Prier à Santorini

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Le respect pour la religion de nos pères






On ne va pas à Santorini pour prier. Du moins, pas quand on est un touriste occidental moyen de passage pour quelques semaines dans les îles grecques. On y va pour jouir de la vue époustouflante et profiter des plages de sable noir, rouge ou blanc.




Évidemment, partout en Grèce, il y a des églises et des monastères orthodoxes, on les visite avec plaisir, mais comme un étranger de passage, avec un regard extérieur.




Le syndrome de l’imposteur




Mais en marchant dans Fira, j’ai vu au loin un crucifix qui m’a presque happé. Je m’y suis dirigé. Au bout d’une dizaine de minutes, j’y étais. C’était la cathédrale catholique, vouée à saint Jean-Baptiste. J’y suis entré, un peu gêné, comme chaque fois que j’entre dans une église, car j’ai beau penser le plus grand bien du christianis­me, je ne suis pas vraiment de ceux qu’on peut classer parmi les croyants. Je m’y sens comme un imposteur.






On moque aujourd’hui la conscience religieuse, on veut y voir une trace d’une humanité infantile. Pourtant, chaque église témoigne de la grande quête spirituelle de l’humanité










Pourtant, quand je vois la croix, je me sens apaisé, presque chez moi. Ça me semblait quand même une petite église. J’ai attendu qu’elle se vide, puis je me suis agenouillé, non pas fiévreusement, mais avec hésitation. J’ai bien essayé de dire une prière, mais je n’en connais aucune, sinon le Notre Père, que j’ai péniblement marmonné. Je ne sais pas trop pourquoi, d’ailleurs, sinon que j’avais l’impression que c’était la seule chose à faire.




Cela m’a rappelé une autre fois où je m’étais aussi recueilli devant une grande croix, au sommet d’une butte dans une région québécoise, sans trop comprendre ce que je faisais. J’ai vite voulu me relever. Une part de moi me traitait de farceur. Mais une autre avait l’impression de vivre un moment particulier, comme si je me recueillais devant la part mystérieuse de l’existence, que certains appellent Dieu.




Vouloir croire




À Montréal, je ne vais pas à la messe. J’ai déjà essayé, mais j’avais l’impression de jouer la comédie, de me mentir à moi-même, de feindre une crise mystique. Il y a quand même des limites à faire semblant d’entendre un appel qu’on n’entend pas. Mais j’aimerais croire. Surtout, j’ai une forme de tendresse pour un monde que je n’ai pas connu, qui me semble moins détestable qu’on nous l’a répété depuis quelques décennies.




Je ne parle pas des bondieuseries ni du pouvoir des curés qui mettaient au ban de la société ceux qui ne suivaient pas leurs consignes. Mais du respect pour la religion de nos pères et de ses rites qui ponctuaient l’existence et donnaient à l’homme un peu de paix intérieure. Dans le film Joyeux Noël, je suis toujours ému quand les soldats qui se canardaient le matin font une trêve et finissent par prier ensemble à la messe de minuit. Il y a au fond du christianisme une lumière splendide.




On moque aujourd’hui la conscience religieuse, on veut y voir une trace d’une humanité infantile, se payant d’illusions pour ne pas affronter sa mortalité. Pourtant, chaque église témoigne de la grande quête spirituelle de l’humanité. On les trouve même dans les lieux les plus improbables, au sommet des montagnes ou au fin fond d’une île volcanique. Mieux vaut s’y recueillir, même si on ne sait pas devant quoi.



 




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