Pour la suite des choses...

Les analyses pleuvent


PKP est rentré dans ses terres. Il est essentiel de respecter son choix. L’est tout autant maintenant de préparer la suite des choses. Et ça commence maintenant. Il reste  moins de 2 ans et demi avant la prochaine élection et bien que cela soit suffisant pour être fin prêt à en découdre avec le PLQ et son club école, la CAQ, il n’y a pas de temps à perdre.


C’est la sixième fois depuis 1995 que le parti Québécois se trouve dans la position de trouver « LE » chef qui le mènera vers les conditions favorables à l’indépendance. Ne soyons pas dupes, il s’agit d’un moment charnière dans l’histoire de ce parti et il y a bien un risque réel que s’il fallait que le PQ se plante ce coup-ci, ce parti soit relégué aux oubliettes de l’histoire.


Ce risque existe.


D’entrée de jeu il m’apparaît important d’éviter le « syndrome du Sauveur ». Assez de cette manie christique d’attendre le Messie souverainiste qui mènera la nation à la Terre promise, au Grand soir. Ça n’arrivera pas. Sachant cela, on évite les théories ridicules et une 7e reprise du « Gilles Duceppe » au PQ -malgré l’immense respect que j’ai pour l’homme. Fini ce temps là.


Le PQ doit miser sur ses forces, sur ce qui l’avantage. Et à l’Assemblée nationale, sa plus grande force c’est la qualité de sa relève parlementaire. De loin la meilleure de tous les partis. Il est temps de donner le plein contrôle de ce parti à cette relève là. Je pense ici aux Véronique Hivon, Alexandre Cloutier, Pascal Bérubé, Martine Ouellet, Mathieu Traversy notamment. Bien sûr, les Lisée, Drainville et autres forces vivaces du PQ sont essentielles au mouvement indépendantiste, mais le moment du changement de garde est venu.


Doivent aussi faire partie de la solution selon moi d’autres forces vives, dynamiques du mouvement indépendantiste, que le PQ devrait s’adjoindre (par la convergence ou en modifiant assez sa structure pour les attirer. Au premier chef le fondateur d’Option nationale Jean-Martin Aussant. Pas après l’élection de 2018, maintenant. mais aussi les Sol Zanetti, Catherine Dorion, Alexandre Leduc… Le PQ peut se dynamiser en s’ouvrant aux forces progressistes qui lui échappent en ce moment. Je demeure convaincu que le combat pour l’indépendance ne doit pas être subordonné à une inclinaison idéologique particulière et que le PQ doit être attirant pour tous les indépendantistes et nationalistes mais si le passage de PKP nous a enseigné quelque chose c’est bien que le fondement social-démocrate de ce parti peut cohabiter avec des grands entrepreneurs pour qui le « modèle québécois » est un héritage à défendre. Le grand ratatinement opéré par le PLQ de Couillard est dommageable à nombre de ces entrepreneurs, ne l’oublions pas.


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Pierre-Karl Péladeau représentait l’incarnation du politicien qui polarise à outrance. Trop même. Ce qui n’enlève rien aux qualités inestimables du néophyte politicien qu’il était, par exemple sa pugnacité ou son refus en grande partie du discours politicien très formaté (sur les réseaux sociaux notamment). Mais comme le dit Chantal Hébert dans son texte du Toronto Star ce matin, il se pourrait bien que le départ de PKP soit la pire des nouvelles pour le PLQ de Couillard.


Le fait demeure que PKP chantait sérénade aux oreilles des plus convaincus, des « purs et durs » (cette expression trop simpliste qui n’admet pas que les convaincus dont je suis puissent aussi faire preuve d’un réel sens d’analyse politique qui admette d’autres avenues que de foncer dans le mur) mais peut-être un peu moins à un segment essentiel de la population qui ne veut rien savoir de la perspective d’un PQ qui se lance tête baissée vers un troisième référendum perdant. L’autre élément non-négligeable qui aura suivi PKP durant sa brève carrière de politicien, un passé de grand patron que certains n’étaient pas prêts à lui pardonner.


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En contrepartie, comme bien d’autre dont le chroniqueur du Devoir Louis Cornellier, je suis convaincu que PKP sera très utile à la lutte pour l’indépendance comme homme d’affaires souverainiste. Je serais étonné que son vaisseau amiral, Le Journal de Montréal, adopte une ligne éditoriale rigide du type de celle prônée par Gesca, mais je m’attends à ce que ce médias soit de toutes les luttes pour démasquer les corrompus et les liens incestueux, par exemple, entre les Desmarais, Power Corporation et le pouvoir en place. Il y a beaucoup à enquêter, à dénoncer. Le Journal de Montréal pourra aussi se faire le ténor des voix du nationalisme économique; nous en avons bien besoin.


Cette intervention de l’éditorialiste du Devoir Brian Myles est aussi très pertinente :


« Dans les faits, son double statut d’actionnaire de contrôle de Québecor et d’aspirant au poste de premier ministre menaçait de perturber la campagne 2017 au moindre détour. Cette concentration du pouvoir médiatique et politique entre les mains d’un seul homme était préoccupante. Même après avoir placé ses actions dans une fiducie avec droit de regard, le chef de l’opposition officielle prêtait flanc aux attaques. La critique aurait redoublé en campagne électorale, pour la simple et bonne raison qu’il n’existe aucun précédent, ni aucune solution pratique, pour gommer les apparences de conflits d’intérêts.


 Il faut reconnaître à M. Péladeau le mérite de s’être rendu compte qu’il risquait plus de nuire au PQ que de l’aider. »


Le PQ a perdu un chef dont la stature ne laissait aucun doute mais y a gagné au change un militant dévoué, un allié indéfectible au sein des industriels nationalistes. Cela sera extrêmement précieux pour la suite des choses. N’oublions pas non plus que Péladeau a jeté les bases d’un réel discours de convergence entre les indépendantistes qui sera utile en vue de l’élection de 2018.


En terminant, la perspective d’un parti Québécois mené par les Hivon, Ouellet, Cloutier, Aussant; bien appuyé par les autres forces vives du mouvement indépendantiste… Voilà une occasion à saisir.


(*L’image en une est d’Influence Communication)



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