Une histoire qui se ressemble

Préval et Zelaya

Haïti un an après le Honduras

Tribune libre 2010


Si nous nous fions aux principaux titres et articles que nos médias (1) affichent ces temps-ci sur Haïti, nous arriverons vite à la conclusion que le Président Préval, non seulement doit laisser sa place vite, mais doit être exclu comme Président légitime et responsable de l'intégrité du processus électoral. Des « étudiants » et « divers mouvements et personnalités publiques » se manifestent et réclament la démission du Président Préval avant même la tenue des élections présidentielles et législatives prévues, exceptionnellement par décret gouvernemental, pour mai 2011. Les nombreux problèmes causés par le tremblement de terre ont fait en sorte qu'elles ne pouvaient se réaliser convenablement à la date prévue par la Constitution, soit le 7 février 2010.
Qu'y a-t-il donc derrière ces titres et ces articles que nos médias s'empressent de porter à la connaissance de ses lecteurs et lectrices ? On se souviendra la couverture que ces mêmes médias avaient accordée au coup d'état militaire qui avait délogé, au Honduras, le Président Manuel Zelaya dont le mandat arrivait à terme et qui lui revenait de superviser l'élection présidentielle et législative de novembre 2009. Dans ce dernier cas, il était tout à fait prévisible que cette élection allait être remportée par ceux et celles qui poursuivraient les orientations prises par l'administration du Président Zelaya. Toutefois, selon les oligarchies et ceux qui les soutiennent, il ne pouvait en être question. « Il y a tout de même des limites à la démocratie ».
Dans le cas d'Haïti, me semble-t-il, il y a deux facteurs qui transcendent tous les autres et qui doivent être constamment présents dans la lecture que nous ferons des évènements à venir : d'abord les 10 milliards $, théoriquement disponibles, pour la reconstruction d'Haïti, ensuite les liens des divers intervenants avec les pays émergents de la région (ALBA ET UNASUR ). Si nous savons que le Président Zelaya a été expulsé en raison de ses liens avec ces pays et l'appui qu'il disposait de la population Hondurienne pour aller dans ce sens, il y a fort à parier, qu'en Haïti, les maîtres du jeu ne laisseront pas le peuple et ses futurs dirigeants emprunter une telle orientation. Ils sauront nous convaincre que le peuple n'a pas encore le « discernement qu'il faut et l'intégrité nécessaire » pour décider de son avenir.
D'ores et déjà nous savons que le Président Préval maintient de bonnes relations avec les pays émergents et que tout récemment encore, il s'est rendu à Cuba, pays qui coopère depuis des années dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Nous savons que le Venezuela, suite au tremblement de terre, a remis la totalité de la dette d'Haïti et qu'il lui assure gratuitement l'approvisionnement en pétrole pour tous les services publics. Les pays de l' « Alliance bolivarienne des pays de notre Amérique » (ALBA) ont développé des programmes de coopération dans divers secteurs et participent activement à répondre aux besoins les plus urgents. Il est certain que nos médias ne parlent pas beaucoup de ces manières nouvelles de faire. Pourtant, elles s'avèrent efficaces et sont appréciés par les bénéficiaires.
Les États-Unis, avec ses milliers de soldats qui viennent tout juste de prendre position au Costa Rica, avec ses millions $ utilisés à travers les ONG qui peuvent lui rendre bien des services de nature pas toujours humanitaire et avec ses alliances traditionnelles avec le Canada et l'Europe, ne laisseront pas le peuple Haïtien décider d'une orientation politique et économique qui ouvrirait la porte à d'autres joueurs que ceux qu'ils auront eux-mêmes choisis. Les 10 milliards $ ne doivent pas leur échapper et doivent servir le plus possible les économies des pays donateurs. Pas question que leur usage soit entièrement décidé par des dirigeants qui ne leur soient assujettis. Il est donc important pour eux de prendre l'entier contrôle des élections, peu importe les subterfuges utilisés pour y arriver.
Haïti, premier peuple à avoir conquis son indépendance, sera, finalement, le dernier à pouvoir l'exercer. Certains diront sans doute qu'ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes et Dieu sait que les médias ne manquent pas d'alimenter ce préjugé. De grâce, soyons prudents et vigilants pour, à tout le moins, être justes à l'endroit de ce peuple si mal mené.
Quelle triste histoire que celle de ces empires qui ne lâchent pas prise tout en nous chantant la mélodie d'amour !
Oscar Fortin

Québec, le 15 juillet 2010
Élections législatives et présidentielles - La méfiance gagne du terrain en Haïti
Incidents à Port-au-Prince
« Il n'y a pas de gouvernance de la reconstruction » en Haïti
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89...

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 juillet 2010

    Pour mes amis sensibles aux traitements humains réservés à certains prisonniers, un texte en espagnol mais dont les photos parlent par elles-mêmes. Une photo ne vaut-elle pas mille mots? Point n'est besoin de comprendre l'espagnol pour comprendre ce que nous révèlent les photos.
    http://www.rebelion.org/noticia.php?id=109818

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2010

    Comme M. JLP, j'ai déjà témoigné de mon expérience dans les visites officielles organisées pour les touristes:
    -Tout près de Cienfuegos, petite école où les enfants utilisaient ostensiblement de minuscules ardoises... pendant qu'un préposé recevait en douce nos dons de papeterie/stylos
    -Non loin de là, dans une "clinique" la visite s'est limitée au laïus d'une dame en blanc, dans un portique, qui nous a débité la liste des maladies éradiquées à 100% sous la Révoluciòn cubana. Récupération minutieuse aussi de nos dons en diachylons et pommades...

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    16 juillet 2010

    Le mythe de la Santé et de l’Éducation à Cuba
    Moins de 20 euros par mois est le salaire d’un médecin à Cuba et la salubrité publique est au même niveau qu’en Afrique. Concernant l’Éducation, voici comment des professionnels cubains conversant ont la difficulté d’utiliser la syntaxe et le vocabulaire appropriés par rapport à leurs études universitaires. Le boulanger, M. Paneque, s’exprime mieux que le journaliste présent dans l’entrevue ci-dessous de Youtube, d’une durée de 43 minutes et émise le 15 juillet 2010 :

    Entrevista a los presos cubanos desterrados - 15/07/10

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2010

    Quelques précisions et corrections sur l’information apparaissant dans le présent texte :
    1. Le Conseil électoral provisoire (CEP) formé à l’automne 2009, en dépit des nombreuses critiques dont il a fait l’objet et continue toujours de faire l’objet de la part de certains partis politiques, poursuit son mandat visant l’organisation d’élections présidentielle et législatives pour le 28 novembre 2010.
    http://www.alterpresse.org/spip.php?article9709
    http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_poli_fr.php?id=17990
    http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article6848
    2. Le Parlement vote un amendement prévoyant la prolongation du mandat du Président Préval, initialement prévu pour le 7 février 2011, jusqu’au 11 mai 2011
    http://www.france24.com/fr/20100511-haiti-preval-president-gouvernement-amendement-prolongation-mandat-manifestation-opposition
    http://www.grioo.com/ar,rene_preval_ne_compte_pas_proroger_son_mandat,19018.html

  • Archives de Vigile Répondre

    15 juillet 2010

    M. Perez qu'attendez-vous donc pour répondre aux questions que je vous ai posé sur le coup d'état militaire au Honduras, coup d'État militaire que vous avez soutenu et défendu sur ce site. Une belle occasion de démontrer la cohérence de vos convictions et la solidité de votre argumentaire.
    1. Pourquoi le processus constitutionnel de mise en accusation du Président constitutionnel, Manuel Zelaya, n’a-t-il pas été enclenché permettant de respecter ainsi la Constitution qui assure le droit de chaque accusé de pouvoir se défendre ? Aux États-Unis et dans d’autres pays, comme actuellement en Italie, le tout se passe en respectant les institutions en place pour juger, exonérer ou condamner les personnes mises en accusation.
    2. Pourquoi ne pas avoir remis le pouvoir au vice-président en exercice, le temps de permettre à la justice de suivre son cours ?
    3. Pourquoi l’avoir sorti "manu militari" de son lit et de l’avoir expulsé clandestinement du pays alors qu’il ne présentait aucune disposition à s’enfuir ou à s’extraire des procédures judiciaires ?
    4. Savez-vous si on lui avait remis un « subpena » avec obligation de se présenter devant un Tribunal ?
    5. Pourquoi avoir pris la peine de créer de toute pièce une fausse lettre de démission du Président Zelaya si les motifs réels étaient ses crimes commis contre la nation et le peuple Hondurien ? Cette procédure est propre aux escrocs.
    6. Pourquoi, s’il était coupable d’un crime, avoir tout fait pour l’empêcher d’atterrir à l’aéroport de la capitale nationale où l’occasion leur aurait été donnée de lui présenter les accusations portées contre lui et de permettre au processus judiciaire de suivre son cours ?
    7. Pourquoi avoir réprimé le peuple, d’avoir tué des opposants au coup d’État « militaire », d’avoir torturé, emprisonné des centaines sinon des milliers de personnes sans respecter les droits constitutionnels de ces derniers ?
    8. Les rapports des Commissions des droits de la personne sont éloquents sur ces crimes. N’est-ce pas inquiétant que les auteurs de ces crimes invoquent le respect de la constitution pour mettre hors du pouvoir et du pays par la force des armes un Président constitutionnellement élu et inconstitutionnellement jugé ?
    9. Vous n’avez malheureusement jamais répondu à ces questions comme si ce sujet ne vous intéressait pas alors que vous aviez pris prétexte de la fidélité à la Constitution pour justifier un Coup d’État militaire."

  • Archives de Vigile Répondre

    15 juillet 2010

    N'ayant pu établir les liens hypertextes des articles dont il est question au début de mon texte, je vous en transmets les adresses internets:
    http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/292617/elections-legislatives-et-presidentielles-la-mefiance-gagne-du-terrain-en-haiti
    http://www.ledevoir.com/international/amerique-latine/292555/il-n-y-a-pas-de-gouvernance-de-la-reconstruction-en-haiti
    http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/292428/haiti-apres-la-destruction-l-attente-accepter-son-sort
    Ce sont tous des liens avec Le Devoir et ils ne sont qu'à titre indicatifs

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    15 juillet 2010

    La réalité sociopolitique à Cuba vs la propagande néo-marxiste

    « Sans hygiène, sans soins médicaux, entourés de rats et de cafards: les dissidents cubains libérés des prisons castristes et fraîchement exilés en Espagne ont raconté jeudi (15-07-2010) leurs conditions de détention à Cuba. »(1)
    « La situation en matière d'hygiène et de santé dans les prisons cubaines n'est pas déplorable, elle est pire que déplorable", a expliqué Julio César Gálvez au cours d'une conférence de presse donnée par six ex-détenus arrivés ces jours-ci à Madrid. "Nous avons cohabité avec des rats, des cafards, des scorpions, et je vais parler clairement, avec la m... messieurs !, avec les excréments. »(1)
    ***
    « D’ores et déjà nous savons que le Président Préval maintient de bonnes relations avec les pays émergents et que tout récemment encore, il s’est rendu à Cuba, pays qui coopère depuis des années dans les secteurs de la santé et de l’éducation. » Oscar Fortin(2)
    ..-..-..-..-..-..-..-
    1. Sous-titre de l’article cité ci-dessous et fragment transcrit de ladite conférence donnée aujourd’hui par les ex-prisonniers de la tyrannie castriste arrivés au pays des socialo-communistes qui ont fait de l’Espagne en 6 ans seulement de pouvoir démagogique --comme cette idéologie l’a démontré historiquement partout où elle a gouverné-- le deuxième pays de l’OCDE dont 40% de la population des jeunes de moins de 30 ans sont en chômage. Pour plus d’information sur ce régime pervers et criminel cubain, consulter : Les dissidents cubains libérés racontent le quotidien des prisons castristes
    2. Passage extrait de son présent article