Jour après jour, des voix s’ajoutent au concert contre l’attaque du gouvernement Charest envers un droit fondamental dans une société démocratique, celui de l’égalité des chances à s’éduquer. L’Association des professionnels de l’enseignement du français au collégial (APEFC), organisme autonome et indépendant qui regroupe plusieurs centaines de professeurs de français au cégep, souhaite ajouter sa voix à ce concert qui a donné le coup d’envoi à une réflexion sur les outils essentiels à la préservation de notre santé démocratique.
Les universités québécoises feraient face à un problème de financement? de gestion? les deux, peut-être ? Quoi qu’il en soit, le gouvernement Charest devra bien réfléchir à la problématique coûteuse devant laquelle est placée toute la société québécoise dans ce contexte de crise.
Pauline Marois propose d’organiser un sommet avec la communauté universitaire, les employeurs et la société civile pour discuter de la question des droits de scolarité. Se souvient-elle des États généraux sur l’éducation tenus en 1996, sous la gouverne du Parti québécois de Lucien Bouchard ? Les commissaires, dans leur rapport final, y décrivaient l’école du XXIe siècle et consacraient deux chapitres à l’égalité des chances. On observait alors que bien que le pourcentage des jeunes qui obtiennent un diplôme d’études secondaires ait augmenté entre 1982 et 1995 de 55,8% à 74,5%, la situation des jeunes d’origine sociale modeste n’ [avait] pas changé de façon notable ( Cf. Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, États généraux sur l’éducation [http://www.mels.gouv.qc.ca/etat-gen/rapfinal/s2-10.htm], 1996). Ce premier problème ne semble pas encore résolu. Les commissaires exprimaient aussi, dans un autre chapitre consacré aux études supérieures, leur scepticisme quant à la capacité des étudiantes et étudiants de faire face à une hausse des droits de scolarité à l’université, craignant qu’elle ne vienne en compromettre l’accessibilité. Nous sommes d’avis, dirent-ils, qu’un exercice de rationalisation doit être fait avant que l’augmentation des droits de scolarité ne puisse être considérée comme la solution de dernier recours qu’elle devrait être. Les deux situations établissent un lien entre l’origine économique de l’élève et la fréquentation scolaire. Quand on connaît le refus du MELS d’intervenir lorsqu’un cégep ou une université évince un haut dirigeant au prix de centaines de milliers de dollars de prime de départ, il y a fort à parier que l’exercice de rationalisation est encore à faire et place le Ministère en bien mauvaise posture pour décréter que les étudiants doivent payer leur juste part. Surtout quand on sait qu’au début des années 1990, après la décision du gouvernement de Robert Bourassa d’augmenter les frais de scolarité, les universités connurent une baisse de plus de 26 000 inscriptions en cinq ans comme le rappellent les sociologues de l’UQAM Pierre Doray et Amélie Groleau dans un article publié dans Le Devoir du 23 mars dernier.
Si le gouvernement Charest estime que l’investissement dans le secteur minier est rentable économiquement, il semble sous-estimer le fait que l’investissement dans celui de l’éducation est aussi rentable démocratiquement qu’économiquement. Les étudiants ont donc une corde de plus que le gouvernement à leur arc et la ligne de front n’est pas prête de céder. Les Libéraux menacent la paix sociale en faisant fi de la pression des étudiants, de mieux en mieux soutenus par la population. Monsieur Charest, vous nous appelez « les électeurs » ; nous vous appelons à écouter. Entendez nos voix, Monsieur, c’est votre devoir.
Coordonnées : Daniel Loiselle, président de l’APEFC
Cégep de Sherbrooke
819-564-6350, poste 4555 ou 819-791-1167
Site web de l’APEFC : www.cegep-rimouski.qc.ca/apefc
Pourquoi l’APEFC se prononce contre la hausse
Entends nos voix et vois comme nous sommes beaux! (Un des slogans lu sur une banderole à la manifestation du 22 mars à Montréal)
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