Le Québec au 21e siècle

Qu’est-ce qu’on fait, maintenant?

Comment penser l'avenir du Québec sans la perspective de l'indépendance

Exemple parfait de la "guerre impensée" - La fuite dans les illusions conduisant à la paix des cimetières ! - Vigile

«Ce que je dis, c’est que ça me fait vraiment mal, l’actuel de la québécitude, l’état du projet. Je serais porté à penser que c’est mort, l’affaire, mais je ne peux pas me faire à l’idée que c’est mort, l’affaire!»
Fred Pellerin, entrevue dans Le Devoir du 19 novembre 2011
Je me suis senti partagé entre la sympathie et les grincements de dents en prenant connaissance du diagnostic de Fred Pellerin sur l’état actuel du Québec. La sympathie, c’est pour le sentiment devant la situation globale de la «québécitude». Les grincements de dents, c’est pour «l’état du projet» et «l’affaire». «L’affaire» me semblant résumer à elle seule le flou, les non-dits, la difficulté de concevoir et d’énoncer clairement le «projet» et la «québécitude». Ouatte de phoque, peut-on parler clairement quand on veut être compris?
Bon, je ne vais pas tirer plus que nécessaire sur Fred, c’est un poète, pas un analyste politique. Pour le moment, ce qui importe, c’est la difficulté d’accepter le diagnostic, même si chacun peut interpréter «l’affaire» à sa manière. Mon interprétation de «l’affaire» est que le projet indépendantiste, tel que défini depuis 50 ans, est mort. Le cadavre est encore chaud et certains espèrent une réanimation, mais la seule question qui m’importe est : qu’est-ce qu’on fait maintenant? Comment penser l’avenir du Québec sans la perspective de l’indépendance politique?
Il est toujours possible d’assister à une résurrection de «l’affaire» si le gouvernement Harper continue de démontrer aux Québécois que leur présence et leur opinion n’ont aucune valeur particulière dans la définition de la politique canadienne, mais j’imagine que s’ils tiennent vraiment au Canada, ils vont s’arrêter avant le miracle.
Quelques points de repères et quelques perspectives
Pour concevoir les possibles et les probables du Québec, il est indispensable de considérer diverses perspectives à différentes «hauteurs» locale (québécoise), régionale et nationale (canadienne), nord-américaine, occidentale et, finalement, mondiale.

Économie et démographie
. Avec ses 8 millions de citoyens, le Québec représente un peu moins de 1/4 de la population du Canada, 1/40ième de la population américaine et canadienne et 1/56ième de la population de l’Amérique du Nord. Si le Québec était le quatrième pays de l’Amérique du Nord, seule sa superficie lui permettrait de se comparer à ses voisins. Mais on comprend que du point de vue des États-Unis (308 millions de citoyens) et du Mexique (112 millions), il représente peu de choses.
Complètement intégré structurellement à l’économie nord-américaine, le Québec n’a jamais eu une grande marge de manœuvre pour appuyer son pouvoir politique sur sa force et son indépendance économiques. Le comportement des élites économiques québécoises a été assez révélateur à ce sujet depuis 50 ans. À peu près aucun dirigeant de grande entreprise ne s’est engagé pour l’indépendance mais beaucoup s’y sont ouvertement opposés. On peut penser que les pressions du ROC ou la crainte des réactions des partenaires s’y trouvant ne sont pas étrangères à cette unanimité en rupture avec les opinions citoyennes. Comme l’a bien vu Marx, les «forces de production» représentent toujours un facteur déterminant dans la configuration et l’histoire des sociétés.
Bref, de ce côté-là, la réponse à la question «Qu’est-ce qu’on fait?» demeure à peu près identique quel que soit le statut politique du Québec.

Culture et politique
. C’est ici que les choses à la fois se compliquent et deviennent fluides et dynamiques car l’espace politique et culturel échappe en bonne partie aux contraintes de l’économie et de la démographie. Dans une société mondialisée où la production de biens et de services est à peu prés libérée des contraintes de distance (il en coûte 1,5 cent par t-shirt pour en amener un conteneur de Shanghai à Montréal!), la culture et la politique demeurent en grande partie des zones «locales». C’est dans ces espaces que le possible et le probable ont la plus grande marge de jeu. Ces espaces constituent également la zone des échanges intersubjectifs et de la structure symbolique d’une société. C’est là que «nous» prend forme, vit et, éventuellement, meurt. Dans notre monde «dématérialisé», l’importance de ces zones peut difficilement être sous-estimée.
Au Québec, cette réalité est visible et évidente depuis fort longtemps. Car dans notre contexte très particulier, seule une culture forte de haute qualité est en mesure de constituer «l’attracteur étrange» régénérant continuellement la «forme» Québec. La baisse de la garde nous dissout immédiatement dans la culture mondialisée où tous parlent anglais, tous se ressemblent et où n’existent plus que des atomes vedettes déracinés.
Pour bien prendre la mesure de notre contexte particulier, à première vue, seules les minorités de la Chine, dont principalement les Tibétains et les Ouïghours, vivent une situation similaire à la nôtre sous l’angle des défis culturels et du contexte démographique, bien que leurs difficultés soient cent fois les nôtres. Nous sommes, sur le plan humain, l’équivalent des espèces en danger sur le plan animal ou botanique.
Si, un jour, la différence québécoise se résume à une chose, ce sera celle de sa culture. Et puisque l’enjeu principal de la québécitude se trouve à ce niveau, c’est donc là que les réponses à la question «Qu’est-ce qu’on fait?» sont cruciales.
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?
Si on regarde les choses sous un angle cognitif, une perspective trop rare dans les analyses du projet souverainiste, on peut dire que l’absence d’appariement entre les aspects ethnocentriques du projet indépendantiste et les éléments modernes et postmodernes de la culture et des réalités économiques québécoises a constitué un des facteurs subjectifs majeurs qui ont empêché le ralliement de la société autour du projet indépendantiste. Cet aspect «boiteux», à cloche-pied, est apparent quand l’analyse des valeurs sous-jacentes aux choix de chacun met en lumière le «niveau» ou le «stade» des arguments, qu’ils aient été pour ou contre l’indépendance. «Le destin normal d’un peuple normal» de niveau ethnocentrique cadre mal avec le consumérisme et l’individualisme moderne, comme avec le relativisme et le début de conscience planétaire du postmodernisme.
Ce qui semble cependant très clair, c’est qu’une fois écarté l’élément de division de l’option indépendantiste «ethnocentrique», l’espace de jeu (le possible et le probable) culturel et politique présente soudainement des perspectives écartées depuis longtemps. Deux sont particulièrement évidentes et ont commencé à reconfigurer l’espace politique. La première est que la polarité gauche-droite devient plus apparente, tant au Québec qu’au Canada, où le Québec apparaît comme élément majeur, sinon central, d’un projet social-démocrate postmoderne. La seconde, effleurée par François Legault et Charles Sirois, est le renforcement des mesures de protection et de promotion du français, jusqu’à l’utilisation de la clause dérogatoire si nécessaire.
La dynamique politique québécoise ne changera pas instantanément avec la perte d’influence du Parti Québécois (et encore moins si le gouvernement Harper continue sur sa lancée), mais nous sommes déjà entrés dans une nouvelle étape, que cela plaise ou non. Il devient désormais possible que tous les partis politiques québécois et tous les représentants québécois dans les partis fédéraux s’entendent sur des politiques pour le Québec. Les pèlerinages du ministre Jean-Marc Fournier à Ottawa pour modifier le projet de C-10 sont un exemple de ce nouveau type de front uni. Avec cette nouvelle dynamique, le «projet» québécois pourrait bien avoir comme conséquence de modifier le «projet» canadien.
On peut faire une longue liste des dossiers qui pourraient se mettre à bouger si on y consacrait un peu d’énergie sans toujours calculer l’impact des gestes sur le résultat du prochain référendum.
Retrouver l’élan créateur politique et social
Le côté «progressiste» du Québec n’est pas dû à sa culture, à ses vertus ou à des caractéristiques ontologiques particulières mais simplement à sa différence, ou plutôt à son désir de maintenir sa différence dans un environnement exerçant une formidable pression à ses frontières. Cette différence fait que le Québec est un défi pour lui-même et pour le Canada. Parce qu’il est une société sous tension, en équilibre instable, le Québec a toujours eu deux choix: se replier sur lui-même ou être en état de (auto) création perpétuelle. Depuis la Révolution tranquille, il a manifestement tendance à aller vers la création. C’est avant tout le désir de sortir des tranchées et de se mettre à avancer qui porte les Québécois à voter pour François Legault.
Je crois que la plupart des anglophones québécois sont capables de reconnaître et d’accepter la légitimité des mesures nécessaires pour maintenir la différence québécoise, c’est-à-dire assurer la pérennité du Québec français. Cette reconnaissance est certainement plus facile pour eux, une fois écartée la «menace» de l’indépendance. Il est également évident que la dissolution de l’opposition fédéralisme-indépendantisme est la première condition pour leur permettre de participer à la politique québécoise ailleurs qu’au parti Libéral.
Au début des années 1970, j’ai vécu quelques années au sein d’une «commune» dont tous les membres, sauf moi, étaient d’origine anglophone, juive montréalaise, canadienne ou américaine. Et la langue qu’on y parlait était, 99% du temps, le français. Je mentionne cette anecdote simplement pour signaler qu’une fraction significative de la communauté anglophone est foncièrement «progressiste» et comprend très bien la situation particulière du Québec.
Les deux «bonnes» raisons éventuelles de faire l’indépendance sont là: que le Québec soit empêché de prendre les mesures pour maintenir son intégrité culturelle et qu’il ne puisse pas appliquer sur son territoire les politiques qu’il souhaite. Si le blocage devenait irréductible, alors la solution de l’indépendance ne serait sans doute plus vraiment contestée à l’intérieur du Québec et permettrait d’établir un front au-delà des communautés linguistiques.
Pour le moment, le Parti Conservateur ne semble pas se rendre compte des conséquences de ses positions et accumule les signes de mépris, mais j’imagine que ses dirigeants ne sont pas assez bêtes pour donner au Québec les raisons élémentaires de dire «Oui» à un prochain référendum. Il serait malheureux que les choses prennent cette tournure car cela ramènerait le débat au niveau «ethnocentrique» qui divise le Québec entre «eux» et «nous». C’est vraiment la dernière chose dont le Québec a besoin.
Note
On peut envisager d’autres aspects de la nouvelle donne Québec-Canada dans un texte écrit en 2006 par Claude Morin, ancien ministre québécois des Relations internationales et père de «l’étapisme». Reconnaissance de la nation québécoise – De quoi s’agit-il?

Squared

Christian Lamontagne5 articles

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Journaliste à l'Agence de presse libre du Québec en 1971, cofondateur du magazine Le Temps Fou en 1978 et fondateur du magazine Guide Ressources en 1985. En 1998, il a fondé le site Internet Passeport Santé (Réseau Proteus), où il travaille toujours.





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4 commentaires

  • Bruno Deshaies Répondre

    24 novembre 2011

    « …alors dites-moi comment le momentum peut être recréé », nous demande Monsieur Lamontagne.
    2011-11-24, par Bruno Deshaies
    Vous affirmez d’entrée de jeu : « L’indépendance politique n’est pas un objectif en soi… ». On comprend vite pourquoi, car vous ajoutez qu’elle est « la conséquence d’une volonté de vivre d’une certaine manière ». Dois-je comprends que « vivre d’une certaine manière » serait suffisant pour réaliser l’indépendance politique du Québec ? Rien d’assurer, car vous ne cherchez que de « nous rendre là où nous souhaitons aller ». WOW ! Bien sincèrement, je crois que vous oubliez l’histoire des Québécois depuis leur origine en Amérique du Nord et surtout la très grande difficulté pour la société canadienne (française) depuis 1760 a vivre ou plutôt à survivre comme appendice de la « Quinzième Colonie » dans l’empire britannique en Amérique du Nord.
    Le « momentum » comme vous dites n'existera jamais si vous n'acceptez pas de participer à une forme d’éducation à la compréhension de la situation provinciale et du statut de nation annexée du Québec autrement que par l'optique indépendantiste. Mille regrets, le combat n'est pas DANS le régime mais SUR le régime. En outre, vous semblez ignorer ou occulter la pesanteur des structures historiques qui pèsent sur tous les gouvernements du Québec depuis la Confédération en 1867 et même et surtout depuis la Conquête. Deux siècles et demi de subordination, de provincialisation, de superposition et de privation d’agir par soi collectif qui est une oppression essentielle, c’est-à-dire un remplacement permanent. Les limitations du Québec d’aujourd’hui ne dépendent nullement de Stephen Harper.
    « Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? » Réponse : Il faut en finir avec le discours fédéraliste et défaitiste comme vous le faites. Que pensez-vous que toutes les chaires de recherche du Canada dans nos universités établies sous le contrôle d'instances fédérales du Canada-Anglais font quand vous proposez de piétiner naïvement DANS le régime ? Elles forment des générations de prosélytes du fédéralisme canadian
    Votre « momentum » est DANS le régime et dans 100 ans vous serez encore DANS le régime. Cependant, le pouvoir, la richesse et le savoir diminueront lentement en quantité et en qualité avec le temps pour la collectivité nationale québécoise-française qui ne sera même plus une majorité au Québec. Elle ne sera probablement que l'ombre d'elle-même.

  • Christian Lamontagne Répondre

    24 novembre 2011

    La grande difficulté que nous avons comme indépendantistes est de concevoir que le «projet» a perdu son momentum et qu'il n'y a aucun signe qu'il puisse le retrouver. L'apparition de ce momentum est hors de notre portée, car il ne dépend que très secondairement de ce que nous pouvons faire directement.
    L'indépendance politique n'est pas un objectif en soi mais, éventuellement, la conséquence d'une volonté de vivre d'une certaine manière. Et cette volonté doit être celle d'une majorité de «citoyens» du Québec et non pas seulement celle de la majorité d'origine canadienne-française. L'universalité et l'ouverture sur le monde du projet indépendantiste doivent pouvoir être reconnues par tous les citoyens. C'est à cette condition que le projet peut retrouver son momentum. Nous en sommes loin, très loin.
    Si je me trompe, alors dites-moi comment le momentum peut être recréé. Jusqu'à présent, ceux qui contestent mon analyse n'ont pas répondu à cette question. Ils se bornent à affirmer leur engagement pour la cause. Ma perspective est de regarder les choses du point de vue de l'avenir, disons 20 ans ou 50 ans, pour voir où nous pouvons agir aujourd'hui afin de nous rendre là où nous souhaitons aller. Malheureusement, ce n'est pas en répétant les mêmes formules et les mêmes arguments employés depuis 50 ans que nous pourrons faire avancer les choses.

  • Bruno Deshaies Répondre

    24 novembre 2011

    Répone : Parler d'une seule voix pour l'indépendance nationale du Québec.
    Christian Lamontagne dixit :
    « ...le projet indépendantiste, tel que défini depuis 50 ans, est mort. Le cadavre est encore chaud et certains espèrent une réanimation, mais la seule question qui m’importe est : qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Comment penser l’avenir du Québec sans la perspective de l’indépendance politique ? »
    Je reconnais, monsieur Christian Lamontagne, que votre credo est fédéraliste ou humaniste ou universaliste. C'est votre affaire.
    J'oppose à votre analyse de situation le point de vue suivant :
    http://blogscienceshumaines.blogspot.com/2010/10/mettre-le-cap-sur-lindependance.html
    L'INDÉPENDANCE NATIONALE DU QUÉBEC OUVRE LES PORTES À L'INTERDÉPENDANCE. Croire que les Québécois veulent se replier sur eux-mêmes, c'est une invention de fédéralistes.
    Malheureusement, les Québécois-Français ne sont pas encore parvenus à comprendre toute la portée de vivre une vie collective indépendante. Ils doivent comprendre que la somme des libertés individuelles ne doit pas être confondue avec la LIBERTÉ COLLECTIVE. Voilà le bout conceptuel du chemin critique qui doit être parcouru sans failles par le Québecois.
    Je vous oppose donc l’idée suivante. Le changement de « status » politique pour le Québec consiste à penser l’indépendance comme un « bien en soi » susceptible de soulever des aspirations collectives insoupçonnées. Celles-ci pourront à leur tour développer et augmenter chez tous les Québécois le sentiment national requis pour FAIRE l’indépendance.
    Notre histoire telle que vécue ne conduit inexorablement qu’à l’assimilation totale. C’est le résultat inéluctable de l’annexion permanente qui en est la cause. Cet horizon destructeur, les Québécois-Français n’en veulent plus. Toutefois, ils doivent indubitablement dépasser le combat uniquement pour la langue afin d’en faire une lutte pro-indépendantiste avouée et irréversible. Ils doivent se dire que leur choix est collectif. Il ne saurait plus être question de vivre lamentablement au plan NATIONAL à la croisée des chemins. Ce qui est, en peu de mots, la lutte nationale au 3e degré, à savoir la lutte pour la suprématie, pour la prépondérance, pour être la majorité dans un État séparé, pour être indépendant et, bien sûr, pour être maître chez soi ainsi que pour réussir son propre séparatisme. (Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, Montréal, Guérin Éditeur, 1997, p. 127.)
    Le Québec est dans le monde, mais distinct de lui.
    L’INDÉPENDANCE (selon Maurice Séguin)
    Politique et économique
    L'indépendance, dans l'ordre politique, comprend donc l'autonomie interne et l'autonomie externe.
    Dans l'ordre économique, cette indépendance ou interdépendance comprend le développement, par ses propres forces nationales, non seulement des industries primaires, mais également des industries secondaires et du secteur tertiaire, c'est-à-dire le développement par ses propres forces de l'agriculture, des mines, des manufactures, du commerce, des transports et de la finance.
    Interdépendance du politique et de l'économique
    Ces deux indépendances, toujours considérées au sens restreint, se soutiennent mutuellement. Un nationalisme politique complet, à la fois intérieur et extérieur, est nécessaire pour développer une économie moderne diversifiée et complète. D'autre part, une vie économique équilibrée, entière et dynamique est également nécessaire pour soutenir le politique tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
    Dans Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 8-9.
    Enfin, les Québécois doivent mettre dans leur cerveau d'autres concepts que ceux de l'idéologie fédéraliste impérialiste.

  • Tremblay Sylvain Répondre

    24 novembre 2011

    En forçant un peu, la Coalition pourrait passer le message du NPD sur la famille et se faire passer pour une copie conforme. Finie l'Indépendance, la Souveraineté, les gens n'en veulent plus, les Anglais sont très gentils, ils ne nous enlèvent rien; effaçons tout celà, relevons-nous les manches, et c'est ça qu'on va faire: la même chose que les libéraux, des pélerinages à Ottawa en délégation jusqu'à temps que, d'ici cent ans, peut-être, on s'aperçoive qu'on s'est trompé de chemin, et à ce moment là, on verra s'il y aurait lieu de prendre une autre voie. Des fois, on se sait jamais, les Anglais pourraient vraiment être méchants, bien plus qu'on se l'imagine. Mais pour le moment, il n'y a rien de celà dans l'air.
    Qu'est-ce qu'on fait maintenant? On parle contre l'Indépendance et on fait autre chose, la bonne gestion, les parlementeries fédérales-québecoises, etc.. Franchement, il y a bien des années qu'on a atteint la limite de ce qu'on peut faire avec le fédéral et leurs acolytes. Nous n'en sommes plus du tout à concocter de nouveaux scénarios en ce sens. La Coalition est complètement hors-champs et j'ai idée que les Québecois ne se feront plus berner par des partis de ce type, qui nous donnent tant de misère.
    Normalement, le Canada est un pays francophone depuis l'origine. Ce n'est pas ethnologique, ça, c'est la réalité que nos ancêtres ont vécu, avec les amérindiens et les Métis, vivre comme peuple dans un pays grand comme un continent. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Tout le Canada est devenu anglophone. Il n'y a pas à jouer avec ça. C'est sérieux ce qu'on a à faire.
    Vous n'avez pas remarqué que le Québec est toujours dessous avec le Fédéral? Ils calculent leur afaire pour qu'on soit toujours dessous, c'est pour ça qu'on est toujours dessous. On a beau protester, faire tous les temps, on va passer dessous, ils nous font passer dessous, en-dessous de tout. Ils sont venus d'ailleurs pour nous remplacer, c'est clair comme de l'eau de roche. C'est nous qui dirigions, ce sont maintenant eux qui dirigent et on va toujours passer dessous. Il nous reste à en prendre acte et sauver ce qui reste de la Nouvelle-France, le Québec. Nous dirigions la Nouvelle-France. ils nous ont fait la guerre et ils nous la font toujours. Ce n'est pas l'Indépendance qui fait la chicane, c'est le fait qu'on reste ici, avec des gens qui ne veulent pas travailler avec nous. Séparons-nous, nous redeviendrons un Pays et eux resteront une Colonie de la Nouvelle-Angleterre transplantée en Nouvelle-France, avec notre nom, notre chant et leur langue. On va bien voir c'est quoi le vrai Canada, un Pays français ou une Colonie anglaise. Les québecois qui vont à l'étranger ne se feront plus insulter parce qu'ils sont canadiens, car ils seront Québecois, désormais.
    La gestion, laissez ça aux gestionnaires. Les partis politiques québecois, aujourd'hui, doivent être à l'avant-garde, s'occuper des vraies affaires: l'Indépendance politique du Québec. C'est vers là qu'on s'en va, et c'est ça qu'on va faire!