Une élection provinciale ou nationale ?

Positions dé-missionnaires.

Quelques réponses pour contrer la dé-mission du PQ

Chronique de Gilbert Paquette

Ma récente chronique semble avoir touché une corde sensible mais n’a pas convaincu tout le monde, évidemment. La peur du référendum, cet argument fédéraliste débilitant, a contaminé de larges segments de la population et même une bonne partie de la famille indépendantiste à un point tel qu’il faudrait, selon certains, sonner la retraite. Et pourtant, aux mêmes causes, les mêmes effets ! Une autre campagne électorale comme celle de 2014 et les précédentes va conduire inévitablement aux même résultats. Une marginalisation progressive des indépendantistes.
Il faut déconstruire les principaux arguments « dé-missionnaires », ces prises de position où on invite le Parti québécois sur tous les tons à s’amputer lui-même de sa mission première au profit d’une démarche provincialiste. J’en ai repéré dix.
Position 1 : La mise au rencart du référendum va permettre de consacrer toutes nos énergies à sauver le Québec du démantèlement libéral. Cet objectif est prioritaire sur tous les autres.
Bien sûr, il faut se libérer des libéraux, mais aussi du Canada. Mais en évacuant l’indépendance du débat pré-électoral et électoral, les votes indépendantistes ou nationalistes se distribueraient encore davantage entre les trois principaux partis d’opposition, favorisant ainsi la réélection des libéraux. Beaucoup plus d’indépendantistes voteraient QS, CAQ ou ON ou carrément s’abstiendraient de voter. Le seul antidote consiste plutôt à mobiliser le maximum d’électeurs par une démarche indépendantiste claire, visant à faire passer les 25% d’appui actuels au PQ, à proximité des 40% d’électeurs favorables à l’indépendance. Sans cela, même au prix d’une mise en veilleuse de l’indépendance, le PQ ne pourra gagner la prochaine élection sans son option.
Position 2 :  L’engagement de tenir un référendum dans le premier mandat est suicidaire pour le Parti Québécois ; si on s’entête, « nous serons le troisième parti au Québec en 2018. On se sera marginalisé. Ce sera très dur pour la suite » (J.F. Lisée)
On retrouve ici presque mot pour mot une déclaration de Pierre-Marc Johnson en 1984 au Conseil des Ministres (j’y étais) qui a mené à l’approche dite « d’affirmation nationale » selon laquelle l’indépendance serait la conséquence (plutôt que le moyen) de l’essor (dans le régime actuel) du Québec. Reprendre cette approche nous conduirait tout droit à la division entre indépendantistes. Si on veut parler de « suicide », parlons de celui vers lequel se dirigeait le PQ sans le retour de Jacques Parizeau. Les indépendantistes seront-ils réduits à faire l’indépendance sans le PQ ? C’est plutôt par la mise en veilleuse de son option que le PQ se marginaliserait par rapport aux autres partis.
Position 3 :  La peur du référendum chez les citoyens nous empêche de leur parler du contenu de la souveraineté. On aura 6 ans pour faire disparaitre la peur du référendum d’ici à 2022 et on pourra y revenir à l’élection de 2022.
Comment peut-on penser qu’en mettant en veilleuse le référendum, on ne mettra pas en veilleuse également la promotion de la souveraineté ? Cette position signifie à toutes fins pratiques que, pendant six ans, le principal véhicule de l’indépendance pourrait faire le contraire de ce qu’il a fait depuis le référendum de 1995, attendre les « conditions gagnantes ». Selon toute probabilité, dans 6 ans, l’idée du Québec pays serait encore plus marginalisée que maintenant, car les adversaires ne se priveront pas de parler de « cette option néfaste que cache le PQ. Le PQ serait devenu un boulet pour le combat vers l’indépendance.
Position 4 :  L’engagement de ne pas tenir de référendum n’est pas une mise en veilleuse. Reporter la question en 2022, ce n’est pas renoncer à parler d’indépendance.
Nos adversaires ont voulu faire du référendum un épouvantail lors l’élection de 2014 et depuis. Mais les évènements récents, en Europe particulièrement, démontrent l’importance des référendums, pour dénouer démocratiquement les impasses politiques comme celle que vit le Québec. Jacques Parizeau avait l’habitude d’expliquer qu’il y a trois façons pour un peuple d’acquérir son indépendance : par les armes, ce que nous rejetons vigoureusement, par une élection ou par un référendum. Quiconque refuse toutes ces options ne peut prétendre être un indépendantiste sérieux. On peut bien imaginer toutes sortes de stratégies, d’évènements, de déclarations comme le font actuellement certains candidats à la direction du PQ pour faire croire qu’ils vont parler d’indépendance, mais sans en parler eux-mêmes. Et il faudrait continuer comme cela pendant 6 ans, pendant que le gouvernement indépendantiste que nous élirions en 2018 serait occupé à gouverner la province avec ses hauts et ses bas. Les idées souverainistes ne seraient couvertes qu’à la marge dans les médias et écoutés distraitement par la population, et ce, tant qu’il n’y aura pas une échéance électorale ou référendaire pour en faire une question d’actualité.
Position 5 :  Pour préparer la souveraineté pendant 6 ans, on ne pourra pas utiliser les fonds publics, mais cela va se financer quand même par les citoyens et les militants.
On ne peut pas effectivement utiliser les fonds publics pour faire la promotion d’une option dont la discussion est reportée, possiblement dans 6 ou 10 ans. Et même si on reste vague comme dans le programme actuel du PQ (un référendum au moment opportun), il est difficile d’utiliser les fonds publics pour la promotion d’une option pour laquelle on n’a demandé aucun mandat à l’élection précédente. Il reste donc à espérer que la société civile se mettrait au travail avec les moyens du bord, des moyens très modestes actuellement. Pourquoi alors, d’un point de vue indépendantiste, vouloir gagner une élection avec le PQ si c’est pour se retrouver dans la même situation que maintenant ?
Position 6 : Le choix de la gouvernance provinciale va permettre au PQ de se concentrer sur un programme gagnant électoralement pour vaincre les libéraux en 2018.
Évacuer l’indépendance du débat électoral en 2018, c’est faire une autre élection sur un plan strictement provincial, sans mettre en évidence les conséquences de notre dépendance politique et sans parler des projets collectifs que ce statut nous empêche de réaliser. Le PQ et le mouvement indépendantiste seraient aussi restreints dans les projets qu’ils peuvent proposer à la population. Au contraire, avec une position indépendantiste claire, chaque projet, comme la politique énergétique, pourrait avoir un volet « d’ici l’indépendance » et « après l’indépendance » : par exemple un combat défensif contre le Canada pétrolier d’ici à l’indépendance et un plan ambitieux de développement des énergies renouvelables et une lutte efficace pour la protection du climat après l’indépendance.
Position 7 :  Gagner une élection pour enclencher une démarche vers l’indépendance nécessite une convergence des partis indépendantistes qui prendra trop de temps. On ne peut faire cela en deux ans.
On sous-estime tout le travail réalisé par la société civile qui a rapproché les indépendantistes, quel que soit leur parti. Cette indispensable convergence qui permettrait de gagner l’élection devient impossible si le Parti québécois la torpillait par l’ambigüité de ses positions sur l’indépendance. Il se condamnerait ainsi lui-même à subir, comme en 2012 et 2014, la division du vote indépendantiste qui l’empêchera de battre les libéraux. Il y a des déclarations très claire des dirigeants de QS et d’ON quant à leur volonté d’élaborer une feuille de route commune avec le PQ et les OUI Québec, mais aussi des prises de position tout aussi claires que cela deviendrait impossible si le PQ d’adoptait pas une position précise pour la prochaine élection sur l’enjeu de l’indépendance.
Position 8 :  Le Projet d’indépendance est trop mal défini, il faut d’abord le mettre à jour avant de pouvoir parler d’indépendance. On n’est pas prêt. On ne peut réaliser en 2 ans ce que Parizeau a mis 4 ans à préparer.
M. Parizeau partait de zéro, les études n’avaient pas été réalisées. Nous, on y a accès et à tout ce qui a été écrits depuis : livres, articles, prises de positions, études de l’IRÉC, de l’IRIS, de l’IRQ et bientôt de l’IRAI. C’est sûr qu’il faut actualiser certaines données, mais on ne part pas du tout de zéro, on part avec plus de la moitié du chemin de parcouru et on a six ans devant nous. Deux ans pour une campagne sur les bénéfices de l’indépendance d’ici l’élection et ensuite, un mandat de 4 ans pour réaliser une démarche constituante de l’État québécois, voilà un plan tout à fait réalisable.
Position 9 : « La souveraineté, ce n'est pas une date sur un calendrier, c'est un projet de société Plutôt que « la mécanique référendaire » il faut parler de la pertinence de la souveraineté. » (V. Hivon).
Il est remarquable que les députés souverainistes qui disent cela n’en ont pas trop parlé ces dernières années et n’en parle pas très clairement alors qu’ils ont les micros dans cette course à la chefferie du Parti québécois. En fait il faut faire les deux parler de la pertinence et de la démarche. Mais pour marquer des points quant à la pertinence de faire du Québec un pays, il faut des projets concrets crédibles. Ces projets ne seront crédibles que lorsqu’il y aura un plan concret sur la table pour arriver à l’indépendance et se donner les moyens de réaliser ces projets. Cela aussi fait partie du projet de société.
Position 10 : Ce n’est pas le bon moment de parler de référendum ou de souveraineté alors que les québécois sont désabusés, cyniques à l’égard de la politique.
La meilleure façon pour le Parti québécois de contrer le désabusement et le cynisme à l’égard de la politique est de cesser de mettre de côté ses idées pour gagner des votes à une élection. C’est le triste spectacle qu’il nous donne jusqu’à tout récemment. Au contraire, il faut que le Parti Québécois redevienne le parti du changement, d’une autre façon de faire de la politique, qu’il le fasse avec audace, avec conviction, parce qu’il croit que l’indépendance est le meilleur projet, le plus mobilisateur, le plus urgent pour notre avenir.
***
Toutes ces positions cachent mal la peur de perdre la prochaine élection alors qu’on doit craindre bien davantage le maintient de la dépendance actuel du Québec pour possiblement un autre dix ans.
Au contraire, le plan vers l’indépendance que Martine Ouellet vient de présenter hier n’est ni « référendiste », ni suicidaire. C’est une bouffée d’air frais. On y propose une montée en puissance progressive de l’appui à l’indépendance au cours des six prochaines années, jusqu’à la réalisation du Québec pays. Le Plan Ouellet 2018 est consacré principalement à la mobilisation de toutes les personnes et de toutes les organisations (partis, groupes et mouvements) qui appuient l’indépendance. Il vise l’élection, en octobre 2018, d’une majorité de députés s’engageant à réaliser l’indépendance dans les quatre années de leur mandat. Une deuxième partie du plan sera publiée d’ici quelques jours, portant sur la démarche constituante au cours d’un premier mandat d’un gouvernement indépendantiste par laquelle le peuple québécois définira son projet de pays.
[[On peut consulter le premier document à : ‎
http://martineouellet.quebec/wp-content/uploads/2016/06/Plan-Ouellet-2018-Pour-la-victoire-des-indépendantistes.pdf]]

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Gilbert Paquette68 articles

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Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)

Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’Assemblée nationale du Québec le 15 novembre 1976, réélu en 1981, Gilbert Paquette a occupé les fonctions de ministre de la Science et de la Technologie du Québec dans le gouvernement de René Lévesque. Il démissionne de son poste en compagnie de six autres ministres, le 26 novembre 1984, pour protester contre la stratégie du « beau risque » proposée par le premier ministre. Il quitte le caucus péquiste et complète son mandat comme député indépendant. Le 18 août 2005, Gilbert Paquette se porte candidat à la direction du Parti québécois. Il abandonne la course le 10 novembre, quelques jours à peine avant le vote et demande à ses partisans d’appuyer Pauline Marois. Il est actuellement président du Conseil d’administration des intellectuels pour la souveraineté (IPSO).





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juillet 2016

    Bravo Monsieur Paquette.
    J'ajoute.
    Le PQ n'a pu accéder au pouvoir majoritaire (non être reconduit, mais accéder) qu'en promettant un référendum. C'est ce qui a été fait en 76 et 94. Ca, c'est l'histoire! Le contraire ou l'ambiguité a été essayé et n'a jamais réussi.!
    En sus, le PQ n'a pu accéder au pouvoir majoritaire qu'avec un taux de participation supérieur à 80%. En 94, ce fut 82% et en 76, 85%. La promesse d'un référendum y est pour quelque chose. Ca, c'est l'histoire !
    Accéder au pouvoir majoritaire sans promesse de référendum serait donc un précédent unique.
    Si, malgré tout, cela se produisait, ce serait, à mon avis, néfaste pour l'idée d'indépendance.
    Alors, Monsieur Paquette, encore Bravo
    PS: Dicton connu: Ceux qui ne se souviennent pas de l'histoire sont condamnés à la répéter

  • Marcel Haché Répondre

    6 juillet 2016

    @ G. Paquette
    Les campagnes de peur au référendum que vous dénoncez ne sont pas les campagnes que vous croyez.
    Personne, il n’y a pas un seul électeur au Québec qui a peur d’un troisième référendum sur la souveraineté ou l’Indépendance du Québec.
    Ceux qui réclament un référendum n’ont pas peur du référendum, bien évidemment. Mais c’est une minorité de l’électorat. La majorité de l’électorat n’a pas davantage « peur » d’un référendum que la minorité simplement parce qu’elle se sait majoritaire et souveraine.
    Dans la dure réalité, incontournable, les campagnes « de peur » au référendum sont de minables rappels à l’ordre faits à l’électorat afin que la majorité ne se laisse pas distraire. Ce clisse de système, ce ne sont pas les libéraux qui vont s’en plaindre jamais…Faque… dès lors que les positions du gouvernement québécois apparaîtront vulnérables, il lui suffira de rappeler à l’ordre une majorité de l’électorat, elle forte et consciente de sa majorité, afin que se perpétue au profit du West Island et de la canadianisation en cours, le blocage débilitant du Québec. Selon son besoin et sa nécessité à lui, le West Island, toutes les élections pourront être référendaires : il sait déjà qu’il peut rappeler à l’ordre une majorité de l’électorat sur le thème du référendum.
    Se profile derrière ce clisse de système, qui bloque le Québec, (qui le bloque encore pour un temps mais pas pour toujours…) le fait que le P.Q. ne peut plus bénéficier de la règle de l’alternance. Et cela, c’est autrement plus grave que vous ne semblez le croire. C’est ça, un Québec bloqué : là où les winners et les loosers sont toujours les mêmes. Fait longtemps que le Québec est bloqué. Mais ce n’est pas sa destinée.
    Les deux dernières élections provinciales, non pas seulement la dernière comme vous y faites mention, tendent toutes les deux à démontrer que le P.Q. n’est plus, ou du moins qu’il tend à ne plus être l’alternative politique envers laquelle l’électorat a pu se retourner au cours des 40 dernières années. Dans ces conditions, assez détestables merci, il n’est même plus nécessaire d’organiser des campagnes « de peur » dès lors que la majorité peut être rappelée à l’ordre.
    Mais tous ces rappels à l’ordre ne pourront pas, ni jamais d’ailleurs, empêcher la majorité des québécois de se chercher quand même une alternative politique à la gang à Couillard, alternative qu’ils vont certainement, fatalement et éventuellement trouvée. De cela au moins vous pouvez en être sûr.
    Si le P.Q. ne présente pas comme l’alternative crédible, sans être complètement l’alternative désirée, parce que lui, parce que elle… ce qui l’intéresse, c’est tenir un référendum, faudra pas se surprendre que l’électorat lui montre le chemin de l’abattoir dès 2018. La Cause en serait-elle plus avancée pour autant, pour si peu ? Pour si peu, en effet : voyez comment le Brexit a divisé le Royaume-Uni pour très longtemps. Notre royaume à Nous est déjà divisé, et depuis déjà longtemps : 1980.
    Le blocage du Québec vient pour l’essentiel de ce que Nous sommes divisés. Si les indépendantistes ne s’attèlent pas à d’abord réunir la nation, qui le fera ? Qui le « fera » pour la libérer ? Pour Nous libérer de la canadianisation qui Nous accable.
    Pourquoi alors picosser l’Électorat, la nation, avec l’idée d’un référendum qui l’a déjà divisé en 1980 puis divisé durablement en 1995, si par ailleurs l’Électorat se sait parfaitement tranquille et capable d’empêcher qu’on le divise encore ?
    La vérité, de plus en plus accessible à l’électorat, sinon au mouvement indépendantiste lui-même, c’est que les référendistes québécois participent indirectement au blocage du Québec. (Qui sont alors les vrais démissionnaires ?) Mais c’est directement que l’électorat pourrait bien envoyer à l’abattoir, dans la plus parfaite indifférence, aussi bien les démissionnaires que les téméraires, les mous avec les caribous, et toute la Cause avec eux.
    Et cela pour si peu qu’un référendum ? Simonak et maudite misère…

  • Archives de Vigile Répondre

    5 juillet 2016

    Merci infiniment, monsieur Paquette, pour cette éclatante leçon de clarté dont devraient prendre note les opposant(e)s à Martine Ouellet et leurs partisans aveugles!
    En effet, TRÈS PEU des acteurs et sympathisant(e)s de la cause indépendantiste sont mieux placé(e)s que vous pour témoigner du fait que, hormis les élections de 1970, 1973 - où il était question de "souveraineté-association" et non pas d'indépendance - et 1994, JAMAIS le Parti québécois n'a fait campagne en vue de réaliser l'indépendance dans ce mandat. En effet, en 1976, 1981, 1985, 1989, 1998, 2003, 2007, 2008, 2012 et 2014, il n'a jamais été question d'autre chose que de promettre essentiellement un "bon gouvernement" provincial, avec l'option, à un moment ultérieur plus vague et contemplatif qu'autre chose, de devenir un pays en votant OUI à un référendum. À part l'élection de 1976 qui s'est avérée la première occasion du parti de "faire ses classes" en tant que gouvernement, toutes les élections suivantes ont été soit perdues, soit ont amené un désenchantement - pour ne pas dire une totale déception - à cause des limites inhérentes des pouvoirs que le statut de province nous confine.
    D'ailleurs, c'est précisément cette incohérence continuelle, depuis la fondation du parti en 1968, de ne solliciter qu'un mandat de simple alternance provinciale de gouvernement aux libéraux - donc, en acceptant, délibérément, de gouverner avec "une main attachée derrière le dos" - par peur de faire peur avec sa propre option qui a rendu sceptiques, voire cyniques, les Québécois(e)s vis-à-vis l'indépendance. Quand on croit au bien fondé d'une idée et en l'urgence de sa réalisation, on ne cherche pas à la cacher sous le boisseau ou à la faire passer par la porte d'en arrière! On l'assume entièrement et on refuse toute possibilité de gouverner sans les outils que procure cette option! Quitte à devoir occuper les banquettes de l'opposition à en poursuivre la pédagogie jusqu'à temps que la population nous charge de la réaliser!
    Mais on sait tou(te)s d'où tout est parti. Claude Morin, en 1973, a cru accélérer l'élection du PQ en le délestant du boulet que constituait, à ses yeux, la mission fondamentale du parti. Et, effectivement, il y est parvenu dès l'élection suivante, à la faveur de la volonté de se débarrasser du gouvernement de Robert Bourassa, en 1976. Mais la population n'était pas encore prête à rompre le lien fédéral et Pierre Elliott Trudeau avait autant de prestige et de crédibilité que René Lévesque à cette époque. Sans surprise, le référendum de 1980 a été perdu d'autant plus que l'option de la "souveraineté-association" impliquait l'existence de deux États indépendants au préalable et la volonté de négocier de l'autre partie.
    Si, depuis 1995, il est devenu clair que le Canada refusera toute possibilité d'association ou de partenariat avec le Québec à moins que les Québécois(e)s se soient d'abord dits OUI à eux-mêmes comme pays, le parti n'a toujours pas réglé le vice fondamental que constitue la séparation de la mission fondamentale du parti de l'exercice du pouvoir advenant son élection.
    Et on a vu que cet exercice du pouvoir, sans les moyens que lui aurait conféré le "coffre d'outils" de l'indépendance, a amené le PQ à poser les mêmes gestes désolants d'austérité que le PLQ avant lui. D'où l'impression généralisée pour les électeurs que PQ et PLQ, c'est bonnet blanc, blanc bonnet ou "quatre trente sous pour une piastre"!

  • Pierre Schneider Répondre

    5 juillet 2016

    Triste de constater cette mentalité du "hors du référendum, point de salut".
    Il faudrait, il me semble, commencer par reprendre le contrôle de notre État
    avant de nous jeter dans la gueule du loup fédéral.
    Le référendum-devenu une obsession et un synonyme de division- devrait à mon avis
    être la dernière étape du processus d'accession aux pleins pouvoirs du pays.
    Mais pour ce faire, on doit avoir un gouvernement indépendantiste qui ose défier l'illégitime constitution de 1982, cesse son approche purement légaliste d'acceptation
    du système, et sache poser des gestes d'État: Citoyenneté québécoise, constitution de type républicaine, etc.
    Personne ne propose cette simple méthode qui serait d'une efficacité redoutable.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    4 juillet 2016

    Monsieur Paquette, votre grande expérience transparaît ici:
    "Le Plan Ouellet 2018 est consacré principalement à la mobilisation de toutes les personnes et de toutes les organisations (partis, groupes et mouvements) qui appuient l’indépendance. Il vise l’élection, en octobre 2018, d’une majorité de députés s’engageant à réaliser l’indépendance dans les quatre années de leur mandat."
    "Il faut déconstruire les principaux arguments « dé-missionnaires »
    Votre précédente chronique (Défaite électorale appréhendée) (47 commentaires) vous a fouetté! Toute votre énergie, que le peuple ne sent pas toujours dans votre travail incessant dans l'ombre (Organisation pour l'Union des Indépendantistes) (OUI-Québec) depuis votre présence auprès de R.Lévesque, ressort ici dans ce plan inattaquable de 10 positions claires, qui auront aussi pour effet de fouetter le numéro 2 dans la course.
    M. Paquette, vous faites aussi la preuve que vous devez être "de cette majorité de députés s’engageant à réaliser l’indépendance dans les quatre années". Député vous le fûtes, Ministre d'autant plus, allumé vous le demeurez... et votre prestance sur une tribune, auprès de la diminutive candidate (soit dit sans méchanceté) ne peut qu'ajouter à la confiance de nous autres, les distraits. Sommes-nous nombreux à nous rappeler qu'à la dernière campagne du Bloc, vous avez encore croisé le fer bravement? ("votre bras sait porter l'épée", y'a un peu de nous là-dedans). Pour ceux qui l'auraient oublié, vous demeurez ministrable... et présidentiable.

  • Jean Lespérance Répondre

    3 juillet 2016

    Les gens sont désabusés parce qu'il n'y a pas un seul politicien ou une seule politicienne du PQ qui est capable de présenter un projet de société potable. On papote, tergiverse, paraphrase avec des plans dont on ne voit pas la fin. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. Et lorsque l'on exprime clairement, les gens n'ont pas à se casser la tête pour nous comprendre. En prenant le plus court chemin pour arriver à destination ou pour atteindre un objectif, on risque moins de se perdre en chemin.
    Quand je verrai quelqu'un ou quelqu'une attaquer le système bancaire, appuyer COMER et Marine Le Pen, on pourra lui faire confiance et on pourra aussi dire qu'il ou qu'elle est sur la bonne voie. Une politicien ou une politicienne qui n'est pas appuyé par aucun économiste n'est pas crédible. En attendant, on a le temps de se taper un somme.