Pour contrer Elgin et Trudeau: le Bloc québécois

Élection fédérale 2008 - le BQ en campagne



Lord Elgin, Gouverneur général du Canada de 1847 à 1854, voulait "diviser pour régner", comme le rappelle Marcel Rioux : « Sur les bords du Saint-Laurent, comme plus tard en Acadie, les Anglais comprirent vite qu'il fallait diviser les Québécois pour que naquît un État viable, un État que les Anglais pourront dominer à leur gré. Lord Elgin le savait bien lorsqu'il écrivit : "…tant que les Canadiens français ne seront scindés en partis politiques s'unissant aux partis britanniques de noms correspondants, je ne crois pas qu'aucune administration forte et durable puisse être organisée… L'élément national se fondrait dans la politique si la scission que je propose était réalisée. » (La question du Québec, 1969, p. 79)
Le 24 juin 1889, l'ancien premier ministre du Québec, Honoré Mercier, proposait de cesser de nous diviser : « Nous ne sommes pas aussi forts que nous devrions être parce que nous sommes divisés. Et nous sommes divisés parce que nous ne comprenons pas les dangers de la situation. […] Que notre cri de ralliement soit à l’avenir ces mots qui seront notre force : Cessons nos luttes fratricides; unissons-nous. »
Mais environ cent ans après Elgin, Pierre Elliott Trudeau osait accuser les Québécois de fausser le jeu démocratique en votant (pour l'un ou l'autre des deux grands partis politiques canadiens), non pas pour des raisons idéologiques, mais pour des raisons ethniques. Il a exposé sa pensée en 1952 dans un article intitulé Réflexions sur la politique au Canada français : « Il faut expliquer notre immoralisme profond. […] En important pièce à pièce le système parlementaire anglais, notre dessein secret n'était pas seulement d'en user mais d'en abuser. […] Dès le gouvernement de l'Union [1840], le peuple semblait se désintéresser de toute idéologie sauf la nationaliste. […] Notre peuple ne votait pas pour ou contre une idéologie philosophique ou économique, mais uniquement pour le champion de nos droits ethniques. […] Nous avions si bien subordonné le bien commun (canadien) [sic] au bien particulier (canadien-français) [sic] que nous perdîmes le sens moral de notre obligation vis-à-vis du premier. […] Pour des raisons historiques et religieuses, nous sommes prévenus contre le système démocratique sans l'avoir loyalement mis à l'essai. » (Cité Libre, décembre 1952, p. 52-56)
Trudeau a précisé sa pensée dans un article intitulé Quelques obstacles à la démocratie au Québec, publié quelques mois avant qu'il ne soit choisi comme chef du Parti libéral du Canada : « Les Canadiens français sont peut-être le seul peuple au monde qui « jouisse » ["sic"] du régime démocratique sans avoir eu à lutter pour l’obtenir. […] Les Canadiens français, en somme, ne votèrent jamais pour une idéologie économique ou politique, mais seulement pour l’homme ou le groupe qui défendait leurs droits ethniques.[sic] […] C’est là la conséquence d’une histoire au cours de laquelle ils ont, en tant que minorité, transformé l’outil parlementaire en une arme défensive pour une lutte de race. » (Le fédéralisme et la société canadienne-française, décembre 1967, p. 107, 111, 118)
Mais un siècle après le fameux discours de Mercier, son mot d'ordre était enfin suivi : en 1990, le député fédéral Lucien Bouchard fondait le Bloc québécois qui est même devenu l'opposition officielle en 1993, ayant alors fait élire 54 des 75 députés du Québec à Ottawa.
Les députés le plus en mesure de défendre les intérêts du Québec au niveau fédéral sont les députés du Bloc québécois, et non pas ceux qui sont inféodés à un parti pan-canadien au sein duquel ils seront toujours minoritaires. Si le Bloc québécois avait été présent à Ottawa en 1982, il aurait sans doute pu empêcher Trudeau de modifier unilatéralement la constitution canadienne avec l'appui de 70 des 75 députés du Québec, alors tous fédéralistes, et ce malgré l'opposition de l'Assemblée nationale du Québec.
La présence du Bloc québécois à Ottawa sera nécessaire pour y défendre les intérêts du Québec tant que le peuple québécois n'aura pas décidé de « disposer de lui-même et de prendre en mains ses destinées ». (Charles de Gaulle, Québec, 23 juillet 1967)
François-Xavier Simard

Auteur du livre Le vrai visage de Pierre Elliott Trudeau (Les intouchables, 2006)

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Auteur du livre {[Le vrai visage de Pierre Elliott Trudeau->http://qc.novopress.info/2860/le-vrai-visage-de-pierre-elliott-trudeau/]} (Les intouchables, 2006)

Originaire du Saguenay, François-Xavier Simard est docteur en médecine. Il est aussi titulaire d’un diplôme en sciences naturelles de l’Université de Paris et de certificats en anthropologie, en paléontologie et en génétique. Il a enseigné à la Faculté de médecine de l’Université Laval, puis il a travaillé à la Régie de l’assurance maladie et au ministère de la Santé du Québec. Il est aujourd’hui retraité.





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2008

    Le problème, c'est que les grands administrateurs coloniaux de l'Empire britannique, tels James Bruce, 8e compte de Elgin (1811-1863), étaient incomparablement mieux formés à se maîtriser eux-mêmes et donc à maîtriser les autres que la presque totalité de nos cheffaillons de Province.
    Ceux que la «malédiction d'Elgin» intéresse peuvent toujours consulter sur Vigile: www.vigile.net/Saint-lord-Elgin

  • Archives de Vigile Répondre

    12 septembre 2008

    Lord Elgin ! N'est-ce pas celui du Gouvernement Responsable Lafontaine-Baldwin tant vanté par les capsules des Minutes du Patrimoine des Commandites ? Étrange comment le plusssse meilleur pays du monde éclaire bien les épisodes historiques qui font son bonheur, sa gloire et sa renommée mondiale !!! Pour l'Unité du Canada, divisons le peuple canadien ... heu canadien-français ... heu québécois ! Enfin, ce peuple-là ... Mettons ensuite ce peuple-là À LA "CRISE IDENTITAIRE PERPÉTUELLE" sur le divan pour ne pas mettre LE PLUSSSE MEILLEUR PAYS DU MONDE sur le divan !
    Merci M. Simard d'éclairer de nouveau le problème identitaire du Canada coast to coast ... que Trudeau devait bien connaître entre vous et moi !
    Lord Elgin, Gouverneur général du Canada de 1847 à 1854, voulait "diviser pour régner", comme le rappelle Marcel Rioux : « Sur les bords du Saint-Laurent, comme plus tard en Acadie, les Anglais comprirent vite qu’il fallait diviser les Québécois pour que naquît un État viable, un État que les Anglais pourront dominer à leur gré. Lord Elgin le savait bien lorsqu’il écrivit : "…tant que les Canadiens français ne seront scindés en partis politiques s’unissant aux partis britanniques de noms correspondants, je ne crois pas qu’aucune administration forte et durable puisse être organisée… L’élément national se fondrait dans la politique si la scission que je propose était réalisée. » (La question du Québec, 1969, p. 79)
    Sébastien Harvey
    sebastien_harvey1@hotmail.com

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    12 septembre 2008

    Monsieur Gilles,
    Pour enseigner l'histoire non censurée, le Ministère de l'éducation ne doit pas recevoir ses programmes du Canada mais de l'État libre de Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 septembre 2008

    C'est cette histoire là qu'il faudrait enseigner dans nos écoles n'est-ce pas!

  • Louis Cadotte Répondre

    11 septembre 2008

    Je suis tout à fait d'accord avec l'auteur. Ce ne sera qu'une fois l'indépendance acquise que nous pourrons enfin nous diviser en différents partis distincts idéologiquement.
    Malheureusement, les Brassard de ce monde n'ont pas assez de connaissances historiques pour en être conscient.
    Louis Cadotte

  • Archives de Vigile Répondre

    11 septembre 2008

    Je suis l'auteur du message précédent qui commence par : « Honoré Mercier est plus logique»
    J'ai oublié de le signer, s'cusez.
    Gilles Bousquet

  • Archives de Vigile Répondre

    11 septembre 2008

    Honoré Mercier est plus logique, pour la survie du fait français, que Pet "grand galop" Trudeau et l'héritier Justin "petit trot bilingue alternatif" Trudeau, séparés par Jean "à ce moment-ici" Chrétien et Stéphane "le bon fond qui nous reste à découvrir sous un extérieur haïssable" Dion qui, en niant l'existence de la nation québécoise, augmentent leur popularité dans le ROC et chez les Québécois anglophones.