L’anglicisation ne l’inquiète pas

Pour Antonine Maillet, Montréal, c’est sa ville, depuis 40 ans

Mais elle ne pourrait pas vivre en Acadie. Trop anglicisée?

Tribune libre

Le Devoir du 16 novembre (Émilie Corriveau) nous présente une révélatrice entrevue avec la dramaturge acadienne Antonine Maillet. http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/336067/rue-antonine-maillet-a-outremont-montreal-c-est-ma-ville
«Mme Maillet redoute-t-elle l'anglicisation de Montréal? «Non, ça ne m'inquiète pas outre mesure», dit-elle, puisqu'aux yeux de l'écrivaine la problématique ne se pose pas réellement en ces termes.
«Tous les jours, je constate que Montréal est vraiment une ville bilingue, explique Mme Maillet. Contrairement à plusieurs, je ne crois pas que ça signifie nécessairement que le français soit en péril. Certes, l'anglais est de plus en plus parlé à Montréal, mais il s'agit de la langue de communication universelle. Alors, moi, ce que je dis, c'est ceci: laissons l'anglais être la langue universelle, puisqu'il en faut une, mais arrangeons-nous pour garder notre langue française bien en vie. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'elle reste une langue de civilisation, de culture. À mon avis, c'est plutôt là que le bât blesse et c'est là-dessus qu'il faut travailler.»
La New-Brunsoise apprécie les villes bilingues : « …arrangeons-nous pour garder notre langue française bien en vie… » Elle aurait dû faire de la politique à Moncton, où le torchon brûle de plus en plus entre les deux communautés de « la seule province officiellement balingue du Kénada ». Or… « Si, de toute évidence, l'Acadie peuple toujours l'imaginaire de l'écrivaine, Mme Maillet soutient qu'elle ne pourrait plus y habiter de façon permanente: «Je ne pourrais plus vivre en Acadie aujourd'hui. Je ne dis pas que j'en mourrais, mais je n'y serais pas aussi heureuse qu'à Montréal. C'est ici que j'ai fait ma vie. Et puis, si j'habitais là-bas, je ne serais plus aussi nostalgique de mon pays natal. Comment ferais-je alors pour écrire?»
Et quand Montréal sera trop acadianisée pour stimuler sa nostalgie créatrice, il sera peut-être trop tard (outre ses 83 ans) pour adopter Paris, devenue aussi dangereusement bilingue.

Squared

Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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9 commentaires

  • Laurent Desbois Répondre

    22 novembre 2011

    La biographie de Roméo LeBlanc et grand ami de Trudeau est mal accueillie en Acadie
    http://www.radio-canada.ca/regions/atlantique/2011/11/21/001-critique-biographie-romeo-leblanc.shtml
    Des Acadiens au Nouveau-Brunswick se disent offusqués par le fait que la biographie de l'ancien gouverneur général du Canada Roméo LeBlanc soit en anglais seulement.
    The Golden Age of Liberalism, A portrait of Roméo LeBlanc a été écrit par Naomi Griffiths, spécialiste en histoire acadienne. C'est l'homme politique lui-même qui a demandé à Mme Griffiths d'écrire son histoire. Selon le fils de Roméo LeBlanc, le député libéral Dominic LeBlanc, il n'y avait tout simplement pas de financement pour la traduction en français.
    Le gouverneur général du Canada est un ardent défenseur de l'unité canadienne et un tenant du bilinguisme!
    Quand René Lévesque prit le pouvoir le 15 novembre 1976, Roméo Leblanc était ministre de Trudeau et il avait dit que, face aux séparatistes, le Conseil des ministres du Canada devenait un ’’war room’’. Ottawa et les anglais ont toujours été en guerre contre la nation québécoise !

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2011

    @ Jean-François,
    Tu conseilles à madame d'aller plus souvent à Montréal... peut-être as-tu lu par après l'article cité du Devoir, et mon commentaire: "Ainsi, lorsque les nuitées s’y prêtent, il n’est pas rare de retrouver Mme Maillet attablée dans l’un de ses restaurants préférés, parfois portugais, parfois vietnamien, libanais, français, grec ou même afghan.
    « J’adore la cuisine exotique, confie la dramaturge. À Montréal, il y en a de toutes sortes, et je trouve ça fabuleux. Il est rare de retrouver autant de diversité dans une même ville ! » (loin de la poutine râpée acadienne…)
    Elle est Montréalaise depuis 40 ans!
    En plus, sa grande tolérance à la bilinguisation en prend un coup ce matin en voyant la biographie de l'ex GG Roméo Leblanc publiée en anglais seulement!

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    18 novembre 2011

    «Alors, moi, ce que je dis, c’est ceci : laissons l’anglais être la langue universelle, puisqu’il en faut une, mais arrangeons-nous pour garder notre langue française bien en vie.»
    Ainsi a parlé l'écrivaine francophone «token» du Nouveau-Brunswick...
    Juste une faille, dans son propos: la langue universelle? Mais, à quelles fins de communication?
    J'ai déjà communiqué avec une personne de nationalité japonaise, via internet, et vu que mon japonais est particulièrement pauvre, voire inexistant, nous avons pu échanger en anglais (mon interlocutrice ne sachant pas du tout parler français). Dans un tel cas, l'anglais a son utilité, oui.
    Mais ce dont on parle, à Montréal, c'est de l'attitude d'anglophones et d'allophones qui ici chez nous, refusent de parler la langue de la majorité québécoise. Rien à voir avec un cas comme celui de mes échanges avec ma correspondante nipponne!
    Pour plus «d'universalité» encore, Mme Maillet souhaiterait-elle que nous en venions, entre Québécois, à communiquer entre nous en anglais?
    Si la dame en question se satisfait de vivre dans un Canada où elle doit surtout avoir à parler anglais, au quotidien, cela est une chose... Qu'elle aille donc plus souvent à Montréal, et tente de se faire servir en français, dans différents commerces tenus par des anglophones et allophones ne respectant pas nos lois linguistiques; elle pourait en venir à mieux comprendre la réalité québécoise.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2011

    Monsieur Michel,
    On peut comprendre que quelqu’un veuille ici parler au nom de la dame prise à partie. Mais il ne faudrait pas aller jusqu’à l’expression qu’utilisait envers elle-même la lieutenante gouverneure Lise Thibault en commission parlementaire : « Pauvre vieille! ». Cette tactique est aussi utilisée par les dictateurs exilés de leur pays, emportant la caisse : j’ai le mal du pays, j’y pense à tous les jours. Car Antonine ne fait pas pitié : Prix Goncourt en 1979 pour Pélagie-la-charette, ce qui l’a installée au dictionnaire comme canadienne de Bouctouche. Et l’article du Devoir la décrit :
    « Toujours très active, l'écrivaine profite pleinement des plaisirs que lui offre la ville. Lorsque son horaire chargé le lui permet, elle fréquente aussi bien les salles de concert et de cinéma que les halls d'exposition des différents musées montréalais.
    Gourmande et curieuse, elle apprécie particulièrement de conjuguer les arts de la table à ses activités culturelles. Ainsi, lorsque les nuitées s'y prêtent, il n'est pas rare de retrouver Mme Maillet attablée dans l'un de ses restaurants préférés, parfois portugais, parfois vietnamien, libanais, français, grec ou même afghan.
    «J'adore la cuisine exotique, confie la dramaturge. À Montréal, il y en a de toutes sortes, et je trouve ça fabuleux. Il est rare de retrouver autant de diversité dans une même ville!» (loin de la poutine râpée acadienne…)
    Et les Canadiens de langue française hors Québec viennent régulièrement sur les lignes ouvertes se plaindre des Québécois qui les négligent… eux qui, on se rappelle, en périodes référendaires, se rangeaient sans gêne avec le ROC. Et ça peut se comprendre si on lit les journaux qui parlent du Québec au Canada. Pour avoir vécu à Saskatoon une année complète, lu à pleines pages du Star Phoenix les chroniqueurs traitant les Québécois, au mieux, de crying babies, et vu mourir le journal fransaskois L’eau Vive par coupures des ressources aux minorités linguistiques, et disparition du nombre minimal de francophones assez courageux pour s’afficher et écrire pour la cause, je peux comprendre que leur planche de salut, c’est le profile bas envers les institutions fédérales hostiles au français.
    Voyant le titre du prochain livre à paraître de Me Guy Bertrand, pour l’avenir du Québec, qu’il nommerait Les Etats-Unis d’Amérique française, se référant à la revalorisation des régions, réunies en République, on pourrait croire qu’il songe à inviter l’Acadie à s’y joindre. L’idée ne serait pas nouvelle, de rallier au Québec l’Outaouais ontarien, le Nouveau-Brunswick d’expression française, une partie du Vermont et toute communauté intéressée à se développer en français. Mais là aussi, le système médiatique fédéral a réussi à propager à la majorité de ces « sujets britanniques » l’idée que sans sa protection ils sombrent dans l’océan d’expression anglaise. Quant à se plaindre du manque de solidarité du Québec, il faut bien se rendre compte qu’ici même, le fédéralisme sauvage fait ses ravages. Le Pays Québec, qui seul pourrait agir, s’éloigne. Que de solitudes!
    Ouhgo

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    17 novembre 2011

    @ Miche:
    «Par ailleurs, au fond il y a un deuxième message un peu celui porté par la lettre ouverte au CLO, un cri pour une plus grande solidarité entre Québécois et Acadiens et Franco-Ontariens...».
    J'ai avec les années, eu affaire à plusieurs représentants de ces deux communautés. Et franchement, ils m'ont semblé incapables de se percevoir comme autre chose que canadiens, et fiers membres d'une minorité parmi beaucoup d'autres, au sein de cet artificiel ensemble multiculturaliste.
    Je crains fort que la seule façon dont une quelconque solidarité soit possible avec eux, impliquerait que nous devenions comme eux d'heureux minoritaires francophones, n'aspirant à strictement rien de plus...
    Sans vouloir les heurter, je dois dire qu'à ce prix-là, une telle solidarité, je n'en veux simplement pas! Mes excuses aux deux communautés concernées. Mais nos évolutions respectives ont suivi des chemins différents, dans l'histoire du Canada, et nous incarnons aujourd'hui des nations distinctes, bien que parlant tous français, et avec des accents similaires.

  • Michel Pagé Répondre

    17 novembre 2011

    À la défense de Madame Antonine Maillet,
    Je vous dirai simplement que pour comprendre son point de vue il faut peut-être avoir vécu en Acadie ou aileurs au Canada-français...
    ... et s'insinuer dans le monde de la création, monde pour lequel un pays c'est ce qu'on porte en soi; et qu'"on n'habite pas un pays, on habite une langue identitaire"
    Par ailleurs, au fond il y a un deuxième message un peu celui porté par la lettre ouverte au CLO, un cri pour une plus grande solidarité entre Québécois et Acadiens et Franco-Ontariens...: http://www.vigile.net/Francophones-hors-Quebec,29627 .
    Finalement je soumets que par effet d’entraînement le développement du Québec et du Canada-français (Acadie/ et Francophonie pan canadienne) était - et demeure- indissociable de la prise de contrôle des principaux instruments de ce développement par les francophones, dont le plein contrôle de l’immigration et de son intégration à la société francophone" http://www.renaud-bray.com/Livres_Produit.aspx?id=1139510&def=Un+pass%C3%A9%2C+un+destin%2Fl'avenir+d'un+peuple%2CPAGE%2C+MICHEL%2C9782981220509.
    Voilà un point de vue complémentaire, mais essentiel, puis-je soumettre, pour comprendre buine d,autres choses dont l'esentiel urgence de faire peuve de solidarité avec l'ensemble des Fraancophones et Acadiens..
    Bien votre

  • Archives de Vigile Répondre

    17 novembre 2011

    Le bon vieux discours de certains intellos acadiens du Nouveau-Brunswick ou franco-ontariens! Ils viennent au Québec parce qu'ils seraient incapables de vivre de leur compétence en français chez eux. Mais ils n'en demeurent pas moins de bons Canadians fidèles à l'utopie du Canada bilingue de Pierre Elliott-Trudeau. Chez eux, ne sont-ils pas servis en français au bureau de Postes Canada ou à ceux de l'assurance-emploi, quand leur nombre le justifie. Mais pourquoi en serait-il autrement? Le français n'est-il pas une langue seconde de minoritaires, n'est-ce pas.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 novembre 2011

    Nous sommes les dindons de la farce avec ce bilinguisme pratiquement institutionnalisé au Québec. Bientôt, une des 2 langues devra déclarer forfait ou disparaître et je redoute que ce soit le français puisque les Québécois sont incapables de se brancher à ce sujet. Il vaut mieux être majoritaire dans son pays (le Québec) et vivre en français que minoritaire dans le pays "canadian" et s'assimiler. ÊTRE OU NE PAS ÊTRE, VOILÀ LA QUESTION! Il y a longtemps que j'ai tranché.
    André Gignac 17/11/11

  • Claude G. Thompson Répondre

    17 novembre 2011

    Voilà ce qui, malheureusement, arrive parfois à des individus qui se croient arrivés et qui se mettent à jouer les bien-pensants.
    Quelle tristesse.
    Claude G. Thompson