Que reste-t-il d’autorité et de crédibilité au chef de l’État ?

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À ce degré d'impopularité, les dirigeants n'ont plus aucune légitimité et deviennent des usurpateurs

On votait avant-hier dans trois circonscriptions législatives du Nord, de l’Aisne et des Yvelines. On votait ou, pour être plus exact, on avait l’occasion et le droit de voter, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, puisque l’abstention s’y est respectivement élevée à 78 %, 65 % et 70 % des inscrits. Certes, les candidats en lice pour ces trois partielles brillaient d’un bien faible éclat et d’une identique absence de surface et de notoriété.


Certes, étant donné la proximité du renouvellement de l’Assemblée nationale, les électeurs concernés savaient que l’enjeu du vote n’était qu’un mandat de quinze mois et qu’il leur faudra retourner quatre fois aux urnes dès le printemps de l’an prochain pour élire un président de la République, si possible un vrai, et lui donner une majorité. Certes, les élections partielles sont généralement moins suivies que les élections générales. Il n’en demeure pas moins que le pourcentage de ceux qui ont boudé la consultation est particulièrement impressionnant et qu’il traduit avec éloquence leur déception devant l’insuffisance ou la mauvaise qualité de l’offre qui leur est proposée, leur rejet du système, de la classe politique, et donc la crise que traversent la République telle qu’on nous la sert et la démocratie représentative telle qu’on nous l’a cochonnée. Ceci est le premier enseignement du scrutin de dimanche.


Les trois circonscriptions étaient détenues par le parti qui tente de se faire un nom et de se refaire une beauté sous l’appellation de « Républicains », et c’est la démission, pour cause de cumul, de MM. Xavier Bertrand, Gérard Darmanin et de Mme Valérie Pécresse qui était à l’origine de ces trois partielles. Elles resteront aux mains du parti de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Bruno Le Maire, François Fillon, etc., puisque celui-ci a obtenu lors de ce premier tour 47 %, 37 % et 46 % des exprimés, (soit 12 %, 13 % et 13 % des inscrits). Il y a donc encore des gens pour croire que l’ex-UMP dit vraiment ce qu’elle fera et que, si elle revient aux affaires, elle fera ce qu’elle a dit. Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des Cieux leur appartient.


Le Front national, quant à lui, avec 26 %, 28 % et 10 % des votants, se qualifie pour le second tour dans le Nord, jadis citadelle de la gauche, et dans l’Aisne. Il est en net progrès depuis 2012, mais marque le pas par rapport aux dernières régionales.


Et les socialistes, direz-vous ? Les socialistes ? Ils recueillent 11 % des voix dans le Nord, 16 % dans l’Aisne où ils sont éliminés dès le premier tour, et 13 % dans les Yvelines, ce qui leur permet de se qualifier. Ces scores, qui correspondent respectivement à 3 %, 6 % et 4 % des électeurs inscrits, situent le parti qui nous gouverne encore plus bas que la cote calamiteuse de M. Hollande, évaluée ces derniers jours, comme on sait, autour de 17 %.


C’est dire que, si la gauche ne se rallie pas à une candidature unique, elle ne sera pas présente au second tour de l’élection présidentielle. Or, la gauche en voie d’explosion présentera, c’est une certitude, plusieurs candidats. C’est dire que la majorité parlementaire, le Président qui en est issu et le gouvernement qui procède des deux n’ont plus aucune légitimité démocratique et que le bon sens comme l’honneur, si les uns et les autres avaient le moindre souci de l’intérêt national, commanderaient soit une démission collective, soit une dissolution. On sait qu’il n’en sera rien. On sait aussi – et les lamentables débats autour de la déchéance nationale et du projet, d’ores et déjà avorté, de réforme du droit du travail, nous l’indiquent assez clairement – que les quatorze mois qui nous séparent encore du terme légal de la législature et du mandat présidentiel ne seront plus qu’une pitoyable chienlit.


Que reste-t-il d’autorité et de crédibilité au chef de l’État ? Le test des trois partielles de dimanche nous donne la réponse. Dans Le roi se meurt, la pièce d’Eugène Ionesco qu’interprète si magistralement, depuis des années, l’immense Michel Bouquet, le monarque, vieillissant, malade, enfin agonisant, s’accroche désespérément à son sceptre dérisoire et à la fiction de son règne alors que s’éclaircissent les rangs de ses fidèles, que s’étiole son pouvoir et que se rétrécit son territoire. François Hollande, parti comme il est, ne régnera bientôt plus que sur son bureau, son salon et, quand même, sa chambre à coucher.



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