Rien n’est joué, mais si j’étais un stratège libéral, je serais très inquiet.
Quand l’été s’installe, la majorité des électeurs a de moins en moins la tête à la politique.
À moins d’imprévus, il est donc peu probable de voir de grands mouvements dans les intentions de vote en juin ou juillet.
Puis, dès le mois d’août, le sprint sera lancé.
Déboires
Le budget Leitao n’a pas eu l’effet escompté. La bonne tenue de l’économie ne profite pas au PLQ.
Rien n’est plus indicatif de ses déboires que le nombre de députés et de ministres, beaucoup plus élevé que d’habitude, qui quittent le navire.
L’arrivée de Marguerite Blais à la CAQ est un coup fumant.
Sa notoriété tient plus à ses années de télévision qu’à son bilan politique, mais cela n’a guère d’importance : un parti doit montrer qu’il peut attirer des « vedettes ».
Le symbole est aussi puissant : alors que la CAQ (ou l’ADQ) se faisait souvent ravir ses ténors par le PLQ – Barrette, Anglade, Proulx –, c’est elle maintenant qui accueille un transfuge du PLQ, accentuant cette image d’hémorragie chez les libéraux.
Mme Blais adoucira l’image de droite de la CAQ et l’aidera auprès des électeurs âgés, qui votent massivement.
Ne pouvant brandir l’épouvantail référendaire face à la CAQ, le PLQ continuera d’agiter celui de la xénophobie.
Cela lui permettra de faire le plein du vote non francophone, mais cette carte n’est pas gagnante chez les francophones.
Les francophones qui pensent sérieusement que le parti de M. Legault est un ramassis d’infréquentables sur cette question habitent à Montréal et tendront à voter pour Québec solidaire.
Tant que le PLQ ne fait pas mieux que 20 % du vote chez les francophones, on voit difficilement quels sièges il pourrait remporter à l’extérieur de Montréal, de Laval et de l’Outaouais.
On imagine aussi mal M. Couillard réussissant à établir, au dernier moment, un authentique lien de sympathie avec les électeurs qui le voient aller depuis des années.
Polarisation ?
Historiquement, le PLQ jouit d’une prime à l’urne : le jour du vote, il fait mieux que ce que les sondeurs anticipent.
L’explication classique est que des électeurs qui ne veulent pas dire leur choix aux sondeurs votent PLQ pour contrer la menace « séparatiste ».
Cette crainte sera largement inopérante face à une CAQ résolument fédéraliste.
Le PLQ serait en meilleure position si un redressement du PQ venait diviser davantage le vote francophone, surtout dans le 450.
Mais le PQ piétine depuis un an et ne s’engagera pas, me dit-on, dans une critique du régime fédéral.
Cela risque donc de ressembler, de plus en plus, à une course à deux.
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