PKP : la paille et la poutre

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Le comportement choquant de La Presse

L’affaire Péladeau m’interpelle profondément, moi qui ai connu la mainmise de Power Corporation sur la salle de rédaction de La Presse dans les années 1967-70. Je faisais alors partie de l’exécutif syndical et du comité de négociations des journalistes.
Il faut dire qu’à partir de 1960 et des débuts de la Révolution tranquille, la salle des nouvelles en menait large. Il n’y avait quasiment aucun contrôle sur les chroniqueurs-vedettes à la tribune de La Presse, tant à Québec qu’à Ottawa. De plus la direction patronale était divisée.
Chef de la Division politique durant trois ans, un poste syndiqué, j’ai démissionné de mon propre chef en 1971, abandonnant un très bon salaire et un excellent fonds de pension, même au prix d’une crise familiale.
Je n’en pouvais plus des relations tumultueuses patronales-syndicales, ponctuées de grèves et de lock-out, consécutives au « take-over» absolu de M. Desmarais, via une direction dorénavant composée d’hommes-clés choisis pour leurs convictions fédéralistes.
Il ne faut pas oublier que la Charte de La Presse précise spécifiquement son orientation fédéraliste. À cette époque, seul l’éditorialiste Pierre Gravel avait le droit d’être nationaliste.
Je suis estomaqué de lire aujourd’hui la brochette d’éditorialistes et de chroniqueurs de La Presse, grassement payés pour combattre le mouvement souverainiste, s’acharner sur PKP, dont le discours menace l’édifice fédéraliste.
Avec La Presse d’aujourd’hui, propriété d’une famille milliardaire, c’est la paille et la poutre dès qu’il s’agit de l’avenir du Québec.
J’aimerais rappeler à mes lecteurs que c’est à La Presse en 1960 que j’ai fait mes débuts comme journaliste à Sherbrooke. Du temps du directeur Jean-Louis Gagnon le journal avait ouvert des bureaux régionaux et j’ai débuté ma carrière comme pigiste, à raison de 25$ par semaine durant mes études à la Faculté de Droit.
Fâcheusement pour moi, j’ignorais alors que le Doyen de la Faculté était aussi le conseiller juridique du quotidien La Tribune, Paul Desruisseaux. En novembre 1960, à quelques mois des examens de troisième et dernière année, le conseil de Faculté m’a imposé des conditions spéciales concernant le nombre d’examens de routine réussis.
En janvier 1961, j’ai reçu une lettre de renvoi pour avoir échoué un examen du samedi matin portant sur le droit public de l’Église, le droit canon, devenant du jour au lendemain journaliste à temps plein à La Presse.
Autant je suis très fier d’avoir débuté ma carrière au journal La Presse au début de la Révolution tranquille sous la gouverne de gens comme Jean-Louis Gagnon et Gérard Pelletier, lequel m’a aidé à écrire mon premier reportage d’enquête, autant je suis choqué de la servilité des chroniqueurs patentés actuels qui renoncent à toute liberté d’expression dès que la question nationale est soulevée.


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