Dans un communiqué de presse publié par le Parti québécois dans la matinée de jeudi, le candidat péquiste Robin Philpot se défend d'avoir nié le génocide rwandais.
Voulant répondre à un article de La Presse qui le met en cause, Robin Philpot, candidat dans Saint-Henri-Sainte-Anne, s'est défendu en ces mots: « En aucun moment j'ai nié l'existence d'un génocide au Rwanda. Pour moi, le génocide rwandais figure parmi les grandes tragédies du 20e siècle ».
Le communiqué précise que le titre figurant à la une de La Presse de jeudi matin « ne reflète en rien les propos du candidat de Saint-Henri-Sainte-Anne. M. Philpot, qui a étudié la question rwandaise pendant plus de 10 ans, a toujours soutenu qu'il y a bel et bien eu des tueries massives au Rwanda. Jamais M. Philpot n'a remis en question le génocide qui a fait près de un million de morts dans ce pays d'Afrique centrale », continue le communiqué publié par le service de presse du Parti québécois.
Ce démenti fait suite à un article du quotidien montréalais qui rapporte jeudi qu'une association rwandaise dénonce la candidature de Robin Philpot qui, selon le journal, nie le génocide des Tutsis au Rwanda. L'association demande des explications à André Boisclair.
Dans un livre publié en 2003 et intitulé Ça ne s'est pas passé comme ça à Kigali, M. Philpot dénonce la version officielle voulant que 800 000 Rwandais, principalement des Tutsis, ont été victimes d'un génocide aux mains des milices Hutus.
En 2004, M. Philpot réaffirmait sa position en écrivant: « Je rejette catégoriquement l'utilisation abusive du terme génocide. » Interrogé cette semaine par La Presse, le candidat péquiste réitérait ses propos.
L'Association des parents et amis des victimes du génocide au Rwanda, un regroupement montréalais, déplore que le PQ ait accepté que M. Philpot soit candidat. En entrevue à La Presse, le président de l'association, Callixte Kabayiza, fait valoir son point de vue en disant: « on imagine mal que le PQ, ou tout autre parti, pourrait avoir dans ses rangs un candidat qui nierait l'Holocauste contre les juifs. » Il demande au chef péquiste André Boisclair de se prononcer sur les propos de son candidat.
Dans une lettre ouverte au quotidien montréalais, l'anthropologue Pierre Trudel, professeur au cégep du Vieux Montréal, demande lui aussi à M. Boisclair de se prononcer. Il veut que le chef péquiste dise s'il entend demander à son candidat de se rétracter ou s'il approuve ses propos. Il rappelle que plusieurs organisations internationales, dont l'ONU, ont reconnu le génocide et selon lui, le nier est « une insulte innommable. »
En entrevue au Réseau de l'information, M. Trudel a continué de dénoncer la position de M. Philpot. Il a indiqué que tout les faits étaient là pour qu'on puisse bien parler d'un génocide. À ses yeux, M. Philpot veut nier ce qui s'est passé en mélangeant les concepts de crimes contre l'humanité et de génocide.
Selon lui, quelqu'un qui nie le génocide au Rwanda pourrait s'apparenter à quelqu'un qui nie l'holocauste et c'est inacceptable.
Réactions de Boisclair
Interrogé, le chef du Parti québécois, André Boisclair, a réagi jeudi matin, se disant blessé par les propos de M. Philpot. Il n'avait alors pas encore parlé à son candidat, mais entend le faire au cours de la journée. Il prendra une décision par la suite, a-t-il indiqué aux journalistes.
André Boisclair
« Une chose doit être claire, il y a eu un génocide au Rwanda » a-t-il dit. M. Boisclair a rappelé que les tribunaux et organisations internationales avaient fait la preuve du génocide.
Il a aussi rappelé que l'Assemblée nationale avait adopté une motion reconnaissant le génocide.
Il a aussi souligné s'être rendu en Afrique avant le génocide et avoir pu voir lui-même la situation sur le terrain. Il a indiqué avoir vu des femmes victimes de viols et des gens mutilés par des coups de machettes.
Mario Dumont est surpris
En conférence de presse à Trois-Rivières, le chef de l'ADQ a lui aussi réagi aux propos du candidat péquiste de Saint-Henri-Sainte-Anne sur le génocide rwandais. Mario Dumont se dit surpris de cette prise de position, qui, dit-il, va à l'encontre d'un concensus international.
PQ - Génocide rwandais
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