Péché d’accommodement

l'assimilation aux usages canadiens

Tribune libre

"Se mettre à oublier c’est déjà être perdu."
Colum McCann
Lors de leur visite au Québec, Ingrid Betancourt et le dalaï-lama ont tous deux vanté la démocratie canadienne et le multiculturalisme canadien. Personne n’a remis ces concepts en cause alors que tout le monde sait que le Canada a interféré dans les résultats du référendum de 1995 sur l’indépendance du Québec et que le multiculturalisme canadien n’est rien d’autre que la continuation de la politique d’assimilation culturelle des Français d’Amérique entreprise par les Anglais:

En vérité, je serais étonné si, dans les circonstances, les plus réfléchis des Canadiens français entretenaient à présent l'espoir de conserver leur nationalité. Quelques efforts qu'ils fassent, il est évident que l'assimilation aux usages anglais a déjà commencé. La langue anglaise gagne du terrain comme la langue des riches et de ceux qui distribuent les emplois aux travailleurs. Il apparut, par quelques réponses que reçut le commissaire de l'Enquête sur l'Instruction, qu'il y a à Québec dix fois plus d'enfants français qui apprennent l'anglais, que d'Anglais qui apprennent le français. Il s'écoulera beaucoup de temps, bien entendu, avant que le changement de langage s'étende à tout le peuple. La justice et la diplomatie demandent aussi que tant que le peuple continuera à faire usage de la langue française, le Gouvernement n'use pas, pour le forcer à se servir de la langue anglaise, des moyens qui, de fait, priveraient la masse du peuple de la protection du droit. Mais je répète qu'il faudrait commencer par changer tout de suite le caractère de la province, et poursuivre cette fin avec vigueur, mais non sans prudence que le premier objectif du plan quelconque qui sera adopté pour le gouvernement futur du Bas-Canada devrait être d'en faire une province anglaise ; et à cet effet que la suprématie ne soit jamais placée dans d'autres mains que celles des Anglais. (Lord Durham)

En ce 21ème siècle, le procédé demeure le même. On fait passer le français pour une langue complexée, sans statut, et on entretient le mythe que le «l’avenir du Québec ne peut s’écrire sans l’immigration», que «l’apport culturel et économique des personnes immigrantes contribue à garder la société québécoise bien vivante» alors qu’on utilise les immigrants pour angliciser le Québec et le rendre amnésique.
Demandez à un nouvel arrivant quelle est la langue officielle du Québec, il vous dira l’anglais et le français. Demandez-lui quelle est la capitale du Québec, il vous répondra Ottawa. Demandez-lui qui sont Chevalier de Lorimier, Pierre Falardeau, Pierre Bourgault, Gaston Miron, Michèle Lalonde, Clémence Desrochers, René Lévesque, ce que représente le 15 février 1839, ce qu’est l’Action de Grâces, la révolution tranquille, il écarquillera les yeux. Ces questions ne sont pas prévues à l’examen d’admission pour l’obtention de la citoyenneté canadienne.
La langue et le passé s’effacent.
Plutôt que d’exiger, pour se réajuster, un moratoire sur l’immigration, on convient qu’il nous faut, «dans le contexte du défi démographique que le Québec doit relever», augmenter le nombre d’immigrants et se plier à leurs lubies sexistes, religieuses, alimentaires, linguistiques, vestimentaires. On initie les jeunes aux grandes religions, on force sur l’anglais, on retire le jambon des menus, on ne se souhaite plus un joyeux Noël et les policiers apprennent à ne pas regarder les gens dans les yeux pour ne pas leur voler leur âme.
Dans la course à la mairie de Montréal, aucun des candidats n’évoque l’anglicisation de la ville, son taux de chômage, les frictions entre gangs, les heures de piscine réservées aux femmes. Ce qui retient l’attention, mis à part les nids de poule, est l’unilinguisme de Louise Harel laquelle, «with team», promet un «restart».
Dans quinze ans, vingt ans d’ici, nous ne parlerons plus notre langue. Nous n’aurons plus la mémoire de nos ancêtres. Notre Histoire sera une histoire parmi tant d’autres. Lors du Moulin à Paroles, sans doute rebaptisé, des textes en français seront lus mais compris de personne. Quelqu’un, à l’exemple de Ghislain Picard, dira (en anglais): «Notre seul péché aura été de consentir à quelques accommodements raisonnables» et sera applaudi.

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Caroline Moreno476 articles

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Château de banlieue

Mieux vaut en rire que d'en pleurer !


Chapitre 1
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Chapitre 2
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Chapitre 3
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8 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    15 octobre 2009

    Eh ben voilà que monsieur Labrie traverse le miroir: Pour les Vigiliens, pas d'accès aux grands médias! Persona non grata!
    C'est le lot d'une communauté minorisée, condamnée. Nous sommes réduits au niveau de Réserve: on n'a plus à tenir compte de nous en public. Comme les Algonguins de Val d'Or, nous sommes ignorés parce que devenus "insignifiants" aux yeux de l'occupant. Comme en Louisiane on nous tendra l'aumône seulement quand nous aurons appris le langage politique des Maîtres.
    Pourquoi croyez-vous que nos descendants font des affaires dans la langue dite "des affaires"? Pourquoi croyez-vous qu'ils s'affichent "multiculturels", une minorité parmi les autres?
    Passent les civilisations, passent les cultures, les langues.

  • Réjean Labrie Répondre

    14 octobre 2009

    Les gens de Tribune Libre devraient tenter d'accéder aux médias pour faire valoir ce point de vue qui reflète celui de la majorité des nôtres.
    Réjean Labrie de Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 octobre 2009

    Erratum:
    C'est 275 000 et non 250 000 immigrants que le Québec propose de faire
    venir au Québec pour les 5 prochaines années. 25 000 immigrants de plus, c'est
    presque l'équivalent de la population d'une ville comme Rouyn-Noranda dans le nord-
    ouest québécois. Merci
    André Gignac 12-10-09

  • Archives de Vigile Répondre

    12 octobre 2009

    Très bon article comme toujours et j'ai bien apprécié votre citation de Lord Durham
    sûrement l'idole de Charest. Il est certain que dans le contexte d'un pays normal qui
    peut contrôler son immigration que l'apport migratoire est un enrichissement collectif
    mais dans notre cas, ici au Québec, le contrôle de notre immigration nous échappe et
    nous sommes à la merci du gouvernement fédéral et de ses collabos à Québec.
    À chaque grande poussée nationaliste québécoise, le gouvernement fédéral a toujours
    fait venir un grand nombre d'immigrants pour nous diluer, pour réduire la majorité
    francophone majoritaire au Québec afin de nous empêcher de faire l'indépendance.
    Rappelez-vous aussi les manigances du fédéral en 1995 avec le vote des immigrants
    nouvellement arrivés au pays qui ont pu voter au dernier référendum même s'ils
    n'avaient pas encore complété leur période de probation.
    Le gouvernement des assimilateurs à Charest pousse les nouveaux immigrants
    nouvellement arrivés au Québec à s'assimiler à la minorité anglophone du Québec
    en ne faisant plus respecter la loi 101, c'est le laxisme total actuellement! La venue de 250 000
    immigrants pour les 5 prochaines années, c'est démesuré et suicidaire pour notre nation québécoise. Dans le contexte actuel, je dis que nous sommes victimes d'un
    génocide et que nous devrions faire comme les Amérindiens et porter notre cause
    auprès des Nations Unies. Ceci ternirait l'image du Canada sur le plan international,
    je vous l'assure.
    Sur le plan intérieur, il va falloir que le PQ et le BLOC crèvent le tabou sur la langue
    et l'immigration au Québec afin que nous sachions une fois pour tout s'ils sont
    vraiment sincères à vouloir créer un pays avec le Québec ou s'ils veulent
    simplement un statu quo amélioré avec le gouvernement fédéral. À regarder le PQ
    empêtré dans son immobilisme au sujet de notre langue qui est menacée à Montréal,
    je doute que ce parti veuille vraiment faire l'indépendance du Québec.Ils nous
    donnent l'impression, le PQ et le Bloc, d'ëtre des collabos du système fédéral. Ils ne
    jouent pas franc jeu et je comprends la population québécoise d'avoir une certaine
    réserve face à eux en ce qui a trait à la question de l'indépendance. Leur plan, à cet
    effet, n'a jamais été bien clair. Chat échaudé craint l'eau froide!
    Pour terminer, ce que nous vivons présentement au Québec, c'est une question de
    vie ou de mort pour notre nation! Donc, avertissons les Nations Unies que nous
    sommes victimes d'un génocide de la part du gouvernement fédéral canadien et des
    collabos de John James Charest à Québec. Vive le Québec libre!
    André Gignac 12-10-09

  • Marcel Haché Répondre

    11 octobre 2009

    Les libéraux ne veulent parler d’immigration que sous l’angle des accommodements. Bien trop lâches pour parler des coûts !
    En suivant les libéraux sur ce terrain, et sans que cela ne lui apporte un maudit vote, le P.Q.se tire dans le pied. Cela permet au gouvernement le plus multiculturaliste que le Québec n’a jamais connu, d’y aller avec la plus habile propagande, la plus ruineuse, mais aussi la plus singulière de tout l’Occident.
    À cet égard, les libéraux ont un allié objectif silencieux: les altermondialistes de Québec Solidaire.
    Enfin, un gouvernement qui n’est pas souverain, qui ne contrôle pas en aval sa citoyenneté, ni en amont ses finances, se permet de promouvoir une immigration débridée, supposément sélectionnée, sans jamais l’avoir justifiée.
    Et Nous tolérons.

  • France Bonneau Répondre

    11 octobre 2009

    Chère Caroline,
    Ton texte est si vrai et si pertinent!
    Il faut dire et redire ces faits, cette réalité. Trop peu de gens en ont conscience.
    Nous enseignons toutes les deux la français aux immigrants et ce que tu dénonces, nous le constatons régulièrement. Je corrobore ta dénoncitaion.
    France

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2009

    «l’apport culturel et économique des personnes immigrantes contribue à garder la société québécoise bien vivante »
    Je défie quiconque de me sortir une seule étude montrant que la nouvelle immigration a enrichi le Québec (et le Canada) depuis 20 ans. Au contraire, tout ce qu'on a comme études, de Stats Can à la Banque TD, en passant par l'Institut Fraser et le Ministère de l'Immigration, va dans le sens contraire. Ce qui nous ramène à la question de fond: pourquoi le Québec accueille-t-il autant d'immigrants (en fait 2 fois plus, per capita, que les USA)

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    10 octobre 2009

    Mme Moreno,
    Pour appuyer votre exposé pertinent aux vicieuses techniques d'assimilation, poursuivies depuis Durham, je ramène ici un commentaire que je soumettais sous "Le silence des médias". La vitesse effrénée de rotation des articles nous oblige maintenant à cette mesure pour s'assurer une visibilité:
    La même malhonnêteté médiatique à chaque élection fédérale. Cacher ce Bloc qui bloque le Canada. Créé pour protester contre Meech, le Bloc Québécois fait la preuve auprès des Canadians qu’ils doivent tenir compte de nous pour se donner un gouvernement fonctionnel. Dès que nous votons Bloc en bloc, gouvernement minoritaire, paralysie.
    Il leur faut détruire le Bloc. Ils ont essayé le discrédit, l’illégitimité, avec les services mensongers du « sénateur » Fortier : échec. Ils ont essayé d’en couper le financement, ils l’ignorent crapuleusement dans les sondages pour toujours manipuler l’électorat : vont encore se river à notre vote Bloc en bloc, que nous utilisons comme béquille… mais jusqu’à quand ?
    Bientôt les nouvelles circonscriptions électorales canadian réussiront à nous minoriser au point que nous disparaîtrons du paysage, pas seulement des sondages. Auront d’abord siphonné nos impôts, nos économies, nos revenus jusque dans les richesses naturelles jusqu’à pouvoir se passer de nos votes : nous voilà réduits au statut de Réserve. Comme chez les Algonquins du parc La Vérendrye, on passera devant nos cabanes sans électricité ni eau courante sans même nous remarquer… Nos enfants seront peut-être recueillis par une communauté religieuse pour… enfin quoi ?…
    Nation qui a laissé mourir ses médias de communication ! Nation ignorante de son sort ! La désinformation fait de nous un peuple imbécile heureux !
    Décrochage des garçons ? Contents de petits boulots. Déséquilibre social ? Appauvrissement. Indifférence citoyenne. Délinquance. Misère familiale, frustration entre sexes, assassinats : cercle vicieux.
    Et nous sommes si rares à nous rendre compte de ce génocide que nous n’avons plus le minimum requis pour réagir, se regarder, s’unir et voter pour expulser de notre territoire ce conquérant sanguinaire. Nous aurions même voulu célébrer ses 250 ans d’occupation. Ce mot qui fait ricaner les mercenaires béats comme Patrick Lagacé : « Le Militant » 6 octobre dans la Presse gescaïenne de l’INDIRECT RULE canado-britannique : gouverner un peuple conquis par l’intermédiaire de gestionnaires issus du peuple et dévoyés.