Pire que la France!

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Mme Gagnon, l'époque où l'immigration était un moyen d'assurer la prospérité économique et il fallait dérouler le tapis rouge aux immigrants est révolue

Dans le feu du débat sur la charte, un élément fort troublant est passé inaperçu: saviez-vous qu'avec ce projet, le Québec est en train de dépasser la France? La France, qui s'est pourtant dotée de la législation antireligieuse la plus répressive en Occident?
Cette distinction peu enviable ira au Québec s'il n'en tient qu'au gouvernement Marois... mais veut-on vraiment que le Québec soit reconnu comme la société la plus intolérante du monde démocratique?
Comparons la législation française et le projet québécois au chapitre de l'interdiction des signes religieux.
En 2004, la France a interdit le «voile» (vaste catégorie qui va du léger foulard à la burka afghane) dans les écoles publiques primaires et secondaires. L'interdiction touche les élèves autant que les enseignantes. Les autres signes religieux sont également interdits, mais la loi visait essentiellement l'Islam.
En 2010, la France a interdit le port du voile intégral (niqab ou burka) dans l'espace public.
Voilà pour la législation française. On le voit, elle englobe beaucoup moins de domaines que le projet péquiste, dont le but ultime est d'interdire les signes religieux dans l'ensemble du secteur public et parapublic sans exception.
En France, la situation est évidemment plus complexe que ce que dit la loi. La jurisprudence issue des décisions des tribunaux rend pratiquement impossible l'accès d'une personne affichant un signe religieux à un poste dans la plupart des services publics, mais il reste bien des zones grises, les garderies par exemple.
La tentation d'en rajouter reste vive. Ainsi, le Haut Conseil à l'intégration (sic) vient de recommander l'exclusion du voile à l'université... une proposition incroyable à laquelle même Caroline Fourest, l'égérie française de la laïcité radicale, s'oppose parce que l'université doit être un «lieu de liberté». Le gouvernement Marois l'endosse pourtant sans vergogne: une fois échue la période de dérogation, nos universités passeraient à la moulinette!
Les lois punitives, en France, n'ont pour résultat que d'engendrer de la colère et du ressentiment, et de renforcer le sentiment d'aliénation des immigrés. La femme en niqab qui rentre tranquillement chez elle après avoir fait son marché représente-t-elle un danger public? Elle sera pourtant interpellée, et si elle résiste, menottée et traînée au commissariat, après quoi elle aura le choix entre une amende de 150 euros et un «stage de citoyenneté» !
Cette loi visant l'espace public, reçue comme une provocation pure et simple, a provoqué nombre d'échauffourées. La France avait-elle besoin de cela, après toutes les émeutes qui ont embrasé ses banlieues?
La loi contre le voile à l'école a-t-elle servi à faciliter l'intégration des jeunes musulmanes? Aucune preuve n'en a été faite.
Au contraire, la minorité musulmane française est sans doute celle où le sentiment d'exclusion est le plus fort en Europe, parce que la société française, avec ses codes et sa mentalité jacobine, est particulièrement hostile à la différence et à la diversité et, en raison de sa conception rigide de la laïcité, particulièrement inhospitalière aux immigrés qui sont incapables de s'assimiler rapidement.
Ne pensons qu'aux difficultés qu'éprouvent les jeunes d'origine magrébine et africaine (les hommes surtout) sur le marché du travail ou du logement, de même qu'au nombre infime de musulmans chez les édiles et les hauts fonctionnaires de la pléthorique administration française.
Les jeunes Français issus de l'immigration, sentant leur avenir bouché, sont d'ailleurs les premiers à vouloir émigrer au Québec!
En singeant la France - pire, en allant encore plus loin sur la voie de l'intransigeance législative -, le Québec s'apprête à emprunter un modèle non seulement étranger à l'Amérique du Nord, mais aussi un modèle qui a déjà fait la preuve de son inefficacité en rapport avec l'intégration des immigrants.


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