Pour une loi-cadre sur la décentralisation de l'État

17. Actualité archives 2007



Une quinzaine de personnalités qui oeuvrent pour le développement régional ont mis au défi hier le gouvernement Charest d'adopter «dès la prochaine session une loi-cadre sur la décentralisation de l'État québécois et sur l'instauration de véritables gouvernements territoriaux». En empruntant ce chemin, Québec s'exposerait à «l'effervescence et à un dynamisme sans précédent» qui pourrait «susciter une deuxième Révolution tranquille», estiment-elles.
Regroupés au sein de la Coalition pour un Québec des régions, créée pour l'occasion, Claude Béland, du Mouvement Démocratie et Citoyenneté du Québec, André Larocque, du Parti Vert, Paul Cliche, de Québec solidaire, Marc-Urbain Proulx, professeur d'économie à l'Université du Québec à Chicoutimi, ou encore Roméo Bouchard, fondateur de l'Union paysanne, pour ne citer qu'eux, estiment que les résultats des dernières élections ont «ramené l'ensemble des régions du Québec sur la carte politique», peut-on lire dans la Requête pour un projet de loi-cadre sur la décentralisation territoriale.
Le document a été envoyé en début de semaine par la coalition au premier ministre Jean Charest, aux chefs de l'Action démocratique du Québec (ADQ) et du Parti québécois (PQ), ainsi qu'à l'ensemble des députés. Objectif? Appeler désormais «tous les partis politiques» à tenir compte de cette nouvelle réalité.
«Ça fait 40 ans que l'on parle de décentralisation, mais on ne fait rien, a commenté Roméo Bouchard, joint par téléphone par Le Devoir. Or, le 26 mars dernier [jour d'élections], les régions ont exprimé un mécontentement sur la façon dont le gouvernement dirige le Québec en ce moment. Le message a été clair. Il faut l'écouter.»
La nouvelle coalition demande donc à l'administration Charest de pourvoir rapidement les 17 régions désignées du Québec de «véritables gouvernements territoriaux élus et autonomes financièrement», peut-on lire, mais aussi «dotés de pouvoirs et de moyens réels» pour gérer les services sociaux, la santé, les écoles, la culture, la voirie, l'aménagement ou encore le patrimoine.
Tout en reconnaissant que la forme de ces gouvernements reste encore à définir, le regroupement d'acteurs sociaux versés dans la défense des régions estime que ces gouvernements devraient être élus par suffrage universel, mais aussi respecter les villes et les villages, les municipalités régionales et la région administrative. Ces entités seraient également reliées entre elles et avec le gouvernement central par des «politiques nationales d'orientation», mais aussi par des «mécanismes de péréquation» et des «divisions territoriales ministérielles ajustées au découpage des régions administratives», poursuivent les auteurs de la requête.
La coalition, qui a sollicité des rencontres avec les dirigeants de toutes les formations politiques dans les prochaines semaines, juge que «la population des villes et des campagnes est prête à se prendre en charge», écrit-elle, tout en ajoutant que la peur «d'accroître les disparités ou la nécessité d'attendre la réalisation d'une hypothétique souveraineté constitutionnelle» ne peuvent plus justifier l'inertie.
En réponse à cette requête, la ministre des Affaires municipales et des Régions, Nathalie Normandeau, a réaffirmé hier par l'entremise de son porte-parole être défavorable à une loi-cadre. Par ailleurs, elle indique avoir amorcé ce printemps une «démarche de banc d'essai en décentralisation», en collaboration avec la Fédération des municipalités du Québec (FMQ), a indiqué Jonathan Trudeau. Quarante-cinq projets en ce sens ont été soumis à la ministre, qui les analyse actuellement, a-t-il poursuivi.


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