (Malte)
"Ces derniers jours, les médias ont rapporté qu'une école du nord de l'Italie a banni toutes les chants de Noël faisant référence à la nativité et à Jésus, une décision qui me paraît extrêmement étrange," écrit Stefan Zrinzo Azzoparti, membre du parti travailliste maltais et avocat. "D'abord, exprimer sa croyance religieuse revient-il à opprimer une autre personne ayant une croyance différente ? Ensuite, si Noël est seulement la fête de la nativité, comment peut-on décider de mettre de côté les chants supposés célébrer cette nativité ? Enfin, si un croyant n'a pas le droit de chanter des chansons qui commémorent la nativité à l'école, n'est-ce pas là une atteinte à la liberté religieuse ? (...) Chanter des chansons de Noël avec des références directes à la naissance du Christ ne constituent pas, à mon avis, une violation de la liberté religieuse des autres."
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