Quand ramener Lesage rappelle Charest

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Le pur opportunisme cynique de COuillard





Rebaptiser «Jean-Lesage» l’édifice du siège social d’Hydro-Québec à Montréal semble aller de soi. C’est ce qu’ont annoncé solennellement hier Philippe Couillard et son ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand.


Mais pourquoi maintenant?


À l’orée d’une année 2017-2018 pré-électorale, PhilippeCouillard s’inspirerait-il de bonnes vieilles stratégies de Jean Charest? Ce ne serait pas surprenant, étant donné le nombre de personnages issus de cette époque dans ses rangs.


Rompre ou célébrer?


À son arrivée en politique québécoise, l’ex-chef conservateur Charest était une sorte d’étranger non seulement à la politique québécoise, mais aussi à la tradition libérale.


Aiguillonné par l’Action démocratique, qui critiquait le modèle québécois, Charest n’hésite pas à promettre de «réinventer le Québec» (rien de moins!). Entre autres en repensant l’héritage de la Révolution tranquille; s’il faut en rompant avec cette dernière, en «pass[ant] à autre chose». L’État qu’elle nous a donné étant trop gros, arguait-il.


Mais au fil des ans, des difficultés, notamment le gouvernement minoritaire de 2007, fait en sorte que le discours de Charest change. Le souvenir de Jean Lesage, entre autres, est évoqué plus souvent que jamais dans ses discours. Charest en vient même à célébrer la Révolution tranquille... la même dont il souhaitait libérer le Québec en 1998!


En 2010, il lance l’année de commémoration des 50 ans de la révolution. Le 22 juin, jour du jubilé de l’élection de Lesage, Charest se rend personnellement sur la Côte-Nord pour rebaptiser deux barrages emblématiques de cette époque, Manic 2 et Manic 3, respectivement du nom de Lesage et de Lévesque. À l’époque, chaque conseil général ou congrès du PLQ s’ouvre sur des vidéos souvenirs où Lesage est une sorte de référence obligée.


Sincérité et stratégie


Dans toute commémoration historique organisée par tout gouvernement, on doit déceler un mélange de sincérité et de stratégie.


On ne peut nier que Jean Charest fût sincèrement fier de l’héritage du PLQ. J’ai conservé un calendrier 2008-2009 soulignant les 10 ans de sa chefferie. Il s’intitule «Des gestes marquants depuis 140 ans»,


Référer constamment à ce passé (en gommant les aspects moins glorieux: on ne parle jamais de l’ère Taschereau dans ces documents...) fut pour Jean Charest une tentative de se québéciser aux yeux de ceux qui ne voyaient en lui qu’un «fédéral» vivant au Québec, un mauvais greffon conservateur.


D'une manière similaire, l’actuel gouvernement Couillard, qui peine à séduire le vote francophone, se réfère à l’histoire — voire l'instrumentalise — pour mieux prendre position dans le présent. (Rappelons que Lesage a longtemps été réticent quant à la nationalisation de l’électricité.)


La manœuvre affleure dans le document dit constitutionnel Québécois notre façon d’être canadien. Elle est évidente lorsque le gouvernement agite comme lundi le mythe fondateur de la Révolution tranquille dans le hall du siège social d’Hydro-Québec... boulevard René-Lévesque.




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