Quand des touristes québécois s’offusquent de nos anglicismes

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L'anglicisation, des deux côtés de l'Amérique


Des Québécois en visite en France – et ils sont nombreux, cet été, à parcourir le pays qui fut celui de leurs ancêtres – ne sont pas contents du tout. Eux qui se battent tous les jours pour que vive cette belle langue française au milieu d’un univers anglophile sont choqués par la présence envahissante de l’anglais sur le sol français.


C’est le magazine canadien L’Actualité qui rapporte, dans un long article, l’émoi ainsi ressenti par ces touristes qui sont si chers à notre cœur. L’anglais, écrit ce magazine, semble s’être imposé partout « sur les affiches, à la télé, dans les vitrines de magasins, les slogans politiques, les affiches de manif, les “happy hours”. » Jusqu’à la ville de Paris qui a pris pour slogan olympique « Made for Sharing »


Et malicieusement, le journaliste Jean-Benoît Nadeau fait remarquer à ses lecteurs qu’un « trader est nettement plus dans le coup qu’un courtier » et que les Canadiens français sont ravis de nous rappeler que le français est une très vieille langue. « Après tout, si les Français se garent au parking, les Québécois se parquent au stationnement ! » Sont bannis, aussi, de Montréal au Cap-Breton, les mots « email » (courriel), « shopping » (magasinage), « week-end » (fin de semaine), « chat » (bavardage)… Néanmoins, tout aussi malicieusement, on pourrait rappeler à tous ces gentils touristes et lointains cousins, qui viennent nous inonder de leurs piastres (c’est ainsi qu’on appelle le dollar, au Québec), qu’eux aussi empruntent à la langue anglaise de nombreux mots, quand ils ne les francisent pas. Le travail, c’est la job (je dis bien « la » et pas « le » !). Les blagues sont des jokes…


Et que dire de cette conversation que vous auriez pu avoir avec eux sur le Vieux-Port de Marseille ou sur les Champs-Élysées : « Hey, man, je te trouve bien chill et ben smart, je catche pas toujours les expressions françaises. Anyway, c’est l’fun pareil de jaser avec toi » (« Et mon pote, je te trouve bien cool, bien futé, je ne comprends pas toujours les expressions françaises. Mais de toutes façons, c’est quand même sympa de parler avec toi »). Car nonobstant ces mots étranges, les Québécois ne connaissent pas le vouvoiement que leurs ancêtres pratiquaient, il est vrai, bien peu dans nos campagnes d’avant la Révolution. Comme les Anglais…