Pères absents à l'ADQ

Améliorer la qualité de vie des familles et souhaiter que le Québec fasse plus d’enfants sont des objectifs que nous partageons. Nous déplorons cependant la su­renchère partisane qui se traduit par des mesures improvisées aux conséquences indésirables.

ADQ - congrès de mars 2008


Anachronisme à l’ADQ. Le parti consacrera son congrès à «façonner la modernité», mais il propose de faire porter uniquement par les femmes le poids de la conciliation travail-famille. C’est inconcevable en 2008. Le taux de natalité et la famille se porteront mieux au Québec si les pères se sentent aussi concernés.


Les familles sont l’objet d’une intense cour de la part des partis politiques au Québec. Soutien financier et places en garderie supplémentaires, mesures pour faciliter la conciliation travail-famille, congé parental bonifié : les formations ont compris qu’il fallait agir sur ce terrain pour séduire les électrices et les électeurs.
Améliorer la qualité de vie des familles et souhaiter que le Québec fasse plus d’enfants sont des objectifs que nous partageons. Nous déplorons cependant la su­renchère partisane qui se traduit par des mesures improvisées aux conséquences indésirables.
Accusée de vouloir ramener les mères à la maison avec sa proposition d’allouer 100 $ par semaine par enfant aux familles qui n’ont pas accès à des garderies à 7 $, l’ADQ tente de rajuster le tir. En congrès aujourd’hui et demain, le parti de Mario Dumont propose une politique familiale nataliste donnant 3 milliards $ de plus par année aux familles. Il veut aussi encourager les fem­mes à être davantage actives sur le marché du travail. Or voilà, il s’y prend fort mal.
Pour les adéquistes, la conciliation travail et famille est une affaire de mères. «Les femmes ont besoin de temps. Elles ont besoin de flexibilité dans l’organisation de leur temps de travail et elles ont besoin de temps pour leur famille», lit-on dans le document du congrès.
L’ADQ propose donc de mettre en place des incitatifs financiers pour les entreprises qui signeront avec leurs «employées» ayant des enfants de moins de
16 ans des ententes de flexibilité concernant la durée du travail. Elle suggère aussi d’offrir des bourses d’étude aux «femmes» dont la progéniture a moins de cinq ans.
À part d’être des géniteurs et des pourvoyeurs, à quoi servent les pères, selon l’ADQ? Le partage des tâches au sein de la famille semble être une notion leur échappant totalement. Il n’appartient pas qu’aux mères de concilier travail et famille, de prendre congé si le petit dernier a une otite et si une rencontre est prévue à l’école avec le plus grand. Les pères ont aussi cette responsabilité.
Hommes et femmes doivent pouvoir mener une carrière intéressante tout en s’occupant de leurs enfants. Les employeurs doivent accommoder les mères et les pères sans distinction de sexe, comme le ferait l’ADQ.
Diane Bellemare explique la position de l’ADQ par le fait que les mères sont aujourd’hui encore plus présentes que les pères auprès des enfants. Ce sont elles surtout qui récupèrent les petits à la garderie à 16h. Ce type d’argument n’est pas valable. Les mentalités et l’organisation du travail ne changeront jamais si un gouvernement ne donne pas une impulsion pour changer les comportements.
Le régime d’assurance parentale particulier introduit au Québec prouve que les pères jouent un rôle accru lorsqu’on les incite à le faire. Depuis 2006, les papas sont en effet deux fois plus nombreux à rester à la maison pour prendre soin de leur poupon. Cette implication du père doit se poursuivre au-delà du congé parental. C’est pourquoi l’ADQ doit aussi inclure les hommes dans sa politique.
L’ADQ, tout comme le PLQ et le PQ, doit veiller à ne pas devenir gaga devant les familles et faire la part des choses. Selon des démographes, les facteurs culturels, biologiques et sociaux sont les principaux déterminants de la natalité. La France et les États-Unis affichent un taux de fécondité similaire. Le premier pays soutient ses familles et l’autre non.


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