Qui veut la paix fait la paix

Que disons-nous, que pensons-nous, que ressentons-nous?

Devenir humain c’est aimer, partager et communiquer.

Tribune libre

Ces quelques réflexions m’ont été inspirées par les textes de M. Roger Kemp « Trois ans après la BOMBE d’Hérouxville » et de M. Oscar Fortin « Une pensée pour Noël ».
Que cache la peur que certains entretiennent à propos de « l’étranger », de l’inconnu, de certains « ismes », plus particulièrement de « l’islamisme » et du « terrorisme »; les plus redoutables des « ismes », qui font couler jusqu’à dégouliner l’encre de nos journaux et s’alarmer les analystes de tout acabit qui hantent les plateaux de nos réseaux d’informations?
Parler de « peur entretenue » ne fait qu’identifier un symptôme, mais n’explique rien. De la même façon qu’énumérer en d’interminables listes nos us et coutumes en nous portant en faux contre ceux appartenant supposément à l’Islam afin de dénoncer les dangers de l’islamisme et les conséquences qui pourraient en découler en laissant les musulmans libres de pratiquer leur religion parce qu’elle serait soi-disant conquérante ou qu’ils désireraient voir implantées leurs règles de justice, ou parce qu’ils prendraient trop de place dans l’espace publique, ou encore que leurs mosquées envahiraient nos quartiers et ainsi de suite jusqu’à plus soif, ne nous apprend rien sur ce qu’ils sont ni sur ce qu’est l’Islam, tant du point de vu de la religion que de celui du monde musulman et de la civilisation qui le caractérise.
Je ne m’étendrai pas sur les origines du terrorisme, sur la montée de l’islamisme, ni sur le rôle qu’ont joué les « leaders » responsables de la poussée dévastatrice d’un intégrisme étroit et réducteur et sur celui encore plus insidieux des politiques qu’ils ont mises de l’avant grâce au support indéfectible des pouvoirs occultes occidentaux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, poussant les pays du moyen orient au bord d’un gouffre dans lequel ils risquent d’irrémédiablement disparaître.
Je m’intéresse bien davantage à ce que nous en disons, à ce que nous en pensons et à ce que nous ressentons face aux témoignages que nous en recevons. Ici, la rumeur étale son florilège d’atrocités, de visions de massacres, de tueries, de haine, de propos incendiaires, de menaces, de colère et de vindicte. Ici, accusations, jugements et condamnations sans appel témoignent de notre désapprobation et de notre rejet outré de la barbarie.
Sommes-nous certains de ce que nous en disons, de ce que nous en pensons et de ce que nous en ressentons?
Nous efforçons-nous de savoir ce qu’eux en disent, ce qu’ils en pensent et ce qu’ils en ressentent?
Ce sont là deux points de vues qui peuvent faire toute la différence parce qu’ils permettent à eux seuls de nous positionner face à nous-mêmes d’abord et aux autres ensuite.
- Sommes-nous conscients de la portée de ce que nous disons, du sens de ce que nous pensons et des motivations qui nous amènent à ressentir les choses comme nous les ressentons ?
- Nous demandons-nous pourquoi nous parlons de certaines choses comme nous le faisons, si nous avons réfléchi avant de nous prononcer et de porter un jugement, si les sentiments qui nous habitent correspondent réellement à la situation à laquelle nous sommes confrontés et à ce que nous en ressentons ?
Qu’est-ce qui nous appartient de ce que nous disons, de ce que nous pensons ou de ce que nous ressentons?
Si nous n’avons pas une claire vision de ce sur quoi nous désirons que reposent nos rapports avec nos semblables, nous ne pouvons rien en dire de définitif, nous ne pouvons pas en tirer une pensée cohérente ni entretenir des relations basées sur d’authentiques sentiments d’ouverture et d’amitié. Qu’attendons-nous de la vie? Comment sommes-nous préparés à recevoir ce qu’elle nous apportera? Quelle attitude adoptons-nous face à ce dont nous sommes témoins et d’où nous vient l’habitude d’y répondre de la façon dont nous le faisons?
Seul un regard sur nous-mêmes peut nous permettre de trouver des réponses à ces questions. Tout commence par soi. Le monde est ce que nous en voyons à partir de notre capacité à l’observer et à nous positionner par rapport à lui. Selon notre éducation, nos croyances, nos préjugés, nos attentes, nos valeurs ou nos présupposés, nous décidons de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas. Nous sommes-nous préalablement demandé d’où nous viennent nos croyances, nos préjugés, nos attentes, nos valeurs ou nos présupposés? Sommes-nous libres de ces croyances, de ces attentes, de ces valeurs ou de ces présupposés? Valent-ils la peine d’être entretenus ou ne devrions-nous pas en remettre quelques-uns en question?
Le plus facile consiste évidemment à chercher des coupables. C’est ainsi que la plupart d’entre nous ont été programmés à réagir. C’est parce que l’autre à fait ceci, dit cela, nous a discrédité, nous a attaqué, nous a trompé, nous a arnaqué, nous a manipulé, a cherché à nous envahir, nous a déclaré la guerre, a refusé de s’adapter à nos conditions de vie, a comploté contre nous. C’est parce que nos religions ont abusé de notre naïveté ou de notre ignorance, que nos gouvernements sont corrompus, que nos institutions sont décadentes, que le monde est fou, que les musulmans sont arriérés, que les Chinois sont communistes, que les Anglais sont d’impitoyables colonisateurs, que les Indiens sont paresseux, que nos enfants sont ingrats, que les hommes n’ont pas de cœur, que les femmes veulent s’émanciper de la domination des mâles, etc., etc., etc. La liste de nos doléances est sans fin. Nous sommes comme des enfants qui se disputent et auxquels nous demandons qui a commencé. Ce n’est jamais l’un d’eux, c’est toujours l’un d’eux, mais jamais celui qui répond. C’est le cercle vicieux dans lequel nous tournons sans cesse notre vie durant parce que ce n’est jamais nous, ce sont toujours les autres, il n’y a que des victimes, il n’y a que des bourreaux, personne n’est le bourreau, tous sont des victimes. Jusqu’au jour où l’individu vraiment centré et capable de regarder le monde qui l’entoure sans préjugé, sans attentes, sans aucun désir de se justifier ou de prétendre à quelque droit qu’il détiendrait qui ne vaudrait que pour lui réalise qu’il n’y a pas de victimes, pas de coupables, seulement des événements, des circonstances dont les enchainements se perpétuant, ont conduits à plus de souffrances, plus de misère, plus d’ignorance, plus de préjugés, de croyances, d’attentes et de frustrations. Les injustices et les misères qui en découlent ne peuvent produire que plus d’injustice et plus de misère et ainsi allonger à l’infini la liste des excuses qui nous maintiennent dans nos habitudes, dans nos refus et dans nos justifications.
Et pourtant, vous ne trouverez nulle part sur terre qui que ce soit, qui souhaite être malheureux et ne pas connaître le bonheur. Nous faisons toujours les choses en fonction du souverain bien et de la cessation de la souffrance. Nous sommes intrinsèquement nés pour être heureux parce que nous recherchons incessamment le bonheur d’être aimés, d’aimer, de donner et de partager. Le destin de la race l’humaine est l’éveil de sa conscience dans chacun des individus qui en font partie.
Utopie me direz-vous?
Finalité de notre raison d’être vous répondrais-je.
Je préfère croire à notre destinée planétaire plutôt que d’adhérer à des croyances qui nient à autrui le droit d’exister. Avant de juger du comportement d’autrui, je préfère réfléchir sur ce qui me motive à réagir à sa façon d’être. Au lieu d’être en réaction, je préfère porter mon attention sur ce que je perçois et sur la façon dont j’en juge. Presque infailliblement, je réalise que je ne réagis jamais en fonction de l’autre, mais de moi-même et que mes réactions sont toujours marquées du sceau de mes croyances, de mes préjugés, de mes attentes, de mes valeurs et de mes présupposés.
L’autre devient le miroir de mon ignorance de moi-même. Il a dit ceci, fait cela… Et lorsque quelqu’un observe mes réactions de l’extérieur et me demande : “Qui a dit ceci? Qui a fait cela?” C’est toujours l’autre qui est pris à partie. C’est ainsi que nous avons été éduqués. Au lieu de pratiquer une logique de coopération, nous en pratiquons une de confrontation. Nous ne pouvons nous imaginer pouvoir gagner sans qu’il y ait un perdant. Quand nous étions enfants et qu’il nous arrivait de faire une gaffe, on nous déniait la plupart de temps le droit de répliquer ou de nous expliquer et on nous punissait pour que nous nous sentions suffisamment coupables et ainsi ne plus avoir envie de recommencer. Au lieu d’intégrer par le dialogue et l’écoute les bienfaits d’une véritable compréhension des conséquences de nos actes irréfléchis, nous refoulions le ressentiment que nous procurait l’exercice unilatéral du pouvoir des adultes sur nos faits et gestes. Depuis plusieurs millénaires, nous avons vécu en fonction de l’adage guerrier « Si vis pacem para bellum », et n’avons pas encore vraiment intégré le « Cedant arma togea ». « Qui veut la paix prépare la guerre » devra bien un jour nous faire comprendre « Que les armes le cèdent à la toge ». Une gouvernance de nos vies par l’agression et la domination devra bien céder la place à des valeurs axées sur le respect des différences, sur l’écoute, l’accueil et la joie de communiquer avec autrui en cessant de le voir ou de le percevoir comme un ennemi, une menace, un envahisseur qui veut nous convertir à ses valeurs et à ses dictats. Ne serait-il pas temps que nous arrivions à vouloir la paix et à la faire. « Qui veut la paix fait la paix » devrait prendre la place de « Qui veut la paix prépare la guerre ». L’expérience des derniers millénaires devrait nous avoir au moins appris cela.
Pour ça, nous devons pratiquer l’accueil, l’écoute, et la communication. Sans la connaissance de soi et l’arrêt des projections de nos propres insuffisances sur autrui, l’écoute, l’accueil et la communication sont impossibles. Nous tenterons toujours de nous disculper et de rendre les autres responsables des menaces que nous croirons peser sur nous et dont nous les accuserons d’être les auteurs. L’antidote à ce comportement est la transparence et l’honnêteté envers soi-même et envers les autres. Transparence et honnêteté qui ne signifient nullement que les choses iront nécessairement d’elles-mêmes. Cependant, elles diminueront au départ de moitié les tensions dans la communication parce qu’elles permettront la libre circulation des arguments sans heurter nos interlocuteurs. Si quelqu’un se braque et me traite de mécréant et que je comprenne que ses préjugés culturels ou ses croyances l’amènent à s’exprimer ainsi, je sais en partant que ses affirmations ne lui appartiennent pas, mais proviennent de sa culture et de ses croyances et qu’au-delà de ces dernières se trouve un individu qui ne s’est pas encore révélé à lui-même ce qu’il est au-delà de ce qu’il dit, de ce qu’il pense et de ce qu’il ressent. Je le sais parce que comme lui, j’ai réagi ainsi avant de savoir qui j’étais. Maintenant c’est plus facile et plus simple parce que je sais que je ne suis pas un mécréant et que donc, ses insultes ne me concernent pas. Mais en même temps, je sais aussi que ses insultes ne le concernent pas non plus ni ne lui appartiennent, pour les raisons que je viens d’évoquer. Pour moi, c’est devenu automatique, pour lui, c’est une première expérience qui, si elle se répète souvent et régulièrement, l’amènera à s’interroger sur sa façon de penser, de communiquer et de se situer par rapport à lui-même et aux autres. Cultiver ce genre d’attitude et en faire un mode de vie ne peut que provoquer un effet d’entrainement qui, plutôt que de braquer nos interlocuteurs, les amène à devenir conscients de leur rigidité, du poids inutile des croyances, des préjugés, des attentes et des présupposés qu’ils transportent partout où ils vont et qui les éloignent d’eux-mêmes en leur enlevant leur liberté d’être ce qu’ils sont réellement; des humains qui comme tous les humains, recherchent le bonheur d’être aimés, d’aimer, de donner et de partager.
Au-delà des relations interpersonnelles, ce principe s’applique à l’échelle des nations et devra s’affirmer à l’échelle mondiale si nous voulons survivre aux menaces que font peser sur nous l’aveuglement ethnique, l’intolérance religieuse, le racisme, la prétention de certains états à se croire les gardiens de la démocratie, les velléités de certains d’en conquérir d’autres et l’arrogance des plus riches envers les plus démunis qu’ils exploitent sans vergogne.
Devenir humain c’est aimer, partager et communiquer.
Claude G. Thompson


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16 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 décembre 2010

    En 2009, les quelque 270 millions d'Américains d'origine ont accueilli 1,130,818 immigrants. Si on ramène ça aux quelque 6 millions de Québécois d'origine, ça donne environ 25,000 immigrants. C'est le nombre d'immigrants que le Québec français pourrait accueillir s'il suivait le modèle américain. A 55,000, on a perdu la tête évidemment (rappelons que le PQ a accepté ces cotas, comme il a voté contre M. Michaud, comme le Bloc est très préoccupé du sort d'Omar Khadr, comme tant d'autres bêtises que font nos 100 députés souverainistes)
    http://www.dhs.gov/xlibrary/assets/statistics/yearbook/2009/ois_yb_2009.pdf
    Au sujet du Père Harvey, qui a consacré sa vie à l'intégration des immigrants, vous souvenez-vous du texte dégueulasse que Foglia avait écrit sur lui? (je dois l'avoir dans mes archives, faudrait que je fouille)

  • Archives de Vigile Répondre

    25 décembre 2010


    
Le Parti québécois et Pauline Marois doivent "reviser", leur politique. Ils doivent la changer et cesser d’approuver le chiffre de 55,000 immigrants par année.
    
A la réflexion,le chiffre de moins de 20,000 immigrants par année que préconise Raymond Poulin est plus réaliste.
    
Robert B.G.



  • Claude G. Thompson Répondre

    25 décembre 2010

    M. Poulin.
    Je suis tout à fait d’accord avec ce que vous écrivez. Cependant, mon propos ne concernait pas cet aspect particulier de la question. Certes, l’humanisme est une chose et l’angélisme en est une autre. Je ne suis pas non plus surpris qu’à cause de la façon dont la politique d’immigration fonctionne chez nous, il ne faille pas s’étonner ni se scandaliser que les Québécois finissent par développer une allergie certaine à l’égard de l’immigration. Je ne suis par ailleurs ni étonné ni scandalisé. J’estime cependant qu’une réflexion, voire, une certaine introspection ne peut qu’aider à clarifier nos éventuelles intentions, celles qu’on pourrait nous prêter comme celles dont nous ne sommes pas conscients.
    Il n’y a pas l’ombre d’angélisme dans une démarche comme celle-là ; simplement l’expression d’une conviction profonde que l’écoute, la compréhension et l’empathie devraient être les moteurs de notre désir de nous réaliser individuellement et collectivement. Ce qui, bien sûr, doit commencer par soi, ce soi englobant la nation que nous incarnons en tant que Québécois et dont nous devons assurer la survie en protégeant sa culture et en voyant à son progrès. Les politiques d’immigration doivent impérativement prendre en compte cette réalité et la naissance de notre État en dépendra largement.
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    25 décembre 2010

    Monsieur Noël,
    je comprends très bien votre point de vue sur l’immigration quant aux politiques délétères qui en sous-tendent la mise en application. Ma réflexion n’avait pas pour but de traiter de cet aspect spécifique de l’immigration, mais plutôt de la façon dont nous percevons l’étranger et dont nous réagissons à son mode de vie. Je m’excuse donc de vous avoir soupçonné de refuser de dialoguer.
    Que dans une énumération voulant que « dans mon pays » on ne lapide pas les femmes, qu’on ne les brûle pas, qu’on ne pratique pas l’excision ou qu’on ne déterre pas les morts et que la liste de ce que nous ne faisons pas s’étire sur des pages, on croit s’adresser à de futurs immigrants qui voudraient venir s’établir chez nous et qu’on s’imagine que c’est une façon intelligente de permettre un dialogue avec le reste du monde, on est loin d’une attitude ouverte et accueillante. On noie plutôt dans une « didactique à sens unique » l’ensemble des individus appartenant à une même culture en donnant prise à une « pensée unique » qui, plutôt que d’atteindre son but en dénonçant certains abus ou certaines pratiques barbares, finit par les mettre tous dans la même catégorie d’indésirables.
    Un peu comme quand quelqu’un vous parle des Américains et que vous lui demandez : “qui ça les Américains » ou qu’un autre vous parle des Juifs et que vous lui demandez : “qui ça les Juifs? » etc. Exactement comme lorsque M. Parizeau parla de « l’argent et “des” votes ethniques » et qu’on s’empressa de lui faire dire « l’argent et “les” votes ethniques ». Toute nuance avait disparu et on le condamna sans appel.
    La réflexion que j’ai proposée ne vise qu’à ramener les choses dans une plus juste perspective en nous invitant à nous pencher sur nos motivations à vouloir absolument identifier un coupable ou à vouloir nous prétendre plus vertueux qu’autrui.
    Dans son article du 6 juin 2010 sur Vigile, M. Bernard Thompson, certainement le mieux placé pour nous faire connaître ce qui motiva la publication des normes de vie d’Hérouxville écrivait :
    “ Et si Hérouxville n’avait été qu’un faire-valoir ?
    J’avoue que le titre étonne. Prendre une municipalité comme plate-forme pour mieux exécuter un formidable plan d’action destiné à combattre l’intégrisme musulman, c’est plutôt génial ! Mais était-ce honnête intellectuellement parlant ? Les conséquences à long terme avaient-elles toutes été analysées ? Après tout il ne s’agissait que de prendre un village en otage afin de mener un combat que seul, de toutes évidences, le penseur des ‘Normes de vie’ n’aurait jamais pu mener à terme !”
    Il concluait en ces termes :
    “Pour le moment, ce qui importe, c’est de ne jamais rien regretter et de poursuivre, chacun à sa manière, toute action pouvant aider nos compatriotes et nous-mêmes à mieux comprendre ce que nous sommes et où nous désirons que le destin nous mène.”
    Personne n’a voulu prendre le temps de lire avec l’attention qu’il méritait cet article qui mettait bien en évidence le contexte dans lequel toute la saga qui entraina dans une même vague l’ensemble des villageois d’Hérouville ne les concernait en rien, et les fit passer pour d’irréductibles « arriérés » pour les uns et d’irréductibles « Gaulois » pour les autres. Ce qu’en réalité ils n’avaient jamais demandé, désiré ou souhaité.
    Si nous voulons devenir une nation à part entière, je continu de croire que nous devons nous éduquer et réaliser que l’autre n’est un ennemi qu’en fonction de notre façon de le percevoir tout en devenant conscients que la capacité d’intégration d’un immigrant est largement tributaire de la façon dont nous l’accueillons.
    Quand je dis qu’aussi longtemps que nous remettrons à plus tard la venue de l’État québécois et la naissance de notre pays, nous nagerons en eau trouble et ne disposerons jamais des outils qui nous permettraient d’encadrer de façon efficace le flot des immigrants, il est clair pour moi que vos doléances concernant le nombre de ceux que nous recevons et l’encadrement que nous devons leur offrir pour faciliter leur intégration sont de première importance. Dans l’état actuel des choses, nous courons droit à la catastrophe. Croyez que j’en suis tout à fait conscient. Cependant, je suis également persuadé que nous devons cesser de nous en prendre aux immigrants en nous attaquant à la base du problème dont la source se trouve d’une part dans les politiques sur l’immigration et leur application et d’autre part dans l’absence de clarté de nos politiciens sur cette question.
    Un État québécois devra impérativement revoir ses politiques d’immigration et faire en sorte que tout en restant respectueuses des individus et de leur culture, elles donnent priorité à la protection, au progrès et à l’épanouissement de la nôtre.
    Merci pour vos interventions qui auront permis de clarifier le débat.
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    25 décembre 2010

    Joyeux Noël à tout le monde et paix aux hommes de bonne volonté.
    A Raymond Poulin,
    Raymond, pour appuyer ton propos, j'aimerais me référer au témoignage du père Julien Harvey jésuite. Le Père Harvey était un exégète de la Bible, un théologien, un homme engagé extrêmement cultivé, un homme ouvert. Il s'intéressait beaucoup à l'intégration des immigrants. Il était impossible de le traiter de raciste ou de xénophobe. Quelqu'un qui aurait fait cela se serait ridiculisé.
    Voici le début d'un texte posthume de Julien Harvey s.j.
    Amorcer la discussion de ce colloque** pourrait signifier vérifier une fois de plus si l’identité collective du Québec est vraiment devenue territoriale ou si elle est toujours ethnique, ou encore si l’évolution de la société plurielle, surtout à Montréal, se fait par convergence culturelle, par juxtaposition multiculturelle ou encore par évolution lente vers l’assimilation anglaise ou française des minorités. On pourrait aussi explorer une fois de plus les limites du pluralisme, la limite de tolérance avant l’atomisation.
    Les réflexions que je voudrais plutôt soumettre à la discussion aujourd’hui tracent quelques grandes lignes du contenu [d’une] culture publique commune* au Québec, surtout au Québec pluriel de la région de Montréal

    (Le texte a d’abord fait l’objet d’une conférence à l’université McGill. * [une] culture. Le choix de l’article indéfini trouve son sens dans la nature prospective de l’intervention. 1 Julien Harvey, « Culture publique, intégration et pluralisme », Relations, no 574, octobre 1991, pp. 239-241 et Gary Caldwell et Julien Harvey, « Le prérequis à l’intégration des immigrants; une culture publique commune », L’Action nationale, vol. 84, no 6, 1994, pp.. 786-794.)
    Quitte à approfondir le sujet plus tard, j'ai le souvenir que Julien Harvey a écrit que la capacité d'intégration des immigrants par un groupe humain majoritaire exige des conditions précises pour qu'elle puisse se réaliser. J'ai surtout retenu qu'à partir d'un certain nombre d'étrangers qui constitue une limite, il est pratiquement impossible d'intégrer des immigrants. Ce n'est pas une question de tolérance ou de non tolérance, de xénophobie ou de non xénophobie. La capacité d'un groupe humain à voir sa culture contestée par une ou plusieurs autres cultures est limitée. A un moment donné, il en résulte des tensions plus ou moins graves, des malaises, des anomalies comme on l'a vu avec la saga des accommodements raisonnables avec la réaction saine et normale d'André Drouin qui est appuyé par une majorité de Québécois.
    Ce phénomène, Julien Harvey l'a étudié en France. Ici au Québec où la culture commune française qui pourrait et qui devrait être assimilatrice des immigrants ne peut s'appuyer sur un Etat complet, où la loi 101 est contestée efficacement par la Supreme Court of Canada, où l'anglais a un énorme pouvoir d'attraction en plus de s'appuyer sur un faux Etat bilingue mais en réalité anglais, il est proprement aberrant de faire venir au Québec 55,000 immigrants par année.
    C'est ce qu'a montré Julien Harvey. Par ailleurs, Jacques Noël a démontré que l'argument de la main-d'oeuvre immigrante qui serait absolument nécessaire à notre économie est un mythe de même que celui de la fausse dénatalité.
    On est obligé de penser que ce 55,000 obéit à des motifs politiques qui vont de la déstabilisation de la population du Grand Montréal à l'augmentation de la base libérale anti-indépendantiste.
    Un chiffre entre 20,000 et 30,000 serait plus réaliste et c'est urgent de placer è la base d'une politique de population.
    Pauline Marois et le Parti québécois qui ont appuyé le chiffre de 55,000 immigrants par année ou ont peur de se faire traiter de xénophobes ou sont des inconscients. Dans les deux cas, c'est grave. Ils doivent donc revier leur position et c'est urgent.
    Les analyses de Julien Harvey ont montré qu'une société, dans les meilleures conditions, peut intégrer un nombre "x" d'immigrants et pas plus.
    A moins qu'on veuille en faire des "Canadians" multiculturalistes. Si on veut en faire des Québécois, c'est une toute autre histoire. On pourrait penser que l'objectif du Parti québécois est d'en faire des Québécois qui partagent une culture commune.
    Robert Barberis-Gervais, italien d'origine et parfaitement intégré, 25 décembre 2010

  • Raymond Poulin Répondre

    24 décembre 2010

    Correction à mon commentaire plus avant, 10e ligne: ...sont plutôt éloifnées des nôtres.

  • Raymond Poulin Répondre

    24 décembre 2010

    Je suis d’accord avec M. Thompson, à un détail d’importance près. Aucune société ne peut préserver sa spécificité et la paix sociale si elle accepte constamment un taux d’immigration nettement supérieur à sa capacité d’accueil. Actuellement, le Québec accepte un taux d’immigration, per capita, équivalant à trois fois, en gros, celui des USA et de la France, soit les deux États occidentaux qui en reçoivent le plus. Bien qu’il s’agisse de deux entités souveraines et dont le tissu national est solide, elles n’arrivent plus à intégrer et encore moins à assimiler la majorité de leurs immigrants, surtout lorsqu’ils proviennent de populations dont la mentalité, de même que les us et coutumes, sont plutôt éloignées des leurs. Et même des États en-deçà de ce taux commencent à éprouver des difficultés croissantes. Comment exiger autant d’une nation qui n’est même pas maîtresse de ses destinées? Vue sous cet angle, l’immigration au Québec ne devrait pas aller au-delà d’environ 15 000 ou 16 000 personnes par année : on est loin du 55 000 actuel! L’humanisme est une chose, l’angélisme en est une autre. De la manière dont la politique d’immigration fonctionne chez nous, il ne faudrait pas s’étonner ni se scandaliser que les Québécois finissent par développer une allergie certaine à l’égard de l’immigration, mais pas nécessairement à cause des intentions qu'on pourrait leur prêter. Il arrive que le mieux soit l'ennemi du bien.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 décembre 2010

    Manque de dialogue? Je n'ai fait que décrire la triste réalité montréalaise en 2010.

    Allez vous promener sur la Catherine et observez. Observez attentivement les gens que vous allez croiser; écoutez la langue qu'ils parlent entre eux. Rentrez dans les magasins, regardez la pub sur les murs et dans les vitrines, regardez et écoutez les vendeurs-vendeuses, écoutez la musique. Prenez le métro, regardez les gens, écoutez-les. Promenez-vous au Marché Jean-Talon, sur la Main, dans le Vieux. Regardez, écoutez bien. Quand vous passez devant une école ou une garderie regardez bien les enfants. Quand vous passez devant une église, checkez pour voir si elle est encore ouverte. L'église Ste-Brigide, là où se sont mariés mes arrières-grands-parents va être transformée en condos!

    Maintenant, rappelez-vous le Montréal des années 60, d'avant l'Expo. Un Montréal tout blanc, avec quelques Juifs, trois-quatre Noirs à Pointe-St-Charles, cinq-six Asiatiques dans le Chinatown et de riches Anglos dans l'Ouest. Regardez le Montréal d'aujourd'hui, de plus en plus ghettoisé (Côte des Neiges, St-Michel, Montréal-Nord), relativement pauvre (on a remplacé les riches Anglos, partis à Toronto avec leurs sièges sociaux, par de pauvres immigrants du Tiers-Monde venus revendiquer le statut de réfugiés), et projetez tout ça sur 50 ans. Va rester quoi de nous autres sur la grande Ile découverte par Jacques Cartier?

    Un Japonais de province qui débarque à Tokyo va se retrouver dans une grande, une très grande métropole. Une ville branchée, différente sous bien des aspects de son Japon traditionnel. Mais il n'aura aucun sentiment d'aliénation ou de frustration puisqu'il sera toujours dans son pays, parmi son peuple, dans sa langue, dans sa culture nationale. Idem pour le Coréen à Séoul, le Vietnamien à Hanoi, le Polonais à Varsovie, le Portugais à Lisbonne, le Turc à Istanboul, l'Égyptien au Caire, le Chilien à Santiago, le Sénégalais à Dakar, le Tunisien à Tunis ( à part Dakar, j'ai fait toutes ces villes).

    Mais le Bleuet du Saguenay, le Madelinot des Iles ou le Jarret noir de Beauce qui débarque sur la Catherine et descend dans le métro de Montréal, il se retrouve où lui, dans quelle métropole, dans quel univers culturel? La métropole des Tremblay d'Amérique, NOTRE métropole, québécoise depuis 1642? Ou dans une grande ville canadienne, balingue et multiethnique plus que jamais où l'on fond à vue d'oeil?

    Ce qui m'amène à la question de fond? Dans quel pays veut-on vivre? Un pays bilingue et multiethnique où on est une ethnie parmi 153? Ou un pays francophone et homogène comme le Québec profond depuis 400 ans?
    Les péquistes, les Bloquistes et la gauche comme vous m'offrent le pays francophone. Mais ils balancent tout le reste de notre identité au nom de l'ouverture sur le monde, des nouvelles réalités de la mondialisation. Allez dire ça aux Danois et aux Hollandais qui en ont plein les bras.

    Moi, y'a longtemps que j'ai fait mon choix. Hélàs, je vais perdre; l'histoire va me donner tort. Je le vois chaque jour en marchant dans les rues de... Québec. L'homogénéité que 12 générations de Québécois était parvenue à préserver, la 13e génération est en train de la perdre à vitesse grand V.









  • Archives de Vigile Répondre

    24 décembre 2010

    Désolant qu’un article de cette qualité suscite de telles remarques. Je l’ai mentionné à plusieurs reprises dans des textes précédents, quoiqu’on dise, quelque soit la forme utilisée, certains vont, dans leurs commentaires, déborder du sens premier. Par ignorance ou pour attirer l’attention certains vont même à pousser l’impolitesse jusqu’à interpeller le signataire par « Thompson ». Est-ce par dérision, un manque fondamental de savoir-vivre ou pour rapetisser la personne à qui l’on s’adresse, je ne saurais répondre mais de toutes manières c’est très petit et mesquin.
    Heureusement qu’avec un commentaire aussi court que pertinent, l’Engagé a sauvé la mise. En fait, il faut réaliser que quand on se donne la peine d’écrire un texte aussi profond que celui de M. Claude G. Thompson, on doit s’attendre à ce qu’il y ait des remarques impertinentes et hors contexte, à la limite de l’incivilité.
    Il faut toutes sortes de monde pour faire un monde n’est-ce pas?
    Ivan Parent

  • Claude G. Thompson Répondre

    24 décembre 2010

    M. Noël,
    Votre réaction me fait la preuve la plus éclatante de ce que je tente de faire comprendre. Votre incapacité à dialoguer, doublée de votre rancoeur envers ceux que vous appelez « nos ennemis » vous rendent aveugle à vous-même et aux autres. À vous lire, on ne peut qu’aboutir au rejet pur et simple de l’émigrant qui ne ferait pas un acte de foi inconditionnel à ce que nous sommes en se pliant à notre mode de vie tout en rejetant le sien. Cette attitude fleure l’extrémisme et ne peut être que contre-productive. Pour moi, l’attrait vaut mieux que la réclame et l’agressivité ne peut produire que de l’agression.
    Je refuse de croire que nous ne pouvons pas nous éduquer, en tant que nation, et réaliser que l’autre n’est un ennemi qu’en fonction de notre façon de le percevoir tout en devenant conscients que la capacité d’intégration d’un immigrant est largement tributaire de la façon dont nous l’accueillons.
    Aussi longtemps que nous remettrons à plus tard la venue de l’État québécois et la naissance de notre pays, nous nagerons en eau trouble et ne disposerons jamais des outils qui nous permettraient d’encadrer de façon efficace le flot des immigrants. Il est complètement stérile de s’en prendre au « rest of Canada » alors que la solution consiste simplement à nous lever et à nous affirmer en prenant la place qui nous revient en tant que peuple et nation. Et cette affirmation n’a nullement besoin d’être agressive ou offensive, elle ne saurait être que la juste représentation de l’effective réalité de l’existence de la nation québécoise et de son désir de la pourvoir du statut d’État que démocratiquement désire voir naître le peuple qui l’incarne.
    Et même advenant que le « rest of Canada » décidât de nous opposer une fin de non-recevoir et de nous empêcher par tous les moyens d’aller au bout de notre projet, nous n’aurions qu’à mettre en application ce que l’Engagé affirmait il y a peu sur Vigile :
    “ C’EST EN ÉTANT RÉSOLUMENT ACTIFS QUE L’ON CRÉE NOTRE CHANCE ET QUE L’ON GÉNÈRE DES OPPORTUNITÉS. PLUS NOUS MONTERONS AU CRÉNEAU ET PLUS L’ENNEMI VA PANIQUER. PLUS L’ENNEMI VA PANIQUER, PLUS NOUS POURRONS LUI PORTER DES COUPS FATALS.”
    Ces coups fatals, nous devons les porter à l’armure de l’ignorance, des préjugés, de l’inconscience, des habitudes, des aspects sclérosants de l’éducation, de l’ethnocentrisme, du racisme et de tous les « ismes » débilitants qui maintiennent les individus dans des rôles qui leur voilent leur véritable nature d’êtres humains vivant sur une planète que leur mode de vie actuel est en train de détruire par leur seule faute. Nous sommes responsables individuellement tout autant que collectivement et c’est seulement ensemble que nous pouvons changer les choses.
    La menace n’est pas au cœur de la nation ni en périphérie, elle est dans notre cœur et je préfère passer pour naïf et ne pas souhaiter que « ces gens » soient de « notre bord », mais bien « à bord » avec nous dans le pays que nous leur offrons de voir grandir et prospérer en y travaillant ensemble. Et si je crois que nous ne méritons pas de nous donner ce pays en agissant autrement, c’est précisément parce que je ne suis ni aveugle, ni naïf.
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    24 décembre 2010

    "Y'a trois règles fondatementales en histoire: le nombre, le nombre et le nombre" (Arnold Toybee)

    1) 1966. Inauguration du métro. Si vous n'avez pas connu le Montréal de l'époque, allez dans les archives de Radio-Canada. Vous allez voir que 95% des gens dans le métro étaient blancs. Aujourd'hui, pas rare d'être minoritaire dans un wagon. Projetez maintenant la courbe sur 50 ans et demandez-vous ce qu'il va rester des Tremblay d'Amérique dans le métro de Montréal en 2060?

    2) 1975. Année internationale de la femme. Les femmes sont belles et provocantes. Elles se promènent sur la Catherine sur les hautes, sans soutien-gorge. Promenez-vous aujourd'hui et comptez le nombre de femmes voilées que vous allez croiser en une heure. Projetez tout ça sur 50 ans et imaginez la Catherine en 2060?

    3) Hier dans la Presse, pourtant à des années--lumières du code d'Hérouxville, on s'inquiétait de l'anglicisation de Laval, rendu à 18%. Qui anglicise Laval? Des Têtes carrées de retour de Toronto? Pantoute. Des Italiens et des Grecs anglicisés

    Depuis 250 ans l'ennemi au Québec c,est l'Anglais. L'Anglais qui nous a conquis, l'Anglais qui nous a dominés, humiliés, assimilés. C'est écrit dans le code génétique des nationalistes: Anglais égale ennemi.

    Dans moins de 10 ans, le Québec va compter deux fois plus d'immigrants que d'Anglais. Déjà le Québec compte plus d'immigrants (en %) que les USA. La ville de Québec compte deux fois de Noirs (en nombre) que tout l'État du Montana! Dans 20 ans, le Québec va compter un demi-million de Musulmans, deux fois le nombre d'Acadiens au NB.
    La menace n'est plus à la périphérie, elle est en plein coeur de la nation. Faut vraiment être aveugles pour ne rien voir. Et faut être d'une incroyable naiveté pour penser que tous ces gens vont être de notre bord, juste parce qu'on va se montrer gentils et accueillants à leur égard.


  • Claude G. Thompson Répondre

    23 décembre 2010

    Monsieur Barberis-Gervais.
    À vous lire, à lire votre « Gibelotte », que j’ai eu le privilège de lire en avant-première, je comprends votre réaction.
    Je ne voudrais pas juger de vos légitimes sentiments et de votre envie de faire une « sainte colère ». Les saintes colères ont toujours leur raison d’être et ne sont jamais le fruit de l’aveuglement, mais la juste manifestation du constat d’une situation qui ne peut plus durer parce que contraire au plus élémentaire sens commun et que rien d’autre ne peut efficacement arriver à dénoncer.
    L’histoire de Maurice Richard est à l’image de que fut celle de la conquête. Un seul individu s’est vu incarner le refoulé de toute une nation, refoulé qui sommeillait dans l’inconscient collectif de cette dernière. Pour moi, ce qui compte vraiment, ce sont les leçons que nous pouvons tirer de cet épisode de la vie de notre nation; épisode dont il fut le héros; un héros bien malgré lui et à qui on demanda de jouer un rôle qui n’était pas le sien et dont on instrumentalisa la vie pour en faire une légende qui tient désormais du mythe. Or, le mythe se fonde toujours sur des éléments provenant d’événements réels, imaginaires ou virtuels qui ont pris une dimension telle qu’ils ne peuvent plus entrer dans le carde restreint de la simple histoire ou du reportage. Peu d’hommes atteignent un tel statut de leur vivant et rares sont ceux qui sont capables d’en assumer le poids et la responsabilité. Maurice Richard s’est comporté dignement et est resté humble lorsqu’il comprit ce qu’il était devenu. Comme nos ancêtres, il a résisté malgré l’adversité, a connu une carrière de hockeyeur remarquable et s’est mérité une place de choix dans le cœur des Québécois.
    De la même façon, Il n’y a aucun doute que le « bloke Clarence Campbell » comme vous l’appelez, a incarné l’anglophone que son éducation avait fait de lui. Était-il conscient des injustices que la vision des « affaires » qu’il pratiquait était inique et faisait de lui un exploiteur ? S’il a persécuté Maurice Richard, l’a suspendu, l’a empêché de devenir le meilleur compteur, lui a interdit de participer aux séries, l’a-t-il fait en fonction des valeurs de son moi véritable ou de celles que son éducation et des préjugés, des attentes, des valeurs et des présupposés qui l’accompagnaient l’ont amené à devenir ? Comme nous tous, il était le fruit de son époque et de sa culture.
    Je crois sincèrement que nous avons, nous québécois, suffisamment muris et sommes à même de tirer profit de notre histoire pour être capables de comprendre que chercher des coupables et juger du comportement d’hommes comme M. Campbell ne peut nous être profitable que si nous les voyons sous cet angle. Les traiter de « trous du cul » ne peut satisfaire que notre colère qui elle, est rarement bonne conseillère.
    Quoiqu’il en soit, je vous prie de croire que je ne vous la reproche pas. Elle m’aura permis de pousser uin peu plus loin ma réflexion.
    Claude G. Thompson

  • Claude G. Thompson Répondre

    23 décembre 2010

    Monsieur Noël,
    Je connais le texte auquel vos faites référence. Je l'avais envoyé à Vigile le 26 octobre 2010 et M. Frappier l'avait publié dans les actualités.
    Je comprends que vous soyez septique quant à la possibilité de voir la communauté musulmane s'intégrer au Québec. Par ailleurs, j'ai eu la chance d'en côtoyer quelques-uns et leur intégration était tout ce qu'il y a de plus réussie. Les choses ne viennent jamais d'elles-mêmes et jamais seules. Elles demandent de la part de ceux qui arrivent certains efforts et les confrontent à des changements de mentalité auxquels ils n'étaient pas préparés. Ceux qui les reçoivent doivent donc faire montre de patience et comprendre que de juger leur manque de souplesse et leur éventuelle résistance au changement comme de la mauvaise volonté ou un refus de s'adapter ne peut rien apporter qui puisse leur faciliter les choses.
    Je me souviens de discussions avec l'un d'eux à propos de ses croyances et avoir eu envie de l'envoyer paître devant la fermeture dont il faisait montre. Heureusement, je me suis maîtrisé et lui ai exprimé ma difficulté à lui faire sentir combien je comprenais qu'il lui soit malaisé de comprendre notre mentalité, nos coutumes ou nos traditions et que j’en étais désolé. Je lui demandai comment il croyait que je me serais senti si j'avais dû m'adapter à ses coutumes et à ses traditions si j'avais émigré dans son pays. Ce fut un bon début. Il comprit que je ne le jugeais pas, mais que j'essayais de le comprendre pour mieux l'accueillir. Aujourd'hui, après bien des prises de conscience et une meilleur compréhension de ce qu'il est en dehors des valeurs que lui a transmis son éducation, des croyances qui servaient d'assises à sa vision de la spiritualité, des préjugés qu'il entretenait sans jamais avoir tenter d'en comprendre la véracité, des attentes qu'il s'était imaginé pouvoir satisfaire en quittant son pays, des valeurs et présupposés qu'il n'avait jamais remis en question, il est parfaitement intégré et fière de sa réussite. Je puis vous assurer qu'il ne lui viendrait jamais à l'esprit que je puisse être un mécréant.
    Je n'ai pas eu à remettre question mes propres valeurs pour qu'il adapte les siennes aux nôtres et nous n'avons collectivement pas à remettre en question ce que nous sommes pour accueillir les émigrants, de quelque pays qu'ils viennent et à quelque tradition qu'ils appartiennent. Si nous sommes clairs, ouverts, fidèles à nous-mêmes et ce qui nous différencie en tant que nation à travers notre culture, nos valeurs, nos eus et coutumes, nos lois et notre mode de vie, nous pourrons d'autant plus facilement aider ceux qui veulent participer à notre devenir à s'intégrer dans l'harmonie et la bonne entente.
    Les deux derniers paragraphes du texte de M. Alhi Daher sont du reste très explicite à cet égard à propos des musulmans et de l'Islam:
    “Comment les Québécois de foi islamique doivent-ils se comporter dans la nouvelle société à majorité non islamique dans laquelle ils ont immigré ? Doivent-ils revoir leurs comportements, laisser tomber certaines coutumes héritées qui ne sont pas liées aux dogmes et aux éléments de la foi pour faciliter l’intégration et non l’assimilation ?
    À de telles questions, l’islam est capable de donner des réponses qui découlent de la notion d’alliance ou de pacte. Dans ce domaine, l’islam va très loin. Le pacte est sacré et a la priorité sur les autres liens. Un visa, la permission de s’établir dans un pays, un passeport sont des pactes qui imposent des engagements et demandent le respect des lois et des éléments essentiels sur lesquels la société d’accueil est établie. Une fois que le musulman a accepté le visa et la citoyenneté, il conclut un pacte avec le nouveau pays. Il devient donc de son devoir religieux de respecter son engagement envers les lois de son nouveau pays.”
    Merci pour votre intervention,
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    23 décembre 2010

    C,est un portrait des Musulmans au Québec publié dans la Revue Relations. Je copie seulement la fin.
    Si vous pensez qu'on va pouvoir intégrer ces gens à notre peuple au cours de la prochaine décennie, bonne chance. Ni les Français, ni les Anglais, ni les Belges, ni les Hollandais, ni les Allemands, ni les Danois, ni les Suédois, ni les Norvégiens y sont arrivés.
    http://www.revuerelations.qc.ca/relations/archives/themes/textes/immigration/immi_dahe_0306.htm
    «Quel pacte avec leur nouveau pays
    Mais les difficultés viennent aussi des musulmans eux-mêmes. Leur implantation est récente au Québec. Leurs responsables, qui dans leur grande majorité sont nés à l’extérieur du Québec, s’intéressent davantage à ce qui passe dans leurs pays d’origine qu’au Québec et laissent de côté la question identitaire. Ils n’ont pas encore réussi, sauf pour une petite minorité d’entre eux, à trouver un équilibre entre leur appartenance au peuple québécois et leur appartenance à l’islam. Pour beaucoup de musulmans, ces deux appartenances sont antinomiques et non complémentaires. Selon eux, être Québécois signifie s’éloigner de l’islam. Et la formule : " Nous sommes des Québécois de confession islamique " n’est pas très répandue. La majorité des musulmans n’est pas encore arrivée à bien comprendre sa situation par rapport à la question identitaire. Leurs responsables actuels n’ont pas encore réussi à développer un vrai sentiment d’attachement à l’identité québécoise. Le poids de la variable islamique de leur identité est grandement amplifié. Est-ce qu’un musulman doit ou peut s’identifier à l’identité d’un peuple qui n’est pas originellement musulman? Cette question est posée et se discute, mais n’est pas encore résolue.
    Les questions de citoyenneté québécoise et de participation citoyenne ne sont pas encore claires, non plus, pour les Québécois de foi musulmane. Plusieurs musulmans optent pour la promotion de la communauté spirituelle musulmane. La communauté géographique les intéresse moins. Ils sont éloignés mentalement du cadre local. Ils ne vivent pas le Québec, ils vivent au Québec. Ils s’intéressent peu aux événements sociaux, culturels et politiques de la société québécoise. Ils apprécient ce que la société québécoise offre à ses citoyens en termes de droit à la liberté, à l’égalité et de pluralisme, mais ils restent critiques par rapport à cette société. Peut-être parce qu’elle est laïque et que la laïcité est pour eux synonyme d’athéisme? Athée est pour eux synonyme d’infidèle, d’impie, de païen ou simplement d’opposé à l’islam. Une vraie et juste compréhension de la conception de la laïcité leur manque. N’importe quel incident montre rapidement la fragilité des musulmans par rapport la société québécoise.
    La jurisprudence islamique a largement élaboré la question des droits et des obligations des communautés non musulmanes vivant dans une société à majorité musulmane. Mais une jurisprudence islamique traitant des questions de l’identité, de la citoyenneté et de la participation citoyenne dans une situation où les musulmans sont minoritaires n’existe pas et, si elle existe, elle est encore dans une phase embryonnaire. Ces questions ne se posent pas à n’importe quel jurisconsulte dont l’érudition doit se fonder sur une bonne connaissance du Coran, des hadiths (les dits du prophète de l’islam) et des autres sources islamiques. Elles se posent aux Québécois de foi islamique qui connaissent l’islam et la situation dans laquelle ils vivent. Ils sont mieux équipés pour répondre à ces questions. C’est de leurs réponses que dépendent leur vie, leur bien-être et leur avenir.
    Mais, au lieu de développer leur propre vision de leur situation originale au Québec, plusieurs Québécois de foi musulmane empruntent de fausses pistes pour résoudre leurs problèmes : soit en allant chercher les réponses auprès de jurisconsultes musulmans de pays lointains qui n’ont jamais vécu la situation de minorité dans une société occidentale à majorité non musulmane; soit en essayant d’appliquer des recettes juridiques anciennes qui ont été produites dans le passé pour une situation qui est loin d’être comparable à la situation québécoise.
    Comment les Québécois de foi islamique doivent-ils se comporter dans la nouvelle société à majorité non islamique dans laquelle ils ont immigré? Doivent-ils revoir leurs comportements, laisser tomber certaines coutumes héritées qui ne sont pas liées aux dogmes et aux éléments de la foi pour faciliter l’intégration et non l’assimilation?
    À de telles questions, l’islam est capable de donner des réponses qui découlent de la notion d’alliance ou de pacte. Dans ce domaine, l’islam va très loin. Le pacte est sacré et a la priorité sur les autres liens. Un visa, la permission de s’établir dans un pays, un passeport sont des pactes qui imposent des engagements et demandent le respect des lois et des éléments essentiels sur lesquels la société d’accueil est établie. Une fois que le musulman a accepté le visa et la citoyenneté, il conclut un pacte avec le nouveau pays. Il devient donc de son devoir religieux de respecter son engagement envers les lois de son nouveau pays.
    Référence : Daher, Ali, "Les musulmans au Québec", Relations, juin 2003 (685), p. 29-32.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 décembre 2010

    Thompson,
    Je salue la hauteur des vues et comme l'Engagé, je vais méditer sur ce que vous souhaitez.
    Mais vous tombez mal, très mal parce que je suis en colère. Je ne croyais pas que le film "Maurice Richard" que j'avais vu sur grand écran et qui est passé hier à la télévision provoquerait en moi une telle agressivité.
    Maurice Richard a été victime de plusieurs injustices pendant sa carrière. Et on enrage à les constater. Il n'y a aucune doute que le bloke Clarence Campbell qui a persécuté Maurice Richard, l'a suspendu, l'a empêché de devenir le meilleur compteur, lui a interdit de participer aux séries, est un trou-de-cul.
    Je comprends la colère de Jésus qui a chassé les vendeurs du temple à coups de fouet.
    Et j'ai lu l'article de l'Engagé sur André Pratte et ce penseur à gages de La Presse contribue à ma colère.
    Comme Erasme qui a fait l'éloge de la folie, je suis prêt à faire l'éloge de l'indignation et de la colère.
    Robert Barberis-Gervais, 23 décembre 2010

  • L'engagé Répondre

    23 décembre 2010

    Ce n'est pas une invitation à disserter, mais bien à méditer que vous nous offrez ici.
    Je vais donc vous relire et visiter les sentiers introspectifs que vous nous proposez.
    Salutations fraternelles,
    L'engagé