Pour une vraie télévision publique québécoise

Par Alain D´Eer

17. Actualité archives 2007

La campagne électorale aura consacré la fracture entre les régions du Québec et le pouvoir politique. Depuis des décennies, les forces centralisatrices du pouvoir ont toujours emporté avec elles les beaux discours, emplis de promesses électorales, sur la place des régions au Québec. Cette tendance lourde à la centralisation, nos télévisions publiques que sont Radio-Canada et Télé-Québec l’ont eux aussi consacrée en coupant leurs effectifs en région.
Sur la scène nationale, les régions sont maintenant confinées à faire parler d’elles lors d’événements dramatiques (fermeture d’usine, crise dans l’industrie du bois, accidents de la route, etc.) et au moment des élections, sauf pour deux émissions, véritablement enracinées dans les régions du Québec et produites par des employés réguliers et contractuels de Télé-Québec vivant en région, Méchant Contraste et Pulsart.
La région du Saguenay a beau avoir son bulletin d’informations régionales à TVA et à Radio-Canada, ça n’informe pas les gens de l’Abitibi et de la Gaspésie ou de Montréal de ce qui s’y passe, car eux aussi sont alors occupés à regarder leurs «bulletins de nouvelles régionales».
Une petite équipe pour faire connaître les régions
Exercer notre métier de réalisatrices et de réalisateurs en région relève alors plus de la passion que de la raison. La précarité étant devenue la norme, c’est véritablement par amour pour leur région que des artisans poursuivent la production audio-visuelle aux quatre coins du Québec. Mais c’est aussi grâce à la présence d’une poignée de producteurs indépendants et surtout à la synergie créée par les neuf bureaux régionaux de Télé-Québec. Dans ce contexte, les émissions Méchant Contraste et Pulsart prennent toute leur valeur : en plus des équipes de coordination et de techniciens, ils sont 15 réalisatrices et réalisateurs à être devenus pour le reste des Québécoises et des Québécois les yeux et les oreilles des régions du Québec, tous là pour faire connaître les gens de leur coin de pays et surtout leur dynamisme intellectuel et créatif au reste des Québécoises et des Québécois.
Comme le soulignait l’Observatoire du Documentaire, «le lien étroit que Télé-Québec entretient avec la réalité régionale donne à son rayonnement une dimension additionnelle. Ce lien représente en outre le cœur d’un réseau de diffusion et d’animation essentiel qui n’a pas été, à ce jour, suffisamment et adéquatement exploité».
Une présence à l’écran
Les citoyens de l'ensemble du territoire québécois ont le droit de revendiquer une présence à l'écran à travers leur télévision publique. Il est légitime qu'ils puissent se reconnaître à travers cette fenêtre identitaire. «Une télévision publique, c'est un outil culturel : ses choix de programmation permettent d'enrichir la société québécoise et de donner accès à des paroles, des pratiques, des artistes, des débats qui ont peu accès aux ondes. Que ses cotes d'écoute ne soient pas celles de Star Académie n'a rien à voir avec son importance.» (Paul Cauchon, Le Devoir)
Le Québec est composé d'un ensemble de régions qui constituent sa richesse à travers sa diversité et ses particularités. Il est primordial que Télé-Québec fasse une place plus importante à la production régionale. Les nouvelles technologies ont permis à Méchant Contraste et à Pulsart de démontrer qu’il est possible de faire de la production de grande qualité à partir des régions du Québec.
Alain D’Eer

Président, Association des réalisatrices et réalisateurs* de Télé-Québec
*affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)


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